Francis Gillot et l'AJ Auxerre, c'est déjà terminé. Moins de six mois après l'arrivée du technicien nordiste, les deux parties ont annoncé la résiliation du contrat qui les liait, en raison de l'inquiétante 16e place occupée par les Icaunais. Les Bourguignons vont devoir se relever sans l'ancien entraîneur de Bordeaux et de Sochaux. En attendant la nomination d'un nouveau coach, l'interim sera assuré par David Carré et Lionel Mathis, le duo officiant à la tête de la réserve (Nationale 3).
La fin ne faisait plus aucun mystère ces derniers jours. Devant une équipe en manque de caractère et de réaction, le sort de Francis Gillot semblait plié. Tout juste avait-on accordé à l'entraîneur un ultime sursis - la réception de Châteauroux vendredi - comme pour se prouver une dernière fois que l'aventure ne pouvait se poursuivre et que les manques étaient bien trop criants. "La passivité du coach commençait à trop se voir et à agacer, confie-t-on en interne. On le sentait clairement démotivé dans la mission qui lui avait été confiée et qui ne se passait pas comme il le souhaitait." "Une équipe ressemble à son entraîneur, explique également ironiquement un proche d'un joueur. L'équipe semblait aussi amorphe sur certains matches que son entraîneur qui n'est jamais parvenu à insuffler l'état d'esprit nécessaire. A partir du moment où il a vu que l'objectif de se battre pour la montée ne serait pas atteignable, il a donné le sentiment de baisser les bras."
Aujourd'hui, l'AJA est loin de ses objectifs premiers. Celui de viser le haut du tableau avec, en cas de bonne surprise comme aimaient le répéter les dirigeants, une possible montée. "On a essayé de mettre des bases solides. On a mis un vrai directeur sportif, un coach qui n’est pas venu que pour rester en L2, qui a pour ambition de retrouver la L1, et un recrutement avec de la qualité tout en ayant des joueurs sur le long terme qui étaient prêtés la saison passée et qu’on a réellement recrutés cette année (Yattara, Touré et Sané, ndlr). On va voir le rebond dès cette année", pronostiquait Francis Graille fin juillet dans notre reportage.
Le recrutement, justement, a cristallisé certaines tensions au sein du club. Dès les premiers matches de la saison, Francis Gillot, qui souhaitait mettre en place un 4-4-2, s'est aperçu qu'il lui manquait un attaquant à aligner aux côtés de Mohamed Yattara, son capitaine. Ni Pape Sané, ni Florian Ayé ne semblaient trouver grâce aux yeux du technicien. Le club a alors misé sur le Slovène Ivan Firer. Un choix qui a laissé l'entraîneur perplexe, lui qui espérait un vrai numéro 9 avec certaines références.
Le coach avait d'ailleurs prévenu dès cet été : "Les gens sont impatients. Dans les douze recrues, il y aura des garçons qui vont moins bien marcher, il y aura des échecs, donc il faudra ajuster la saison prochaine." Plusieurs recrues ne se sont en effet pas imposées, de Youssouf à Pape Sané, en passant par Firer. Les essais tactiques tardifs de Gillot (du 4-4-2 au 4-2-3-1 en passant par le 3-5-2) n'ont pas permis d'inverser la tendance pour un groupe déjà marqué par l'épisode du Paris FC. Lors de la rencontre à Charléty le 25 août dernier, et après la 4e défaite en 5 rencontres de Ligue 2, l'entraîneur icaunais avait annoncé sa démission avec fracas, avant de filer dans le bus du club stationné sur le parking. Il y avait attendu ses joueurs plus d'une heure, tandis que son adjoint, Alain Bénédet, avec un certain retard, avait assuré face aux medias en conférence de presse d'après match. Certains joueurs avaient été touchés par une telle prise de position alors que la saison ne faisait que commencer.
"Au quotidien, à partir du moment où les choses ne se faisaient pas comme je les voyais, notamment dans le jeu, je préfère laisser la place à quelqu'un qui trouvera peut-être les solutions", a expliqué Francis Gillot samedi après l'annonce de son départ, dans des propos relayés par L'Yonne Républicaine. Venu avec l'envie de jouer un jeu attractif, Gillot s'est en effet heurté à la réalité de la Ligue 2, des rencontres physiques et des nombreux duels. L'analyse du désormais ex-entraîneur de l'AJA interroge sur le timing de l'annonce de son départ. En interne, plusieurs employés du club s'attendaient à ce départ depuis plusieurs semaines, face à l'attitude passive du technicien au quotidien. "C'était sans doute le bon moment", a déclaré Francis Graille, le président auxerrois au micro de France Bleu Auxerre samedi. Reste à voir si cette décision n'a pas été prise de manière trop tardive. Au risque de voir un club avec un budget de 20 millions d'euros cette saison plonger encore un peu plus bas après avoir consommé son sixième entraîneur depuis sa descente en Ligue 2.