"La Ligue des talents", voici comment la LFP présente la Ligue 1 avec un slogan évocateur. Et pour cause, le championnat de France est aujourd'hui un excellent vivier pour les meilleurs clubs européens qui viennent récupérer énormément de joueurs de talent en France. Dans une interview accordée à 'France Football', Claude Puel a livré son regard sur la Ligue 1 et la considère, à juste titre, comme le centre de formation de l'Europe.
"La Ligue 1 est devenue un laboratoire, un centre de formation pour les quatre championnats qui se situent au-dessus du nôtre, l'Angleterre, l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie. Maintenant, il ne faut pas être trop dur non plus. Dans une économie qui a changé et où, à l'exception de Paris et un peu de Lyon, aucune équipe n'est capable aujourd'hui de conserver une ossature pendant deux ou trois saisons, de garder ses meilleurs joueurs et de retenir longtemps ses talents, on a simplement ce qu'on peut avoir et ce qu'on mérite. On est dans l'urgence permanente, à commencer par les entraîneurs. Et on voudrait voir des matches aboutis tous les week-ends ? Restons sérieux...", a expliqué le technicien français.
L'ancien entraîneur de Nice, Lyon et Lille a pointé les failles de la formation française : "Contrairement à d'autres pays, on a la chance de pouvoir former différents profils de footballeur. Il n'est pas interdit d'avoir des joueurs puissants et rapides, qui poussent leur ballon et font des différences individuelles. Mais si on travaillait davantage la technique, l'anticipation ou la lecture du jeu, je suis sûr qu'on pourrait prendre de l'avance sur tous les autres. C'est dommage et je ne me satisfais pas de cette situation. Même si on est le pays champion du monde...".
Claude Puel considère que certaines équipes sont incohérentes dans leur manière de penser et de jouer : "On ne peut pas prendre des joueurs à dominante physique, qui ont du mal à réussir un bon contrôle, une bonne passe, un bon décalage, une bonne frappe, ou simplement qui ne possèdent pas la bonne gestuelle devant le but ou dans les vingt derniers mètres, et espérer développer du jeu. C'est une simple question de bon sens et de cohérence. Combien de fois je vois des situations où une équipe a réussi à déséquilibrer son adversaire sans pouvoir ensuite marquer ni même se créer une occasion, parce qu'elle ne parvient pas à exploiter la situation, parce qu'elle n'a pas la qualité de centre, de déplacement ou de passe dans le bon tempo ? On en revient toujours là : la technique, la créativité et l'intelligence de jeu n'ont pas de prix".
Enfin, l'entraîneur de l'ASSE a évoqué ses ambitions : "Qu'est-ce qui m'intéresse ? Essayer de challenger les grosses équipes avec des moyens différents et avec certains profils, techniques, pas terminer au milieu du classement avec du jeu direct et un football de combat. Trouver les joueurs pour accompagner le développement du club et les amener à maturité, comme je l'ai fait à Lille et à Nice, et comme j'avais commencé à le faire aussi à Leicester en deux mercatos, le premier pour réduire l'effectif, le deuxième pour prendre des joueurs techniques à chaque poste. C'est la même idée et la même logique avec Saint-Etienne. Je ne m'arrête pas aux difficultés actuelles et je sais que le défi et l'exigence sont énormes. Mais j'aimerais bien que cette équipe joue la Ligue des champions dans cinq ans. Même si je ne suis plus là et que je n'en profite pas".