Nouvel entraîneur des Girondins de Bordeaux depuis samedi soir, Gustavo Poyet a entraîné par le passé en Angleterre, en Espagne et en Chine. De quoi se faire une idée de son style de jeu, de son management, des difficultés qu'il a pu rencontrer et de ses qualités en tant que coach sans oublier sa relation avec la presse. 'Goal' a fait appel à trois de ses journalistes pour dresser le profil du successeur de Jocelyn Gourvennec.
Brighton et Sunderland (Patrick Gleeson - Journaliste Goal UK)
"Poyet est arrivé à Brighton en 2009 alors que le club évoluait en League One (D3) et a entrepris de changer la structure entière du club d'un point de vue du jeu. Il a mis en place son approche [presque inconnue à ce niveau à l'époque] en insérant plusieurs jeunes joueurs à l'équipe première et a eu beaucoup de succès. Il a mené Brighton au titre de la League One 2010-11 en pratiquant l'un des meilleurs football que le club ait connu.
Il a dirigé le club lors de la première saison dans son nouveau stade, tant attendu. Brighton a terminé 10e lors de sa première saison en deuxième division puis 4e en 2012-13. Ils ont affronté les rivaux de Crystal Palace en demi-finales des playoffs et ont poussé pour la promotion en Premier League. Ils ont perdu la deuxième manche et Poyet a été limogé peu de temps après.
Tout au long de son séjour à Brighton, Poyet s'est mis en avant pour de plus gros travaux, ne cachant pas son désir à long terme d'être l'entraîneur de Chelsea. Il a flirté avec presque tous les rôles managériaux vacants dont il a été question, avec comme exemples ceux de Swansea, Leeds et Reading. Il a exprimé le désir de rejoindre Albion lors des barrages en 2012-2013. Ses actions ont frustré du monde et après la défaite contre Palace [et un incident qui s'est produit avant le match dans lequel des excréments ont été trouvés dans le vestiaire des visiteurs] il a quitté le club. La nouvelle a été annoncée à Poyet alors qu'il était en direct à la télévision en tant que consultant, bien que le club a prétendu qu'il lui avait dit au préalable.
Il a construit ses équipes avec des joueurs moyens et les a moulés à son système, tout en brisant les records de transferts du club sur des attaquants ratés. On en veut pour preuve, Craig Mackail-Smith, qui était terrible à Brighton malgré une grosse somme d'argent dépensée pour son arrivée. Poyet a convaincu Vicente Rodriguez de rejoindre le club, mais l'ancienne star de Valence l'a qualifié de pire manager avec lequel il n'ait jamais travaillé après avoir joué un rôle dans le club.
Les fans de Brighton tiennent toujours Poyet en haute estime pour avoir transformé le club mais ont été frustrés par la façon dont il l'a quitté.
L'histoire est similaire à Sunderland. Disons que ça a bien commencé mais ça a mal tourné à la fin. Poyet a connu un premier succès à Sunderland, il a emmené l'équipe en finale de la Coupe de la Ligue lors de sa première saison et a maintenu le club en Premier League après un horrible début de la saison sous Di Canio/Ball. Les choses se sont détériorées et Poyet a manqué d'idées en 2014-15. Les supporters en ont eu marre de son football lent et ennuyeux, et de ses excuses aux médias. Au final, il a été limogé dans la lutte pour le maintien."
Shangai Shenhua (Zhicheng Hu - Journaliste Goal Chine)
"Il y a beaucoup de choses que Gus Poyet ne pouvait pas faire après avoir pris le contrôle du Shanghai Shenhua à l'hiver 2016.
Il ne pouvait pas demander plus d'efforts à un Carlos Tevez vieillissant et décevant. Il ne pouvait pas arrêter le malaise et la tristesse qui ont longtemps entouré le club. Il ne pouvait pas proposer un plan tactique pour empêcher son équipe d'être systématiquement écrasée dans son propre jardin. Et finalement, il n'a pas pu arrêter la spirale descendante du club.
Les joueurs ne l'ont jamais réellement suivi et ça l'a condamné dès le départ. Ses résultats à Shenhua étaient épouvantables. Six victoires, six nuls et onze défaites en 23 matches, une forme de relégation. La confiance était faible comme le style. La formation et la personnalité de l'équipe manquaient de clarté. Il fallait changer quelque chose et il était devenu évident que Poyet n'était pas l'homme qu'il fallait pour changer les choses.
Le président de Shenhua Wu Xiaohui et le directeur général adjoint Zhou Jun ont inexplicablement surestimé les capacités d'un homme qui avait été limogé par Sunderland, Brighton et le Bétis. Certains emplois d'entraîneur sont si difficiles que même leur échec épique reflète plus sur l'état du club plutôt que sur les échecs de l'entraîneur impuissant. Gus Poyet au Shanghai Shenhua en est un exemple majeur."
Bétis Séville (Luis Herrera - Journaliste Goal Espagne)
"Poyet a eu une courte période en tant qu'entraîneur du Bétis, n'ayant que 11 matches de championnat, qu'il décrira comme 'la pire expérience [qu'il a] vécue'.
Le club a investi 20 millions d'euros dans plusieurs transferts, ne vendant que N'Diaye pour 8 M€ et laissant partir beaucoup de joueurs à la fin de leurs contrats, mais la plupart des meilleurs signatures (Pablo Sanabria, Felipe Gutiérrez, Jonas Martin ...) ont échoué à devenir des joueurs clés pour l'équipe. Avant le début de la saison, Poyet a dit qu'il s'attendait à ce que son équipe se batte entre la 8e et la 12e place, ce qui était loin des attentes des fans, et la façon de parler directe et parfois conflictuelle de Poyet l'a mis en porte-à-faux avec la presse locale et les supporters.
Les mauvais résultats de l'équipe en début de saison et le fait qu'il n'ait pas offert à Dani Ceballos, alors âgé de 20 ans, de nombreuses opportunités [alors qu'il avait déjà été titulaire lors des deux saisons précédentes] ont accentué la pression sur Poyet. En fin de compte, le Conseil d'Administration a choisi de le limoger pendant la trêve internationale de novembre. Ainsi, il aura eu 3 victoires, 2 nuls et 6 matches perdus en tant qu'entraîneur du Bétis."