Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Contraint à rester dans l'ombre depuis son arrivée à Rennes, Brandon Thomas Llamas (22 ans) a profité des blessures de Firmin Mubele et Ismaïla Sarr pour connaître son baptème du feu en Ligue 1, samedi dernier à Montpellier (0-1), offrant le but de la victoire à son équipe trois jours seulement après avoir délivré sa première passe décisive en Coupe de la Ligue. Une réussite qui ferait presque regretter de ne pas l'avoir vu plus tôt. "C’est un pari, rappelait Christian Gourcuff mercredi. Il était à Majorque, en Ligue 2 espagnole. On n’avait pas de certitudes." Fin septembre, avant la réception de Caen (0-1), l'entraîneur rennais, à l'origine de sa venue, évoquait "un problème d'adaptation" et les premières apparitions de Brandon avec l'équipe réserve allaient dans ce sens. Certaines personnes au club ne cachaient d'ailleurs plus leur scepticisme le concernant.
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Mais à force de travail, d'abnégation, et avec la réussite nécessaire liée aux absences, la porte a fini par s'ouvrir. "Mentalement, il n’a pas lâché. On a vu que l’envoyer en N2 ne servait pas, donc il est resté avec nous à s’entraîner", expliquait Christian Gourcuff, satisfait du comportement de son attaquant malgré le peu de temps de jeu qui s'offrait à lui : "Il est comme ces jeunes, qui n’étaient pas responsables du début de saison, et ont donc apporté cette fraicheur. C’est bien qu’il nous permette de prendre des points, et c'est aussi bien pour sa confiance."
Un profil différent et beaucoup de générosité
À l'image de James Lea Siliki (21 ans), titulaire également à Dijon et Montpellier, Brandon a su saisir sa chance, apportant autre chose à la pointe de l'attaque rennaise, que les déroutants Sarr et Mubele. "On le voit peut-être moins, mais il court aussi énormément, il presse beaucoup. Peut-être a-t-il besoin de repères pour faire ses appels en profondeur, mais on le trouve assez facilement entre les lignes", commentait Benjamin André, le capitaine rennais, soutenu par Christian Gourcuff, qui pointait du doigt la "générosité" et la "gnac" de son joueur. "Samedi à Montpellier, Hunou a fait 13 km, Brandon 11 km. Avoir deux attaquants qui harcèlent, qui sont toujours en mouvement, c’est intéressant", ajoutait le technicien, osant également la comparaison avec Sarr, qui ne devrait être de retour qu'en janvier. "Sarr, lui, apporte ette insécurité chez les défenses adverses, ce qui libère des espaces", expliquait-il, justement.
L'arrivée d'un joker, un temps évoquée à Rennes, n'est plus d'actualité. Recruté pour 3 millions d'euros, Brandon est devenu une alternative crédible et les rumeurs sur son mal-être, en charge de ses intérêts, semblent déjà loin. Dans son entourage, on confirme qu'il a tout mis en œuvre pour se rendre la vie plus agréable, apprenant le Français à raison de deux cours par semaines. "Plus il jouera, plus il sera libéré", précisait par ailleurs Benjamin André. Mais avec le retour de Firmin Mubele, qui devrait tenir sa place vendredi contre Bordeaux, il faudra peut-être attendre encore un petit peu avant de le voir débuter comme titulaire au Roazhon Park. À moins que le Congolais ne glisse sur le côté...