Blessé en fin de saison dernière, avant que Châteauroux ne valide sa montée en Ligue 2, Razak Boukari (30 ans) a fait sa première apparition au Havre (1-1), le 20 octobre dernier. Entré en jeu pour quatre minutes, l'attaquant castelroussin retrouve peu à peu ses sensations, après avoir subi une nouvelle opération avant le début de la saison. Ce lundi, il affronte le RC Lens, son ancien club (2006-2011). Un rendez-vous forcément particulier pour celui qui a découvert l'élite avec les Sang et Or.
Vous voilà de retour sur les terrains, le temps a dû vous sembler long...
Oui et non. C'est sûr que j'avais très envie de démarrer le championnat. Je restais sur une fin de saison un peu compliquée. L'année dernière, on jouait la montée et je me suis blessé sur les derniers matches. J'ai repris avec le groupe cet été, mais j'avais toujours mal donc on a décidé d'opérer. On a pris le temps qu'il fallait et maintenant on va dire qu'on fait le nécessaire pour que je puisse démarrer ma saison au mieux.
La décision de vous opérer a été prise tardivement, comment avez-vous réagi quand on vous l'a annoncé ?
Dans ma tête, je me suis dit qu'on aurait pu faire ça plus tôt. Si on avait opéré tout de suite, peut-être que j'aurais repris l'entraînement normalement et que j'aurais démarré la saison, mais c'est comme ça... J'ai connu des blessures plus importantes dans ma carrière, et mentalement je suis prêt.
En Angleterre ou à Sochaux, les blessures ne vous ont pas lâché. L'histoire se répète à Châteauroux, comment l'expliquez-vous ?
Franchement, je ne sais pas. Je n'ai rien changé dans mon style de vie. Je pense faire tout ce qu'il faut pour être en forme. Si c'est de la malchance, et bah tant pis. Mais c'est vraiment difficile à expliquer.
Y'a-t-il des moments où vous avez pensé à tout envoyer balader ?
Ah oui ! En Angleterre, c'était très difficile. Déjà la première année, je pense que ma blessure au mollet a été mal gérée. Ensuite, il y a eu toutes ces déchirures à Sochaux, au niveau des ischios. Je suis revenu, je me suis blessé une bonne fois pour toute. J'en ai eu pour 7-8 mois. J'ai fait une grosse préparation et dès le premier match de championnat un mec m'a écrasé le genou. Je n'ai même pas eu le temps de savourer mon retour qu'on m'avait déjà renvoyé à l'infirmerie. Cette fois-ci, j'en ai eu pour 14 mois, facile, avant de rejouer. Après ça, franchement, il y a eu des moments où je me suis dit que j'allais arrêter parce que je ne voyais pas le bout du tunnel.
"Encore loin de pouvoir débuter un match" C'est le genre de situation qui pèse, en plus, sur la vie personnelle et familiale...
Heureusement que j'avais ma famille derrière. C'est ça qui a fait que j'ai pu tenir. Si j'avais été célibataire, je pense que j'aurais arrêté.
En voulez-vous à quelqu'un en particulier ?
À qui je peux en vouloir ? Si on commence à cogiter comme ça, on n'en a pas fini. Aujourd'hui, je fais tout pour revenir en forme. Chaque moment passé sur un terrain, je le savoure. Ça a toujours été le cas et je mets tout en œuvre pour que ça dure le plus longtemps possible.
Quelles sont vos sensations une semaine après avoir disputé vos premières minutes de la saison ?
Elles sont bonnes, mais je suis encore loin de pouvoir débuter un match. Je n'ai pas eu de temps de jeu avec la réserve, le coach m'a pris directement dans le groupe. Il va me falloir quelques matches avant de retrouver la forme. La compétition, ce n'est pas les entraînements, et si déjà je peux apporter à l'équipe en entrant en fin de match, ce sera bien. Le jour où je me sentirai à 100%, je pourrai alors postuler à une place de titulaire.
Le fait que Jean-Luc Vasseur compte sur vous malgré que vous ne soyez pas à 100% doit vous faire du bien au moral...
Bien sûr ! Le coach était même optimiste pour me mettre dans le groupe contre Reims (13/10), mais après en avoir discuté avec le staff technique et le staff médical, on a pensé que c'était petit peu tôt. Je connais mon importance au niveau du groupe. Je fais partie des joueurs les plus expérimentés, j'ai prolongé (jusqu'en 2020, ndlr). Mon avenir est ici et je suis là pour aider l'équipe à l'atteindre l'objectif : se maintenir cette saison.
"Des émotions fortes au RC Lens" On connaît votre attachement pour Châteauroux, mais à votre arrivée le club était en National. À quel moment vous êtes-vous dit qu'un retour à ce niveau serait préférable ?
Ça n'a pas été simple. J'arrivais en fin de contrat à Wolverhampton, je sortais d'une blessure au tendon rotulien. Au mois de juin, je n'étais pas prêt, il faut bien le dire. J'ai eu des clubs au téléphone, mais le discours était souvent le même. Ils ne savaient pas si mon corps allait tenir. Pour moi, ce n'était pas une question d'argent. J'étais prêt à faire des efforts, mais au bout d'un moment, j'en ai eu marre d'attendre. Je n'avais pas de certitudes et il était impossible que je sois performant d'entrée. Certains de mes amis m'ont dit de ne pas aller en National, j'ai pris ma décision. Je suis revenu à Châteauroux avec qui je m'entraînais. C'était un choix du cœur.
Le fait que vous soyez aujourd'hui en Ligue 2 vous donne raison et l'histoire est encore plus belle...
L'histoire est forcément plus belle, surtout que la mienne est particulière avec le club. Mon père est un ancien professionnel qui a connu le National puis la deuxième division. Il a été champion de National, je l'ai été l'année dernière. On a un parcours un peu similaire. Mon retour à Châteauroux s'est fait plus tôt que prévu, mais c'est quelque chose qui m'a toujours traversé l'esprit. C'est le destin et je le prends comme ça.
Vous retrouvez le RC Lens, un autre club qui compte beaucoup pour vous. Où se situe votre cote d'amour pour les Sang et Or par rapport à Châteauroux ?
C'est difficile à dire. Châteauroux est forcément un peu au-dessus parce que c'est ma ville, c'est mon club. C'est ici que j'ai appris à jouer au foot. Mais Lens m'a permis d'évoluer après mon départ de Châteauroux. J'ai tout connu là-bas. Mes premiers matches en Ligue 1, la descente, l'Europa League. J'y ai vécu des émotions fortes et j'en garde de très bons souvenirs. C'est un club que je suis et que je suivrai toujours.
Êtes-vous surpris par leur début de saison délicat ?
Forcément ! Je n'aimerai pas être à leur place. Déjà l'année dernière, louper la montée à quelques secondes près, ça leur a mis un coup. Là, ils sont dans le dur. Ce n'est pas simple et j'espère qu'ils vont relever la tête, mais avant cela, on va se mettre sur leur chemin et il n'y aura pas de cadeau.