1986, "Gigi" ne lâche pas la Coupe
"La première Coupe, je me souviens de notre ami Gigi (Alain Giresse), qui était capitaine. On est rentré en train sur Bordeaux avec les supporters. Il se l'était accaparée. Je crois qu'on lui avait fait une greffe, ou qu'on lui avait mis des menottes, elle était comme attachée, on n'a pas pu lui enlever, il était tellement heureux. Tous ensemble dans le train on a vraiment vécu quelque chose de chouette avec le groupe et les supporters."
"C'était beau, émouvant de voir ça, je le vois encore sur la banquette la Coupe dans ses bras, il n'y a que la Coupe qui peut te faire vivre ces moments."
"En 1987 on est rentré en avion, le soir même, on est reçu par Chaban (maire de Bordeaux) parce qu'on avait réussi le doublé (Coupe-Championnat)."
1987, "le père François Mitterrand"
"La deuxième, j'étais capitaine, j'avais l'honneur du brassard, c'est moi qui suis allé chercher la Coupe des mains du 'père' François Mitterrand. On nous regarde toujours d'une certaine façon, nous les footballeurs, mais on est des petits garçons par moments. Se faire remettre un trophée par le président de la République, quelles que soient les étiquettes, tu es dans un endroit où tout le monde n'est pas. C'était les 70 ans de la Coupe. Ça c'est un moment très fort, quand on te la remet, tu l'as, tu attends le dernier moment, après avoir monté les marches, on remet la coupe au capitaine en dernier, là c'est une deuxième explosion, l'extase. C'est magnifique."
"Tu te fais cogner"
"La Coupe, ce n'est pas du tout la même émotion qu'en championnat. Tu ne retrouves pas forcément les meilleures équipes au bout mais celles qui ont fait le meilleur parcours. En championnat, les grosses cylindrées finissent à peu près toujours devant, et ceux des petites équipes alors s'en souviennent toute leur vie".
"C'est un sport ou les chances peuvent 's'égaliser', par la motivation des uns et peut-être la démotivation des autres, peut-être un surplus de confiance, de se dire que tu vas aller au bout alors qu'à l'arrivée, tu te fais cogner".
"Je me souviens d'un match à Chaumont avec Bordeaux, en plein hiver, on s'était qualifié (0-0 à Chaumont, 5-0 Lescure), mais il y avait des congères autour du terrain, c'était un traquenard, pas au sens malsain, mais des conditions où les pros, qu'on le veuille ou non, laissent un peu de la motivation au vestiaire".
"Une tête de folie"
"Contre le PSG de Boubacar (en demi-finale en 1986), sur un corner je frappe de la tête des 16,50 m, je mets une tête de folie, ce sont des moments qu'on oublie pas".
"Et puis les deux finales contre Marseille, sont inoubliables aussi. La première (2-1 a.p.), on était un peu en bout de course, Gigi marque un but d'anthologie à Joseph-Antoine Bell, on était tous pompette (crevé, NDLR), on avait fait l'Europe, et Gigi met ce lob juste avant la fin".
"La deuxième, Gigi était de l'autre côté, on la gagne un peu plus facilement, 2-0, mais je me souviens d'un stade moitié bleu marine et moitié ciel et blanc, il y avait une belle ambiance, en plus c'était la période Bez-Tapie".
"J'avais aussi mis un but en quarts contre Tours (en 1986). J'avais donné le maillot du Tours FC à ma petite-fille Fanny."
"Si on regarde aujourd'hui les garçons qui jouent à des postes similaires, milieu de terrain relayeur, il n'y en a pas beaucoup qui ont mis autant de buts, je le dis en toute modestie".