Le 'Money Time', déjà. On attendait le tournant du Real Madrid en seconde moitié de saison, à l'occasion des demi-finales de Ligue des champions ou des derniers soubresauts de la Liga. Mais il intervient déjà à quelques encablures de la clôture de la phase aller et quelque part, c'est déjà un échec en soi.
Car Madrid est seulement 4e de Liga. Le champion d'Espagne en titre, actuel double champion d'Europe, a eu beaucoup de mal depuis le début de l'exercice après des débuts pourtant prometteurs en Supercoupe d'Espagne face au rival, le FC Barcelone. Mais depuis, la qualité de jeu des 'Merengues' a largement baissé. Avec de grosses difficultés à marquer notamment et de grosses déficiences à domicile en début de championnat, face à des équipes comme le Betis, Levante ou Valence.
Le Real n'a pas non plus été aussi souverain qu'à l'accoutumée en Ligue des champions. Face à l'adversaire le plus coriace de son groupe, Tottenham, le club 'merengue' a signé un nul mitigé à domicile avant de s'incliner largement en Angleterre. La sérénité glanée sur le continent s'est envolée emportant avec elle les certitudes madrilènes dans cette compétition. Mais comment la meilleure équipe du monde la saison dernière, qui avait encore démontré sa maîtrise en présaison face à des cadors continentaux tels que Manchester United et Barcelone, peut se retrouver à jouer sa saison en décembre ? Car si le Real perd le Mondial des clubs, on imagine bien que le moral des troupes serait au plus bas avant de défier Barcelone pour le choc de cette première partie de saison. Un titre reste un titre, même s'il se joue en deux matchs. On voit mal le club le plus décoré du monde renoncer à tout faire pour actualiser de nouveau sa conséquente vitrine à trophées.
Qui blâmer pour cette situation malséante et surtout inhabituelle ? Le mercato ? Les individualités ? Le collectif ? L'entraîneur ? Et bien sans doute un peu de tout ça. Les parts du semi-échec madrilène sont à distribuer plus ou moins équitablement entre ces différents facteurs. À commencer par le mercato. Difficile à imaginer quand on connait l'appétence du Real pour le recrutement, qui à l'instar de la Coupe d'Europe, fait partie de son ADN et contribue à véhiculer cette image onirique de club-Disney où les rêves les plus fous peuvent se réaliser et où les stars se retrouvent chaque été pour la parade, mais le Real a été rationnel l'été dernier. Un peu trop même.
Pas de remplaçant pour Morata, Mayoral étant plutôt celui de Mariano Diaz. Aucun pour James ni pour Pepe (Vallejo étant loin de démontrer l'étoffe du Portugais pour le moment). Le Real a perdu un joueur fort par ligne et a fortement amoindri 'la B', la fameuse équipe de remplaçants qui avait rapporté tant de points en Liga à l'extérieur notamment la saison dernière et a surtout perdu un international par ligne. De plus, Madrid a joué de malchance et a souffert de plusieurs blessures tout au long de la saison jusqu'ici. Nacho, remplaçant la saison dernière, a dû dépanner aux quatre postes de la défense. Zidane a même du piocher dans la réserve à plusieurs reprises pour faire un onze complet. Achraf Hakimi a lui fait ses débuts en professionnel avec les A cette saison... à 18 ans.
Trois matches sinon rien
En plus des blessures, les individualités présentes n'ont pas été au niveau. Difficile de juger Gareth Bale, qui enchaîne les allers/retours à l'infirmerie depuis septembre. Mais les autres membres de la 'BBC' n'ont pas fait honneur à leur fameux acronyme. Handicapé par une suspension en Supercoupe qui lui a valu 5 matches de repos forcé, Cristiano Ronaldo n'aura signé que 4 buts en 11 matches de championnat. Des performances très déficientes pour le très notoire Ballon d'Or 2017, accessoirement fer de lance de l'attaque madrilène.
Si Ronaldo est loin de ses standards habituels, l'expression est aussi adéquate pour Benzema. Il n'a jamais été un buteur prolifique, mais le Français a rarement été aussi apathique dans le jeu. Et comme on a pu le constater, sa mission principale, tirer le meilleur de Ronaldo, n'a pas été couronnée de succès. Même l'excellent trio Modric-Kroos-Casemiro a eu des manques, alors que les tâtonnements de Zidane, qui avait tendance à beaucoup expérimenter en début de saison en permettant énormément de permutations entre ses milieux et ses attaquants, avaient généré des espaces exploitables pour les adversaires et un replacement aléatoire pour ses ouailles.
Or, le Real doit déjà se ressaisir avant qu'il ne soit trop tard. Le compte à rebours a commencé face au FC Séville en Liga où l'on a retrouvé un Zizou plus familier, débrouillard et ingénieux et surtout capable de tirer le meilleur de ses joueurs. Contre les Andalous, et malgré une défense décimée par les absences, Zidane a pu façonner un 4-4-2 très viable qui a corrigé les 'Nervionenses' 5-0. Cristiano Ronaldo semble lui aussi avoir retrouvé son efficacité avec un doublé et Madrid a paru beaucoup plus serein qu'à l'accoutumée. Une renaissance expresse pour Zidane et ses hommes qui seraient bien inspirés de demander au Père Noël trois victoires lors des trois prochains matches, ce qui leur assurerait un nouveau titre de champion du monde des clubs et surtout une diminution de l'avance du Barça au classement et un joli coup porté au rival d'un point de vue psychologique dans l'optique de la deuxième partie de campagne. Monter sur le toit du monde et se rapprocher des sommets ibériques. Difficile de trouver mieux, au pied du sapin, au lendemain du 'Clasico' le 23 décembre prochain.