La question est sur toutes les lèvres. À quatre points du leader lillois, un point derrière Lyon et avec deux unités seulement d'avance sur Monaco, le PSG doit-il être inquiet pour le titre de champion de France ? Alors qu'il reste 12 journées et 36 points à prendre, l'équipe francilienne garde toutes ses chances. Mais la dynamique ne joue pas en sa faveur.
Pour la première fois sous QSI, le club de la capitale a concédé six défaites cette saison, dont la dernière à domicile le weekend dernier contre Monaco (0-2). Mauricio Pochettino, qui a succédé à Thomas Tuchel après les fêtes de fin d'année, n'a pas réussi pour l'instant à gommer cette inconstance, perdant deux fois en neuf matches de Ligue 1 depuis qu'il est à la tête de sa nouvelle formation.
En 2021, l'AS Monaco a pris six points de plus que le PSG jusqu'à maintenant (25), quand Lille en a empoché 22 et Lyon autant que Paris (19). L'enchaînement des matches face à Lyon et Lille, le 21 mars puis le 4 avril, s'annonce comme le principal tournant dans le course au titre pour l'escouade parisienne. À condition de ne plus perdre de points en route. Alors inquiet ?
Tom Binet : "Oui, la dynamique n'est pas bonne"
Comment ne pas être inquiet à l'heure qu'il est côté parisien ? Certes il reste du temps, mais le PSG occupe actuellement la troisième place du championnat, ce qui constituerait le moins bon classement du club de la capitale sous l'ère QSI. Avec déjà six défaites à ce stade du championnat – soit plus que lors de n'importe quelle saison depuis dix ans – rien de bien étonnant. Pire, la dynamique ne joue clairement pas en faveur de Marquinhos et sa bande, qui voient les similitudes s'accumuler avec leur dernier échec, lors de la saison 2016-2017. Trois de ces six revers ont eu lieu contre les autres membres du Top 4, contre lesquels ils n'ont glané qu'un malheureux point, mi-décembre à Lille (0-0). Le reste ? Défaite à domicile contre Lyon et double déception contre l'ASM.
Justement, les Parisiens devront défier consécutivement Gones et Dogues fin mars et début avril, de part et d'autre d'une trêve internationale qui va une nouvelle fois largement puiser dans les organismes. Très décevant dans le jeu lors des chocs de Ligue 1, Paris devra absolument répondre présent sur ces deux rencontres, sous peine de dire probablement adieu à ses rêves de titre hexagonal. Ce qui ne serait qu'une troisième fois en onze saisons sous QSI, une première depuis les arrivées de Neymar et Mbappé.
Arrivé début janvier pour relancer le groupe après une première partie de saison chaotique avec Thomas Tuchel, Mauricio Pochettino n'a quant à lui pas encore révolutionné le jeu des Rouge et Bleu. Et c'est bien normal après moins de deux mois, mais le temps risque de cruellement manquer à l'Argentin pour imposer ses idées. Surtout quand la créativité de l'équipe repose sur quelques joueurs seulement, lesquels se trouvent être en délicatesse avec leur physique ces dernières semaines. Sans Neymar, Di Maria ni Verratti au coup d'envoi, le PSG a semblé perdu pour déstabiliser le bloc monégasque dimanche dernier au Parc des Princes, et le schéma risque de se reproduire.
Enfin si Paris inquiète, ses adversaires pour leur part, réjouissent. Particulièrement séduisant en première partie de saison, le LOSC apparaît très efficace en 2021 et n'a plus perdu depuis le 6 janvier en L1. Sans le poids de la Coupe d'Europe, qui sait jusqu'où ces Dogues peuvent aller ? Lyon de son côté maîtrise parfaitement l'emballage du sprint final dans notre championnat, une spécialité maison.
Enfin après avoir changé de cap l'été dernier avec l'arrivée de Kovac, Monaco a sans doute trouver la meilleure formule et postule au titre de meilleure équipe du moment en France. Alors si rien ne change d'ici le mois de mai, l'une de ces équipes ne ferait-elle pas finalement un beau champion ? Si en parallèle le PSG réserve ses habits de gala pour danser sur la scène européenne, on ne dit pas non.
Benjamin Quarez : "Non, l'inquiétude n'est pas l'étoffe des champions"
L'inquiétude n'amène rien de bon. Et elle n'est pas l'étoffe des champions. Si ce PSG montre le moindre signe d'inquiétude, il n'ira pas au bout de ce marathon en Ligue 1. Alors, non ! Il ne doit pas être inquiet. Il reste 12 matches à jouer, 36 points à glaner, c'est largement suffisant pour reprendre les rênes et ainsi remporter un dixième titre de champion de France. L'important n'est pas d'être en tête de la L1 maintenant mais de l'être à l'issue de la 38e journée. C'est à ce moment-là que les bilans pourront être faits. Pas avant.
On a déjà vu le PSG dos au mur en Ligue des champions en première partie de saison. On pensait qu'il pourrait gicler dès la phase de poules. Mais pas du tout. Lorsqu'il a fallu sortir les tripes, ce groupe a su bomber le torse pour battre Leipzig et Manchester United avant de finir le travail en patron contre les Turcs de Basaksehir. Ce n'est évidemment pas la même compétition. Ce n'est pas non plus le même contexte, mais cela révèle une force de caractère qui ne sera pas de trop d'ici la fin du championnat.
L'orgueil du champion ne doit pas être éjecté du débat. Le PSG n'a certes pas eu la préparation rêvée après le Final 8, il n'a pas non plus montré une grande constance dans ses résultats mais son collectif est constitué d'internationaux qui vomissent la défaite. Ils ont déjà perdu trop de fois pour l'accepter encore et doivent désormais trouver de la régularité dans leurs performances. L'enchaînement des matches contre Lyon puis Lille fin mars et début avril seront le tournant à ne pas rater.
N'oublions pas non plus que Paris va récupérer Neymar et Angel Di Maria. Le retour du Brésilien va donner un sérieux coup de boost à cette équipe qui a besoin de leaders dans les moments cruciaux. Quant à Mauricio Pochettino, il est en train petit à petit d'installer sa patte. Il ne fallait pas s'attendre à une révolution dès les premières semaines. Le technicien argentin arrive avec des idées neuves et a dû se mettre dans le bain d'emblée, sans pouvoir réellement jauger son effectif au préalable, surtout sur le plan relationnel et humain.
En interne, on glisse que sa méthode plaît beaucoup au collectif. On peut donc s'attendre à de nettes améliorations lors des prochains matches. Sans oublier que le PSG est en passe de se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des champions. S'il vient à valider sa place pour le tour suivant en éliminant le Barça le 10 mars prochain, il pourra alors surfer sur une dynamique positive adaptable en Ligue 1. Navas, Mbappé, Neymar et consorts sont des collectionneurs de trophées et ils voudront tout gagner.