Il est l'une des surprises de la fin de saison du Stade de Reims (Ligue 2). Gardien de la réserve de l'OM (CFA) la saison dernière, Edouard Mendy (25 ans) vient d'enchaîner deux matches comme titulaire en championnat à la place de Johann Carrasso, l'habituel n°1 du club champenois. Une nouvelle étape pour le portier formé au Havre, qui évoluait encore en DH avec les Municipaux il y a 6 ans à peine. "Je savais qu'au Havre c'était bouché pour moi. Si je voulais avoir du temps de jeu, il fallait que je parte", dit-il. "C'était le jour et la nuit avec le centre de formation, mais c'était enrichissant. Ça m'a renforcé et j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer là-bas." En U19 d'abord puis surclassé en Séniors pendant deux saisons avant de partir à Cherbourg, où Jérôme Lemoigne, l'entraîneur des gardiens, a découvert un joueur pétri de qualités : "Partout où il est passé, il a prouvé qu'il pouvait se mettre au niveau. Chez nous, il est arrivé comme n°3 en National et a vite montré qu'il pouvait être n°2 puis n°1 lors de la relégation en CFA."
"Dans son fort intérieur, il a toujours été conscient de ses qualités", ajoute-t-il. "Il a côtoyé plusieurs bons gardiens et ne s'est jamais considéré en dessous." Un état d'esprit propre à l'ex-concurrent de Zacharie Boucher et Brice Samba au HAC, qui reconnaît tout de même avoir longtemps dû avancer sans certitudes : "Quand on retourne au niveau DH, on se dit qu'on s'éloigne de son but. Ce n'est pas facile, mais j'ai toujours pensé que le travail payerait." À Cherbourg, l'avenir lui a donné raison puisqu'il a fini par gagner sa place de titulaire. Pourtant, après deux saisons au club, il s'est retrouvé libre et alors qu'il rêvait d'Angleterre, tout ne s'est pas passé comme prévu.
"J'avais pour objectif d'aller en League One. Je m'étais donner les moyens pour y arriver. J'avais même fait appel à un agent qui m'a garanti à 150% que j'allais signer. Du coup, je n'ai pas répondu aux sollicitations ici, en France, mais au final ça ne s'est pas fait." C'est alors que l'OM a pointé le bout de son nez : "Quand l'OM m'a appelé, j'étais au chômage et j'avais juste des pistes avec des clubs de CFA ou de National. Un ami avec qui je jouais à Cherbourg a fait le lien entre l'entraîneur des gardiens de Bordeaux et Stéphane Cassard, qui était à l'OM. Il lui a demandé s'il connaissait un gardien libre. Il a donné mon profil et Marseille a rapidement été intéressé."
Edouard Mendy est parti pour un essai de plusieurs jours à Marseille et s'est engagé en qualité de gardien n°3 bis : "Je suis passé du chômage à m'entraîner avec Lassana Diarra, Steve Mandanda, Michy Batshuayi, Rémy Cabella, Romain Alessandrini et j'en passe... J'ai appris énormément. Steve a eu le même formateur que moi au Havre. Il a toujours été de bon conseil, comme Yohann Pelé, qui de part sa carrière sur et en dehors du terrain m'a mis en garde." Pendant un an, Mendy a partagé son temps de jeu en CFA avec Florian Escales et alors que Reims et Le Havre s'intéressaient à lui, les négociations n'ont pas abouti tout de suite. "Sébastien Hamel (l'entraîneur des gardiens de Reims, ndlr) connaissait Stéphane Cassard. Il avait déjà entendu parler de moi et il l'a appelé plusieurs fois pour connaître ma situation contractuelle. Steph lui a d'abord dit que j'allais continuer à Marseille. Mais ça n'avançait pas donc il m'a appelé pour me faire part de l'intérêt du Stade de Reims. Aller là-bas, avec l'objectif de monter, ça m'a tout de suite convaincu", nous confie le principal intéressé, qui est arrivé comme doublure de Johann Carrasso l'été dernier avant de gratter du temps de jeu sans bousculer la hiérarchie pour autant.
Mais les choses ont changé depuis. Et alors que Reims, 7e à 4 journées de la fin, peine à valider son retour en Ligue 1, Edouard Mendy s'est imposé comme n°1. "Edouard est un jeune gardien très talentueux, avec une grande maturité. C'est quelqu'un de très à l'écoute, qui n'hésite pas à dire ce qu'il pense quand il le faut, assure Danilson Da Cruz, son coéquipier. Malgré son jeune âge, il est déjà respecté dans le vestiaire et je pense sincèrement qu'en gardant cet état d'esprit et son sérieux il fera une grande carrière." Des propos élogieux qui contrebalancent avec son match compliqué face à Laval le 14 avril dernier. Un match qui a peut-être plombé la fin de saison rémoise, même si Mendy se veut optimiste : "Ce n'est pas fini", dit-il. "Pour autant, je comprends la lassitude des supporters, qui entendent toujours le même discours. Nous, joueurs, on ne se projette pas et on pense qu'il y a encore un infime espoir de monter." D'où la nécessité de gagner à Niort ce vendredi (20h). Un match crucial pour Mendy et sa bande.