Dimanche, à deux jours du match contre l'Irlande du nord, pour la dernière journée du groupe C, qui décidera de la place de l'Allemagne et de son tableau futur, Müller en était réduit à faire contre mauvaise fortune bon cœur.
"Évidemment, j'espère marquer contre l'Irlande du nord, mais ce n'est pas mon objectif principal. Je souhaite qu'on fasse un bon match et qu'on gagne", a-t-il lâché face au feu roulant des questions des journalistes sur son manque d'efficacité et celui de ses partenaires de l'attaque depuis le début de la compétition.
Avec son détachement et sa bonne humeur habituelle, il s'est tout de même défendu. "Nous, les attaquants, c'est à notre efficacité devant le but qu'on est jugés. De ce point de vue, les critiques étaient peut-être recevables. Mais sur l'engagement et notre contribution pour que l'équipe joue bien collectivement, les critiques étaient infondées".
"Parfois on fait un mauvais match, mais on marque le but décisif et on lit dans le journal +Müller a fait un super match+. Mais quand on lit ça, on reste mécontent de sa propre prestation. En ce moment, c'est l'inverse", confie-t-il.
Une sévérité qui n'est toutefois pas totalement imméritée à l'égard d'un joueur capable de prestations de très haut niveau, sauf à l'Euro, semble-t-il.
Insouciance manifeste
Le monde du football a découvert lors du Mondial sud-africain en 2010 ce jeune attaquant aux allures de monsieur tout-le-monde, avec son insouciance manifeste, son sourire volontiers moqueur et son accent bavarois à couper au couteau.
On a surtout découvert un joueur à la technique maîtrisée, toujours bien placé, comme s'il avait vu la scène 5 secondes avant tout le monde, et au sang-froid de tueur devant le but.
Co-meilleur buteur de sa première compétition internationale avec 5 buts en 5 matchs, aux côtés de l'Espagnol David Villa, du Néerlandais Wesley Sneijder et de l'Uruguayen Diego Forlan, il égale ce total quatre ans plus tard, lors du sacre mondial allemand au Brésil, seulement devancé par le Colombien James Rodriguez (6 buts).
Avec 32 buts en 73 sélections, il affiche une belle moyenne, mais il n'a bizarrement encore jamais ni marqué ni délivré de passe décisive lors des 5 rencontres de phase finale de l'Euro-2012, ni depuis le début de l'édition 2016.
Ses qualités n'ont pourtant pas disparu, puisqu'il a inscrit 10 buts en 13 matchs internationaux depuis le Mondial-2014 et 20 en 34 matchs en Bundesliga avec le Bayern cette saison.
"Il ne sait pas ce qu'est le stress"
Parti faire du golf - son passe-temps favori - pendant la journée de repos laissée samedi par Joachim Löw à ses joueurs, Müller a dû repenser à la confiance du sélectionneur, qui loue autant ses qualités humaines que footballistiques.
"C'est un joueur qui parle à tout le monde, qui a un bon contact avec tous les joueurs et une influence très positive. L'autre chose qui distingue Thomas Müller (hors du terrain), c'est qu'il aime beaucoup parler football, il est toujours prêt à discuter organisation ou tactique", a expliqué Löw à son sujet.
"Il ne sait pratiquement pas ce que c'est que le stress. Et pourtant, il arrive dans son match avec une concentration totale", a-t-il ajouté.
"Sur le terrain, c'est difficile de lui définir un rôle précis, parce qu'il a des déplacements qui surprennent tout le monde. Il est toujours à la conclusion des actions, parce qu'il va toujours là où c'est le plus dangereux, dans la surface. Cela le rend imprévisible et il est capable de marquer de la tête, du droit, du gauche, c'est ce qui le rend si précieux".
L'Allemagne aura bien besoin de retrouver ce Thomas Müller là, mardi au Parc des Princes, si elle veut enchainer victoire en Coupe du Monde et à l'Euro, un trophée qui la fuit depuis 20 ans.