Müller, c'est 20 buts en 31 matchs de Bundesliga cette saison. C'est 32 buts en 77 sélections, dont 10 en 13 matchs de Coupe du Monde.
Mais dans les Euros, c'est 11 matchs, et zéro but, qui font de lui le "flop" côté allemand dans cette compétition.
Oh, c'est parfois passé vraiment pas loin, comme cette tête plongeante sur le poteau contre l'Irlande du Nord, ou sa reprise instantanée sur la barre, toujours contre les Verts. Contre l'Italie, en quart de finale c'est un défenseur qui a repoussé sa tentative sur la ligne.
Au total en 6 matchs disputés intégralement, soit 570 minutes, il a tiré 17 fois en direction des buts adverse, mais il n'a trouvé le cadre qu'à 6 reprises, soit une fois sur trois. Insuffisant pour un attaquant de cette classe.
Même seul face aux cages, lors de la séance des tirs au but contre l'Italie, en quart de finale, il n'a pas trouvé le chemin des filets.
Sa tentative sans conviction, caractéristique d'un joueur en plein doute, et doublée d'une feinte de regard digne des plus grands matchs de cours de récréation, a été repoussée sans peine par Gianluigi Buffon.
"Pas assez dans l'axe"
Jeudi, contre la France, il a été titularisé en pointe, mais uniquement parce que Mario Gomez était blessé et Mario Götze encore moins convaincant que lui à ce poste.
Peu habitué à jouer à ce poste, il a souvent semblé ne pas savoir trop où se placer, l'ancien gardien de but Oliver Kahn lui reprochant de ne "pas avoir assez occupé sa position dans l'axe".
Après une année surchargée - une de plus - avec le Bayern Munich, qui est allé jusqu'aux demi-finales de Ligue des Champions et a remporté sa coupe nationale, il a peut-être, à bientôt 27 ans, payé ces saisons à rallonge. Notamment lorsqu'il a manqué de vivacité pour reprendre une déviation de Julian Draxler à la 32e minute, devancé par un Samuel Umtiti plus prompt.
Il aura au moins affiché d'autres statistiques plus reluisantes, comme son volume de course impressionnant qui devrait lui valoir une invitation au marathon de New-York, selon la presse allemande, et une mentalité collective digne du grand joueur qu'il reste.
Cela lui a valu un soutien sans faille de son entraîneur, du staff, de ses coéquipiers, qui n'ont eu de cesse de louer les espaces que ses courses créaient et le désordre qu'il est capable de mettre dans la défense adverse en se trouvant toujours au bon endroit au bon moment.
"Marquer, ce n'est pas mon carburant"
Müller, lui, a aussi essayé de relativiser l'importance de son impuissance.
"Marquer, ce n'est pas mon carburant, c'est plutôt... la peinture spéciale de la voiture qui fait qu'elle est belle de l'extérieur", avait-il assuré il y a peu.
Mais force est de constater que sa carrosserie ressort un peu ternie de cette compétition, à l'image d'un secteur offensif allemand qui n'a que trop rarement trouvé la bonne carburation.
Sans surprise, c'est quand l'Allemagne s'est dotée d'un vrai attaquant axial, Mario Gomez, qu'on a le plus vu Müller.
Son entente avec Gomez était même très prometteuse, à l'image du seul but de la partie contre l'Irlande du Nord, où Gomez a effectué une très belle déviation en mouvement pour donner dans l'intervalle à Müller. Avant que ce dernier, bien bloqué par le gardien adverse, ne lui remette en retrait pour sa seule passe décisive dans un Euro à ce jour.
Fana de golf, il va pouvoir se vider l'esprit pendant trois semaines, lui qui expliquait récemment que la fatigue mentale lui pesait bien plus que la fatigue physique.
Heureusement pour lui, ou malheureusement, selon la façon dont on considère ce "problème", Müller est maintenant tranquille pour 4 ans avant que les journalistes reviennent le harceler avec cette malédiction européenne.