Malgré le Covid-19, qui a contraint les organisateurs à reporter l'Euro 2020 d'un an, du 11 juin au 11 juillet 2021, et impose toujours son cortège de restrictions, la crise sanitaire qui frappe la Grande-Bretagne a paru bien loin aux Ecossais, au moins pour un soir.
Au cœur de Glasgow, la cité du Celtic FC et des Rangers qui fait partie des douze villes hôtes désignées par l'UEFA à travers l'Europe, une cinquantaine de supporters ont ainsi été filmés en train d'escalader une statue.
"Nous avons Steve Clarke", se sont-ils égosillés dans la vidéo publiée sur le site du journal 'The Herald', quelques minutes après l'impeccable séance de tirs au but (aucun échec en cinq tentatives, victoire 5 t.a.b à 4) qui a qualifié le sélectionneur écossais et ses hommes pour leur premier Euro depuis 1996.
A Edimbourg, des supporters ont envahi les toits, torses nus, pour y célébrer la victoire en chantant et en dansant au son d'une cornemuse, selon une vidéo du 'Scottish Sun'.
Et qu'aurait été la fête sans le "Flower of Scotland" ? À Falkirk, dans le centre de l'Écosse, l'air qui a valeur d'hymne dans la nation britannique a été claironné par des fans en liesse jusqu'aux petites heures du jour.
Couvre-feu
Tout aussi euphorique, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a aligné pas moins de 26 drapeaux écossais sur son compte Twitter pour célébrer la qualification. Dans la même publication, la dirigeante a glissé une ancienne vidéo d'elle en train de célébrer, poings serrés, la défaite d'un opposant politique lors des dernières législatives britanniques.
Autre illustre Ecossais, c'est aussi le poing rageur et en vidéo que le tennisman Andy Murray a félicité sur les réseaux sociaux ses "brillants" compatriotes.
Dans le nord de l'Ecosse, où les restrictions sanitaires sont moins strictes, les supporters ont pu se rassembler dans les pubs pour regarder leur sélection prendre l'avantage à la 52e minute, avant de se faire rattraper in extremis par la Serbie, sauvée par un but de Luka Jovic à la 90e.
Les inconditionnels des Bleu et Blanc ont juste eux le temps de regarder les deux séances de prolongations et les tirs au but avant de devoir rentrer chez eux, le couvre-feu étant fixé à 22h30 GMT, soit... cinq minutes après le dénouement.
Car le Covid continue à avoir ses raisons que la passion des supporters ignore. À Aberdeen, des policiers sont ainsi intervenus pour disperser un groupe de fans encore réuni dans un pub à 22h00 GMT.
"No Scotland, No party"
Depuis le début de la pandémie, le virus a causé près de 80 000 contaminations et plus de 3000 décès dans la nation de quelque 5,5 millions d'habitants, selon les données publiées jeudi par les autorités.
Ces dernières ont mis en place le 2 novembre une échelle de cinq niveaux de restrictions contre le Covid-19, numérotés de 0 (peu de restrictions) à 4 (restrictions maximales). Chaque district de l'Ecosse reçoit une numérotation propre en fonction de sa situation épidémique - Aberdeen est ainsi au niveau 2, Glasgow et Edimbourg au niveau 3.
"Le virus ne se repose pas", a averti Susan Webb, la directrice de la santé publique pour la région de Grampian (autour d'Aberdeen).
"J'ai eu vent de vidéos partagées sur les réseaux sociaux, apparemment tournées à Aberdeen pendant le match de l'Ecosse" jeudi soir, s'est inquiétée la responsable, qui a dit comprendre le désir de célébrer cette qualification historique tout en rappelant que le risque de contamination au Covid-19 demeurait élevé.
"Je comprends qu'ils soient jeunes et souhaitent fêter la première qualification de l'Ecosse pour un grand tournoi depuis 22 ans, mais nous devons nous tenir aux mesures" de lutte contre le virus, a commenté un témoin des scènes d'allégresse à Glasgow, cité par 'The Herald'.
Mais après une si longue attente, l'envie de communier à la fierté nationale était irrépressible pour la sélection, qui a publié une vidéo vendredi matin, montrant le groupe de Steve Clarke en train de faire la chenille autour de tables généreusement garnies.
Sa légende? "No Scotland, No Party" (Pas d'Ecosse, pas de fête).