Créé en 1982, le groupe (qui s'écrit en réalité "çArsi", avec le "A" anarchiste) est réputé en Turquie pour ses slogans bien sentis, ses tifos titanesques, et son engagement dans les débats de société, résumé par un credo : "Carsi est contre tout".
Composé de quelques centaines de membres et de milliers de sympathisants, il a promis mercredi de réserver un accueil volcanique à Lyon pour le match retour jeudi soir : "Le stade va s'effondrer sur leur tête".
Réputé de gauche et anarchiste, le groupe Carsi est en fait composé de différents courants et ses prises de position sont multiples et souvent contradictoires : contre le nucléaire, antifasciste, mais aussi farouchement patriotique, avec des slogans en l'honneur des policiers et des soldats.
"On ne fait pas de la politique, mais on défend une conception progressiste et tolérante de la Turquie", explique un membre stambouliote du Carsi ayant requis l'anonymat.
La figure de proue de Carsi est Alen Markaryan, un Turc d'origine arménienne, qui a longtemps dirigé les chants du groupe. Propriétaire d'un restaurant à Besiktas, il est également chroniqueur au journal Aksam.
Après les incidents à Lyon, il a signé un article au vitriol dénonçant les "failles de sécurité" et s'enorgueillissant du fait que "les supporteurs de Besiktas aient pris la France en otage avec 20 000 personnes".
Le fief des Carsi est le quartier libéral de Besiktas, sur la rive européenne d'Istanbul. Mais le groupe dispose également d'antennes en Europe : plusieurs supporteurs ultras turcs qui se sont déplacés à Lyon la semaine dernière venaient de Berlin.
Crocs limés
Ses membres jouissent d'une solide réputation de militants antigouvernementaux: le groupe a joué un rôle central lors des manifestations massives en juin 2013 contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, devenu président depuis.
Carsi était alors à la pointe des affrontements contre les forces de sécurité et s'était notamment illustré en poursuivant un blindé de la police avec un tractopelle volé, un épisode qui lui a valu le respect des supporteurs rivaux de Galatasaray et Fenerbahçe.
Le groupe a ensuite fait l'objet d'une sévère répression : 35 de ses membres ont été poursuivis pour "tentative de coup d'Etat" lors d'un procès qui s'est finalement soldé par leur acquittement.
Si les ennuis judiciaires ont quelque peu limé les crocs de Carsi, ses ultras arrivent encore à se faire craindre. Pour l'inauguration du nouveau stade de Besiktas par M. Erdogan, l'année dernière, les autorités avaient annoncé une fausse date pour éviter que les ultras ne viennent troubler la cérémonie.
Après la victoire contestée dimanche de M. Erdogan au référendum sur le renforcement de ses pouvoirs, la Turquie aura les yeux rivés jeudi soir sur les tribunes de Besiktas, en quête d'un éventuel coup d'éclat des Carsi.