"Si je peux me permettre de te donner un conseil, c'est : 'Oublie que t'as aucune chance, vas-y fonce ! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher !' ". L'Olympique de Marseille n'est pas encore devenu le Jean-Claude Dusse du football français mais il faut reconnaître que ses prestations dans le Classique face au Paris Saint-Germain virent depuis plusieurs années à la comédie. Mais plus personne n'a envie de rire chez les supporters. Le dernier succès marseillais dans ce rendez-vous ô combien symbolique remonte à six ans. La dernière fois que les supporters de l'OM ont fêté une victoire de leur équipe c'était lorsque celle dirigée par Didier Deschamps avait dominé le PSG (3-0) le 27 novembre 2011. À Marseille, personne n'a oublié le tampon de Lucho Gonzalez sur Javier Pastore dès le coup d'envoi... Depuis, l'OM a enchaîné 15 matches sans victoire ! Sur cette infâme série, un seul petit nul a été enregistré. C'était il y a tout juste un an, le 23 octobre 2016. Pour sa première avec l'OM, quelques heures après son arrivée, Rudi Garcia avait garé l'autobus devant la cage de Yohann Pelé pour ramener un 0-0 sans avoir tenté une seule frappe en 90 minutes. Quelques mois plus tard, ragaillardi, le coach avait voulu affronter Paris les yeux dans les yeux. Il était reparti du Vélodrome avec une fessée historique (1-5) !
Sans Dani Alves, avec Thiago Silva ? Comment va jouer le PSG à Marseille ?
Que doit faire l'OM aujourd'hui ? Face à Neymar, Mbappé, Cavani et compagnie... Ses chances sont infimes. Même le stade Vélodrome n'y croit pas vraiment. Et si Garcia et ses Olympiens reprenaient la recette qui avait marché au Parc des princes? À domicile, devant 65.000 personnes, contre l'ennemi ancestral, prendre le parti de subir, ne rien proposer dans le jeu, accepter la domination serait un crime de lèse-majesté. Une inconcevable acceptation de la supériorité parisienne. Ce serait également une abomination pour le spectacle alors que Marseille serait sous le feu des projecteurs en prime time un dimanche soir. Et pourtant, c'est probablement la meilleure solution.
Depuis six ans, l'OM a toujours joué le jeu face au PSG. À chaque fois, il a été puni. Par Zlatan Ibrahimovic notamment. Le Suédois n'est plus là. Cavani a pris le relais. Et Neymar arrive pour disputer son premier Classique. Depuis six ans, l'OM a souvent tenté sa chance et a parfois cru tenir le bon bout. On se souvient de Gignac rendant coup pour coup à Zlatan en 2012. On se souvient de l'équipe de Bielsa qui menait à la pause dans un Vélodrome incandescent au printemps 2015. On se souvient de celle de Michel tenant la dragée haute au Parc l'automne de la même année. À chaque fois, l'OM a frôlé la victoire mais a dû se résoudre à vivre avec des regrets. Sortir sous les applaudissements car on a tout donné ne saurait être un lot de consolation.
Alors autant appliquer un plan qui a au moins fonctionné une fois. Serrer les lignes. Gagner les duels en un contre un. Éviter les frappes lointaines. Réduire les espaces. Ne pas provoquer de fautes dans des zones dangereuses. Ne pas lâcher le marquage sur les coups de pied arrêtés. La liste des contraintes est longue. L'OM y était parvenu un soir d'octobre. Est-il capable avec sa défense en cristal de rééditer pareille performance ? A chaque fois que Rudi Garcia a voulu défendre à tout crin, son équipe a explosé. Monaco (1-6) en est le dernier exemple en date. Mais le contexte d'un Classique est bien différent. Sa passion peut transformer onze joueurs en guerriers d'un soir. Et sur un malentendu, qui sait, ils pourraient parvenir à conclure... par une victoire.