Résultats probants, recrutement cohérent et stabilité financière, l'ancien président délégué (2000-2017) imprime sa patte volontariste et sereine depuis qu'il a succédé à Louis Nicollin, emblématique fondateur de la "Paillade", décédé en juin 2017.
"Il a beaucoup pris de son père et beaucoup appris. Aujourd'hui, il est bien dans son costume de président dont il prend de plus en plus la mesure", assure à l'AFP Michel Mézy, conseiller du président, qui a occupé tous les rôles à Montpellier depuis 1980.
Laurent Nicollin, au caractère plus introverti que Louis, gère la succession piégeuse d'une figure extravertie et reconnue, qui a marqué l'empreinte du club depuis 1974, mais aussi de la ville, au côté de l'ancien maire et ami Georges Frêche.
"Loulou était le 'bon président Nicollin'" raconte à l'AFP Philippe Peybernes, directeur administratif et financier depuis 1984. "C'était une force pour nous, c'était aussi un danger. Mais Laurent n'a pas voulu imiter son père, ce n'est pas son caractère. Laurent, qui reste très naturel, est un homme de dialogue, pas clivant."
"Beaucoup de recul"
Si Louis Nicollin pouvait régler des comptes, et des conflits, par médias interposés, son fils lave le linge sale en famille.
"(Louis) Nicollin a su avant tout le monde faire la promotion de son club dans la presse. Il en a été un peu prisonnier. Laurent, qui a fait deux ou trois erreurs, prend beaucoup de recul avant de s'exprimer", remarque Michel Mézy.
Le nouveau président, âgé de 46 ans, assure donc la continuité d'un club clanique, qui, tout en tentant de se moderniser, "préserve une forte part d'affect dans un football de business", selon Peybernes.
Si le mandat de Louis Nicollin avait culminé avec le titre conquis en 2012, Laurent affiche une ambition à moyen et long terme portée par une constance et une distance sur les résultats.
Constance
"Mon but est de faire grandir le club, de le stabiliser parmi les dix premiers pour arriver à devenir de temps en temps européen, et ensuite d'être européen d'une manière régulière", explique Laurent Nicollin à l'AFP.
"Au début des années 80, Bordeaux n'était pas le club qu'il est devenu. En 2000, Lyon était un bon club français, mais pas un très grand club comme il l'est aujourd'hui", poursuit-il.
Sa vision "pour faire grandir Montpellier, qui est un club jeune", passe par "une constance dans les résultats" et par "créer les conditions pour inciter des joueurs à rester cinq ou six ans. Cela passera par un nouveau stade", souffle t-il, alors que le projet du futur stade montpelliérain reste suspendu aux prochaines élections municipales en mars.
Laurent Nicollin partage l'art d'avancer à petits pas avec son entraîneur Michel Der Zakarian, entraîneur discret intronisé le fameux été 2017, celui de la succession.
"Der Zak", qui a passé 18 ans à Montpellier avant d'y revenir, construit étage par étage son équipe. Après une première saison bouclée à la 10e place, autour d'une défense de fer, Montpellier s'est approché la suivante de l'Europe (6e) en se dotant d'un trio d'attaque composé d'Andy Delort, Gaëtan Laborde et Florent Mollet.
A son actif, le réfléchi Laurent Nicollin a pris le risque de recruter le fantasque Delort ou de débourser un montant record pour le club de 10 millions d'euros pour le milieu nîmois Téji Savanier.
"Tout se passe bien pour l'instant, toutes les planètes sont alignées. Mais il y aura peut-être une période plus compliquée dans deux ou trois ans", conclut le jeune président de Montpellier.