'Grand stade', centre de formation et plus-values
Se débrouiller soi-même - y compris pour attirer des investisseurs chinois - avec un budget d'environ 250 million d'euros, et bénéficier de moyens colossaux (500 M EUR environ) grâce à l'appui d'un puissant fonds souverain comme le PSG, ce n'est pas évoluer dans la même catégorie répète à l'envi Jean-Michel Aulas.
Derrière les attaques répétées du boss de l'OL contre le club parisien, coupable à ses yeux d'une "dérégulation totale" du mercato en faisant grimper les montants des indemnités -- près de 400 M EUR investis pour recruter Neymar et Kylian Mbappé --, se cache une frustration évidente. Le modèle économique lyonnais a beau être vertueux depuis 30 ans, il ne peut tenir la comparaison face à "l'argent surnaturel" du PSG.
"L'ampleur des moyens mis en oeuvre n'a fait que croître ces dernières années, il n'y a aujourd'hui plus aucune chance pour les clubs de 2e niveau de pouvoir concurrencer sportivement le PSG", a même écrit Aulas, dans une lettre à son homologue parisien Nasser Al-Khelaïfi.
Pour résister à la suprématie parisienne, Lyon a réalisé "l'acquisition et la construction de son stade", inauguré en janvier 2016, et "la diversification de ses activités" dans une seule optique : "le développement de ses propres ressources", explique à l'AFP Bastien Drut, spécialiste de l'économie du football.
La stratégie est déjà payante : OL Groupe, la holding cotée qui coiffe le club rhodanien, a enregistré fin juin un chiffre d'affaires record de 249,8 M EUR, en progression de 15% sur celui de l'exercice précédent.
Et avec son seul "Groupama Stadium", le club lyonnais -- au-delà des recettes issues du "naming" (7 M EUR par an selon la presse) -- voit ses revenus billetterie bondir de 58% à 44 M EUR. Sans compter les concerts et spectacles divers qui ont aussi apporté 9,2 M EUR de recettes sur l'année (+61%).
Deuxième pilier de l'édifice, un très performant centre de formation qui truste depuis une dizaine d'années la première place des différents classements et lui permet chaque année de faire des plus-values. Avec les ventes des ses pépites Alexandre Lacazette à Arsenal et de Corentin Tolisso au Bayern Munich, Lyon a empoché près de 120 M EUR cet été, selon un bilan de la Ligue (LFP).
Et sans le pari de la cotation en Bourse, "un bon choix, audacieux, qui a permis à l'entreprise de grandir dans la transparence" selon Aulas, OL Groupe n'aurait peut-être pas pu attirer l'actionnaire chinois IDG (entré au capital à hauteur de 20% contre 100 M EUR). Ce qui lui ouvre désormais des perspectives intéressantes en Chine, nouvelle terre de chasse des plus grands clubs européens.
'Galactiques' et sponsoring XXL
A contrario, le PSG ne publie pas ses comptes. Mais cela ne l'empêche pas de vouloir développer lui aussi ses propres ressources, après s'être reposé sur "une stratégie d'Etat avec des sponsors du Qatar que ce soit le QTA (Qatar Tourism Authority), le QNB (Qatar National Bank), ou Ooredoo (opérateur téléphonique)" pour lancer son projet, selon Bastien Drut.
D'autant plus qu'il se retrouve sous la menace du fair-play financier après ses investissements faramineux cet été.
"Nous avons travaillé très dur lors des six dernières années pour développer les revenus du club, et ils ont augmenté via la billetterie, le sponsoring, le merchandising, les revenus de jour de match et les droits TV de 90 millions d'euros à environ 500 millions d'euros", a plaidé Al-Khelaïfi dans le quotidien anglais The Daily Telegraph, réitérant l'objectif d'augmenter les revenus du club "de 20 à 40%".
De quelle manière ? Fort de ses "galactiques" Neymar et Mbappé, qui lui permettent de devenir une marque mondiale, le club parisien peut encore davantage booster ses recettes commerciales, estimées à 305,3 M EUR l'an dernier par le cabinet Deloitte, soit 58% de son chiffre d'affaires.
"Si vous avez une équipe qui est capable d'aligner Mbappé, Neymar, Dani Alves... cela va permettre d'attirer des sponsors qui auront une taille quand même très importante ce qui n'était pas forcément le cas il y a quelques années", estime M. Drut, qui imagine "des contrats déjà existants (Nike, Fly Emirates,...) revus à la hausse", ou "des nouveaux partenariats encore plus importants que ce qu'on avait auparavant".