Sur le papier, le bilan strictement comptable n'a rien d'infamant.
La neuvième place correspond peu ou prou à celle des Bretons dans la hiérarchie de budgets de Ligue 1, et le total de 50 points, s'il est inférieur de 2 unités à celui de l'an dernier, est le même qu'en 2014/2015 et supérieur aux deux années d'avant (46).
"Le classement final d’une saison, c'est une sanction. Cela se joue à 1 point pour la 7ème (place). De là à dire que nous avions une équipe pour l'Europe, je pense que nous avons encore trop de manques pour y prétendre", a jugé lucidement l'entraîneur Christian Gourcuff après le dernier match contre Monaco (perdu 3-2).
La frustration est pourtant réelle quand on voit le nombre de points laissés en route contre les équipes les plus faibles du championnat.
Solidité défensive indéniable
Deux revers contre Bastia, 1 point pris en deux matches contre Dijon, un 3-0 encaissés à Nancy, et une défaite à Lorient 2-1, alors que les Merlus étaient au fond du trou, Rennes s'est souvent raté face à plus petit que lui.
Les 2 points pris sur 24 possibles contre les 4 premiers du classement montrent aussi la difficulté de cette équipe à se sublimer contre plus gros.
La surprise réside surtout dans le fait qu'avec un entraîneur engagé pour la qualité du jeu qu'il peut mettre en place, et emmenée par l'un des milieux français (son fils) les plus techniques, malgré sa blessure, cette équipe ait fait si pâle figure offensivement.
Dix-septième attaque de Ligue 1, avec moins d'un but par match de moyenne, 12e au nombre de tirs tentés (444), 17e pour les centres (731), Rennes n'aura pas régalé ses supporters.
Sa possession moyenne de 50% (8e de Ligue 1) et surtout sa 4e place au nombre de ballons joués, derrière le trio de tête du championnat, sont des indicateurs clairs de ce qui a manqué à des Bretons habiles dans la circulation du ballon, mais en manque flagrant de percussion dans les 30 derniers mètres.
Car pour le reste, Rennes a démontré une solidité défensive indéniable, avec la 6e défense de L1 et la 3e plus faible moyenne de tirs subis (10,6 par match).
Séduisant parfois, stérile souvent
Yoann Gourcuff aura été un peu le symbole de ce jeu de plus en plus maîtrisé au fil de la saison et par instants même séduisant, mais stérile le plus souvent.
Positionné en neuf et demi, il a disputé 27 matches, tous débutés, pour près de 2.300 minutes de jeu, soit le 7e total de l’effectif rennais, un signal très encourageant quant à sa convalescence (blessure à un pied).
À bientôt 31 ans, il n'a cependant pas suffisamment pesé dans les statistiques même s'il a été à chaque fois décisif, puisque ses 4 buts et 3 passes décisives ont offert 3 victoires et 4 nuls à Rennes.
Comme il ne faut pas attendre de surprise dans l'organisation ou le jeu général la saison prochaine, l'amélioration des résultats de l'équipe et du rendement de Gourcuff junior passeront par le recrutement.
"Nous avons vu de jeunes joueurs monter comme Ramy (Bensebaïni), Joris (Gnagnon), Adrien (Hunou), Nico (Janvier) ou Firmin (Mubele). C’est une génération intéressante pour l'avenir", a jugé le coach Gourcuff.
Avec le latéral Ludovic Baal, les milieux Sanjin Prcic, Morgan Amalfitano et son indéboulonnable fils, ils font partie du "socle" sur lequel compte s'appuyer le technicien l'an prochain.
Pour le reste, réalités économiques obligent, "l'effectif ne sera pas le même mais ce ne sera pas une révolution" a-t-il averti. Suffisant pour aller voir plus haut ?