Vainqueur du Borussia Dortmund au mois de mars dans une soirée épique sans ses supporters, le Paris Saint-Germain aurait dû disputer son quart de finale de Ligue des champions cette semaine. Mais il n'en est rien, la faute à la pandémie de Coronavirus qui a contraint l'interruption de la saison de football. Cela aurait été leur sixième quart de finale, pour un seul succès et donc une seule demi-finale : en 1995. À l'époque, Luis Fernandez entraînait le club de la capitale et avait mené un an plus tard le PSG à la victoire lors de la Coupe des Coupe de l'UEFA.
Dans une interview accordée à 'L'Equipe', Luis Fernandez s'est remémoré son quart de finale de Ligue des champions historique face au FC Barcelone : "Les images que j'en garde ? Celles d'un groupe fantastique, avec des joueurs brillants et expérimentés. On avait des stars dans l'équipe, mais c'est finalement Vincent Guérin qui nous a qualifiés. Cela veut tout dire d'un groupe ça. Tout le monde redoutait le Barça de Cruyff. J'avais voulu devenir entraîneur pour lui ressembler et faire jouer mes joueurs comme lui. Face à lui, je passais mon examen, je voulais être à la hauteur. Il était un monstre et me serrait la main".
"Il prônait un football ouvert et spectaculaire. Je me disais : "Si tu veux faire du Cruyff, commence par faire des compositions d'équipes aussi offensives que les siennes". Au retour, on avait joué avec Bravo, Guérin, Rai, Valdo, Ginola et Weah. (...) Plus facile d'aller en demi ? C'était relevé quand même, en 1995. On avait battu le Bayern de Trapattoni. Il y avait l'Ajax de Van Gaal, avec Kluivert, Seedorf, Davids. Le Barça de Cruyff. Le Milan de Capello, avec Maldini, Baresi, Desailly, Boban, Savicevic. À l'époque, le PSG avait surtout l'habitude d'enchaîner, il y avait du talent et le club club gardait l'ossature d'une saison à l'autre. Et puis il y avait cette force et cette envie", a ajouté le Franco-Espagnol.
Pour Luis Fernandez que ce soit pour son équipe en 1995, ou pour celle d'aujourd'hui, la tête est la clé : "La force du groupe de 1996, c'était son état d'esprit, on était costauds : Guérin, Colleter, Ricardo, Roche, Bravo, Rai, c'était du solide. La priorité, c'était le groupe, les joueurs étaient forts dans leur tête. Et devant on était bons. Le groupe actuel est moins soudé ? Non. Je pense qu'il a longtemps été bloqué psychologiquement, et le soulagement s'est senti après la qualification contre Dortmund. Il me donne surtout l'impression d'être trop fort en championnat et ce n'est pas bon. Quand ils sont concentrés, ils déroulent sans problèmes. Et quand ils sont suffisants, ils sont accrochés sans conséquence".
"La qualification contre Dortmund me fait-elle penser que les choses changent ? Sur le match retour à huis clos, il n'y a rien eu à redire. Il y a du pressing, ça attaque et ça défend ensemble. Dans l'attitude et le comportement, ils étaient irréprochables, et le symbole de tout cela a été le but de Juan Bernat. Et puis surtout, j'ai reconnu Neymar comme un leader d'équipe, pas seulement un leader technique", a conclu l'ancien entraîneur du PSG.