Cela faisait trois ans qu'Anthony Martial n'avait pas attaqué une saison dans la peau d'un remplaçant. C'était lors de sa deuxième saison à l'AS Monaco, à un moment où Leonardo Jardim n'avait pas encore mesuré tout son potentiel et lui préférait le duo Lucas Ocampos-Dimitar Berbatov. C'était il y a donc bien longtemps et beaucoup de choses se sont produites depuis pour le natif d'Essonne, comme un transfert à 80 millions d'euros (bonus compris) et sa participation à l'Euro 2016. Des évènements qui lui ont octroyé un certain statut. Le genre de statut qui ne tolère pas les retours en arrière. Sa disparation du onze de départ de MU validait pourtant bien l'idée d'un recul. Ça l'a déstabilisé, ça l'a démoralisé, ça l'a même fait douter, mais cela ne l'a pas freiné. Et le bon début de saison qu'il est en train de réaliser avec l'équipe mancunienne démontre tout autant ses qualités retrouvées devant le but que sa force mentale.
Même dans un club de la dimension de MU, il n'était pas aisé d'accepter de s'asseoir sur le banc. C'est ce qu'a vécu Martial durant la campagne écoulée. Et même s'il a joué au total une quarante de matches, l'ex-Monégasque a mis du temps à digérer cette décision. Les 10 matches d'affilée qu'il a passés sans le moindre geste décisif entre février et avril ont mis en exergue un certain mal-être. Et il a fallu que son coach le pique dans son orgueil, en suggérant qu'il ne fait tout pour lui donner satisfaction, pour qu'il se réveille enfin et boucle l'exercice avec un rendement légèrement plus convaincant.
Martial a été long à se ressaisir, mais le message a fini par rentrer. Même s'il n'a que vingt-et-un ans, il a compris qu'il n'avait plus trop de temps à perdre. Et la longue coupure estivale –il n'a pas été concerné par les matches de sélection-, lui a aussi permis de se ressourcer et se remettre les idées bien en place. Le changement a été apparent dès la reprise et Mourinho a été le premier à louer sa meilleure application au quotidien, ainsi que les efforts déployés sur le plan athlétique. "Je peux dire qu'il s'entraîne mieux qu'avant. Il travaille plus dur qu'avant. L'objectif est qu'il exprime son talent de manière plus constante", a-t-il déclaré.
Un retour en sélection dès octobre ?
Comme ça a été le cas jadis avec Karim Benzema au Real Madrid, le management de la carotte et du bâton a parfaitement fonctionné pour le technicien portugais. Martial n'a pas eu besoin d'un autre rappel à l'ordre. Depuis que la Premier League a redémarré, et même s'il n'a pas encore retrouvé sa place dans le onze de manière durable, le joueur formé à Lyon a retrouvé le niveau de performance qui lui avait permis de s'attirer les regards de toute l'Europe et talonner Zinedine Zidane comme le joueur français le plus cher de l'histoire.
Les chiffres sont là pour témoigner d'un retour en grâce du numéro 11 mancunien. Toutes compétitions confondues, il cumule 192 minutes jouées. Soit à peine plus de deux rencontres dans leur intégralité. Un temps de jeu limité, mais durant lequel il a été décisif à quatre reprises (3 buts et 1 passe décisive). Même Romelu Lukaku, le meilleur buteur de l'équipe, ne peut se targuer d'un ratio aussi impressionnant. C'est assez reconnaitre que Martial est bien de retour à son meilleur niveau. Et c'est un constat qu'a certainement dû faire également le sélectionneur national Didier Deschamps. Compter sur un élément offensif en pleine bourre ne serait pas un luxe en prévision des deux dernières rencontres qualificatives pour le Mondial, surtout après le forfait d'Ousmane Dembelé. Et pour le joueur ça serait une récompense amplement méritée après une mise à l'écart de plus d'un an.