Il y a des recrues qui arrivent avec une étiquette dans leur nouveau club. Celle qui indique le montant de leur transfert. Ou celle de leur salaire. Ou celle qui rappelle leur passé glorieux voire leurs frasques. Kostas Mitroglou lui porte le poids des effets d'annonce des dirigeants de l'Olympique de Marseille. Pendant des mois, les supporters marseillais ont attendu le fameux grand attaquant. Celui sur lequel Frank McCourt était soi-disant disposé à mettre 50 ou 60 millions d'euros et qui devait porter le projet. Olivier Giroud a longtemps été la priorité. Carlos Bacca a été courtisé notamment par Andoni Zubizarreta. Stevan Jovetic a été tout proche de donner son accord avant de rejoindre Monaco. Après des semaines de prospection, l'OM s'est finalement tourné à la surprise générale vers l'attaquant grec du Benfica acceptant de claquer 15 millions d'euros cash plus une série de bonus qui pourrait doubler l'addition.
Monaco a trouvé la bonne formule
L'illustration même du "panic buy" puisque le joueur a signé dans les dernières heures du mercato, le 31 août. Pourtant, avec ses 52 buts inscrits en deux saisons avec Benfica, Kostas Mitroglou n'est pas le premier venu. Deux mois après son arrivée, il n'a pas encore démontré les aptitudes qui avaient fait de lui une idole au Portugal. Les critiques pleuvent et les premiers doutes naissent. Certains vont même jusqu'à regretter Bafetimbi Gomis auteur de 21 buts la saison dernière. Ils oublient volontiers que le profil des deux joueurs est différent et que le Grec découvre un nouveau pays, une nouvelle langue et un nouveau club.
En débarquant blessé à la cuisse, Kostas Mitroglou n'a pas entamé sa carrière olympienne du meilleur pied. Une fois rétabli, le Grec a été lancé dans le grand bain par Rudi Garcia. Pour sa première titularisation à Strasbourg, Mitroglou a trouvé le chemin des filets permettant à son équipe de ramener un point. Avant ça, il avait été un relais décisif sur le premier but de Payet. Mais il s'est également illustré par un face à face manqué. Globalement, la première impression fut positive.
En revanche, lors de ses deux sorties suivantes, 'Mitro' a été transparent. Contre le Paris Saint-Germain, il a touché 16 ballons le plus faible total des 22 titulaires. Contre Lille, rebelote avec 17 ballons. Très peu ou mal servi, pas encore au top physiquement, l'avant-centre pèse trop peu. Il n'offre aucune solution, ne prend quasiment jamais l'espace et ne se crée aucune occasion. D'où vient le problème ?
Rudi Garcia : "Il faut lui laisser du temps"
"C'est un joueur nouveau comme beaucoup d'autres. Il faut que les gens apprennent à jouer ensemble, explique Rudi Garcia. Il faut lui laisser du temps, être patient et le laisser démontrer ce qu'il sait faire. Un avant-centre, que ce soit Kostas, Valère ou Clinton, s'il n'a pas de ballon, c'est compliqué. A Strasbourg, il en a eu et il a été de tous les bons coups." Compère offensif de Mitroglou, Florian Thauvin confirme les difficultés pour trouver l'avant-centre : "A nous dans les couloirs de plus passer par l'axe et de toucher notre attaquant qui est le point d'appui. On a du mal à le trouver moi le premier. On doit travailler ça à l'avenir, on en est conscient." A l'OM, les joueurs excentrés, comme Thauvin et Ocampos, repiquent volontiers dans l'axe pour s'offrir une possibilité de frappe ou tenter de combiner. Les centres sont rares y compris de la part des latéraux trop souvent à la recherche d'un appui ou tout simplement maladroit. Le passage à un système à deux points permettrait-il de régler le problème de l'isolement de l'avant-centre ? "C'est une possibilité", assure Rudi Garcia sans convaincre. Le technicien n'est pas adepte du 4-4-2.
Kostas Mitroglou traverse une phase d'adaptation. A Marseille et à l'OM. L'ex-Lisboète n'a pas non plus un jeu qui se prête au style adopté par l'OM contre Paris et Lille. Lors de ces deux rencontres, la formation marseillaise a laissé la possession évoluant très bas. Mitroglou n'est pas assez rapide pour supporter les longs ballons et la contre-attaque. Il sera plus à l'aise lorsque l'OM aura l'emprise avec une animation offensive qui tourne. Face à Caen, ce sera un premier test pour savoir si ses caractéristiques correspondent. Valère Germain, aligné en pointe régulièrement avant l'arrivée du Grec, avait connu les mêmes problèmes mais pour d'autres raisons. L'ex-Monégasque est un joueur d'appui, plus à l'aise en soutien d'une pointe dans une équipe qui maîtrise et jouant haut dans le camp adverse. Le seul qui tire son épingle du jeu c'est Clinton Njie, le "tout-droit" camerounais.
Kostas Mitroglou n'est pas le premier attaquant à connaître des débuts délicats à l'OM. Le condamner dès à présent serait injuste et prématuré. L'attaquant grec devrait prendre la mesure du collectif dans les prochaines semaines. Il a prouvé tout au long de sa carrière qu'il n'était pas maladroit. A l'aise des deux pieds et de la tête, son jeu dos au but est un atout indéniable. Ce n'est sûrement qu'une question de temps pour qu'il exprime toutes ses qualités avec l'OM. Et démontrer qu'il a les épaules pour endosser le rôle du grand attaquant tant désiré.
Maxime Marin