Le principal accusé devant le tribunal d'Osijek (est) est Zdravko Mamic, 57 ans, ancien patron du Dinamo Zagreb et toujours considéré comme l'homme qui, dans l'ombre, tire les ficelles du football croate.
Et cela en récoltant de juteux bénéfices, à en croire la justice croate qui le soupçonne d'avoir détourné avec ses complices présumés 15,6 millions d'euros notamment lors de transferts frauduleux. Tout en flouant en passant le fisc d'1,6 million d'euros.
Si un inspecteur des impôts et un dirigent de la Fédération (HNS), Damir Vrbanovic, sont également jugés, les gros bénéficiaires de ces détournements seraient Zdravko et son frère entraîneur Zoran, à hauteur de 12 millions d'euros.
Luka Modric, 31 ans, devrait être interrogé sur son transfert du Dinamo au club londonien de Tottenham, en 2008. Il avait quitté l'Angleterre pour le Real Madrid en 2012.
Son témoignage durant l'enquête semble gênant pour les Mamic : "J'ai fait ce qu'on m'a dit de faire, j'ai retiré du liquide et je leur ai donné", a-t-il dit aux enquêteurs, selon le quotidien 'Jutarnji List'. Il aurait expliqué avoir ainsi reversé à la famille Mamic quelque 7 millions d'euros sur les neuf arrivés sur son compte à l'occasion de son transfert.
Lovren témoigne aussi
Mercredi, une autre star du football croate, le défenseur de Liverpool Dejan Lovren, 27 ans, doit lui succéder. Cette fois, c'est son transfert du Dinamo à l'Olympique lyonnais en 2010 qui intéresse le juge.
Zdraavko Mamic est un personnage redouté et haï dans le football croate. De nombreux supporteurs croates l'accusent d'avoir mis en coupe la Fédération, dont le président, l'ex-attaquant international Davor Suker, ne serait que sa marionnette.
Et à en croire les médias locaux, c'est pour s'assurer de la neutralité des juges que le procès aurait été délocalisé à Osijek, dans l'est : les liens de Zdravko Mamic avec certains magistrats de la capitale seraient trop étroits.
Les audiences qui se tiennent depuis avril du procès sous haute sécurité policière, n'ont pas entamé la superbe de Zdravko Mamic, qui comparaît libre.
Après avoir qualifié le réquisitoire du parquet de "mensonge dégoûtant et répugnant", il a expliqué se sentir comme "une star de Hollywood", les habitants d'Osijek se pressant pour lui serrer la main ou le saluer.
"Pas toujours parfait"
Cet homme, qui a reconnu par le passé avoir financé une campagne électorale de la présidente du pays, Kolinda Grabar-Kitarovic, et dénonce un procès "politique", ne mâche pas ses mots, transformant la cour en salle de spectacle.
A l'en croire, les procureurs anti-corruption sont des "menteurs et des manipulateurs". L'un de ces magistrats, Sven Miskovic, a obtenu un renforcement de sa protection après avoir été pris à partie par Zdravko Mamic. "Je ne peux pas être toujours parfait", a commenté l'intéressé.
Mais il affirme n'être "pas un criminel", se décrivant en "créateur d'un Dinamo moderne" : "C'est avec mon arrivée au club en 2000 que la lutte contre la corruption a commencé."
Régulièrement présent sur le banc des prévenus à l'inverse des autres accusés, il se fait un plaisir de tapoter des témoins sur l'épaule, en leur expliquant qu'il "les aime comme personne au monde". Comment se comportera-t-il face à Luka Modric ?
Le joueur est immensément populaire en Croatie, autant pour ses talents de footballeur que pour son image d'ancien enfant réfugié de Zadar, dont le talent a éclos sous les bombes pendant la guerre, devenu un homme réservé et sans histoire.
Le football croate est riche de nombreux talents qui en font désormais une sélection redoutée. Mais il est malade d'infrastructures délabrées, de la corruption et de la violence de ses hooligans, comme lors de l'Euro-2016 en France.