Au pays de la 'Roja', la presse est amère. "La fin d'une époque", titre 'La Tercera', au-dessus d'une photo montrant les joueurs abattus. La lourde défaite face au Brésil (3-0) était prévisible, tant le Chili a été l'ombre de lui-même dans la phase finale des éliminatoires de la zone Amérique du Sud, défait face au Paraguay (3-0) et à la Bolivie (1-0) et n'arrachant qu'une seule victoire, face à l'Equateur (2-1).
"Malheureusement, c'est la fin d'un cycle", a reconnu le sélectionneur, l'Argentin Juan Antonio Pizzi, qui a présenté sa démission. Vidal a quant à lui laissé entendre qu'il mettait un terme à sa carrière internationale.
"Merci les gars, pour tout, pour toutes ces années ensemble, à jouer sa vie à chaque match, pour m'avoir appris et avoir appris à un pays qu'avec des efforts et du travail tout est possible dans la vie", a écrit le joueur du Bayern Munich sur son compte Twitter, s'adressant visiblement à ses partenaires en sélection.
Il a dit avoir "l'âme détruite" par l'élimination, mais aussi "être fier des joueurs et du staff technique" de l'équipe nationale.
La débâcle du Chili a commencé après avoir disputé la finale de la Coupe des Confédérations, face à l'Allemagne en juillet. L'équipe a semblé dès lors perdre pied, oubliant ses fondamentaux, jeu rapide et possession. A cela s'est ajoutée l'usure de ses joueurs-clés, épuisés par l'enchaînement entre matches en club, principalement en Europe, et rencontres en sélection.
Ils "s'entraînaient bourrés"
Mais la fatigue concerne toutes les grosses équipes. Au Chili, il y a un autre facteur: plusieurs joueurs ont été impliqués dans des scandales autour de fêtes arrosées en pleine période de concentration durant les éliminatoires.
Quelques heures avant la défaite face au Paraguay, Arturo Vidal s'amusait ainsi dans une fête animée d'un casino proche de Santiago.
L'épouse du gardien Claudio Bravo l'a résumé sèchement sur son compte Instagram: "Je sais que la majorité n'en foutaient pas une, tandis que les autres faisaient la fête et même s'entraînaient bourrés".
"Quand on enfile le maillot, il faut le faire avec professionnalisme", a-t-elle asséné, "car maintenant, c'est tout un pays qui pleure".
Pour les supporters chiliens, c'est la douche froide, après une décennie où ils avaient fini par croire aux chances de leur équipe sur la scène mondiale.
En 2007, quand un groupe de jeunes joueurs avaient décroché la troisième place au Mondial des moins de 20 ans, les spécialistes saluaient l'émergence d'une nouvelle génération, menée par un garçon brun et maigre, tout juste sorti de l'adolescence, et un enfant timide, attaquant de talent: Arturo Vidal et Alexis Sanchez.
Le duo magique, entraîné par le mythique sélectionneur argentin Marcelo Bielsa, mènera le Chili au Mondial-2010 en Afrique du Sud, mettant fin à 22 ans d'absence dans la compétition reine.
Après une période d'errements avec l'arrivée Claudio Borghi comme sélectionneur, la 'Roja' avait repris ses bonnes habitudes, se qualifiant avec Jorge Sampaoli pour le Mondial 2014 au Brésil, où elle chutera honorablement en huitièmes de finale. S'en suivront les deux trophées coup sur coup en Copa America.
"Je garde le meilleur de ces dix ans, ce qui a été gagné est là", a confié Gary Medel, milieu de terrain de cette génération dorée et déjà nostalgique.