Mondial 2018 : Jimmy Durmaz, le migrant suédois

Les bras tatoués du barbu de 28 ans aux 40 sélections, né à Örebro (sud), portent la trace indélébile de sa foi de chrétien d'Orient. Et ses racines familiales l'ont amené à être particulièrement sensible à la crise des migrants lors de laquelle le joueur, alors à l'Olympiakos, a aidé des associations caritatives.
"Ces gens viennent des mêmes pays que moi. Ma mère a connu la guerre au Liban. Elle m'a souvent raconté ce qu'elle a vécu, elle m'a dit qu'elle ne devrait plus être là aujourd'hui", confiait Durmaz dans 'L'Equipe' en novembre dernier. "Les gens pensent que ces réfugiés veulent de l'argent. Ils ont juste besoin d'une main tendue de la part de nos sociétés pour survivre à ce qu'ils fuient", ajoutait-il.
Un discours qui détonne dans le monde "bling-bling" du football comme Durmaz détonne dans la sélection suédoise.
Fils d'immigrés, il sait que son parcours n'est pas des plus communs et qu'il doit beaucoup à la superstar Zlatan Ibrahimovic, né d'un père bosniaque et d'une mère croate, qui a pris sa retraite internationale après le dernier Euro en France.
"Il nous a ouvert tellement de portes"
"Il nous a ouvert tellement de portes. Il a offert un horizon aux gens qui ne venaient pas de Suède: regardez, on n'est pas obligés de s'inscrire dans le moule traditionnel. Il nous a permis de croire qu'on pouvait réussir nous aussi", disait-il, toujours dans 'L'Equipe'.
Après avoir éclos à Malmö (2008-2012), où il a joué avec son coéquipier au TFC et en sélection Ola Toivonen, Durmaz est parti en Turquie, le pays de son père dont il a obtenu la nationalité, au club ankariote de Gençlerbirligi (2012-2014) avant de poursuivre sa route à l'Olympiakos (2014-2016). Des pérégrinations lors desquelles il a remporté un Championnat de Suède (2010) et deux de Grèce (2015, 2016).
Arrivé à Toulouse l'été 2016, le gaucher a été l'une des révélations du bon début de saison de la troupe de Pascal Dupraz et s'est même offert le luxe de marquer face au PSG en septembre (2-0). Avant de connaître, comme son club, une deuxième partie de saison difficile, passée en partie sur le banc, qui ont alimenté des rumeurs de départ.
"J'ai commencé fort et ça allait vraiment bien (...) mais ensuite ça s'est complètement retourné et je n'ai plus joué du tout", a-t-il indiqué début juin dans le quotidien 'Expressen'.
"C'est un joueur qui crée"
"C'est un joueur qui crée, il se passe toujours quelque chose avec lui, c'est un garçon sympa mais il a eu quelques soucis physiques qui l'ont empêché d'être performant", expose son entraîneur Pascal Dupraz à l'AFP, en assurant que Durmaz resterait toulousain la saison prochaine "pour qu'il confirme le bien qu'on pense de lui".
"Je suis parti pour rester. Ensuite on verra ce qui se passe. Ils voudront peut-être me vendre quand je reviendrai", avance pour sa part Durmaz dans 'Expressen'.
Mais avant de revenir, celui qui est devenu l'un des joueurs qui comptent de la sélection suédoise orpheline d'"Ibra", a gros à jouer face aux Bleus, dont les Suédois sont les dauphins dans le groupe A de la zone Europe avec 3 points de retard.
"Cela nous inspire de pouvoir montrer ce qu'on sait faire face à la France" qui "nous respecte plus qu'elle ne le faisait avant", a-t-il dit mardi au site internet Fotbollskanalen. Et Durmaz n'y est pas étranger.