Tous les fans de foot de l'île se souviennent de l'échec des leurs en barrages, qui constituaient la dernière marche avant la Coupe du monde brésilienne. Il était frustrant (0-0, 0-2), mais annonçait l'émergence d'une belle équipe.
"Perdre contre la Croatie à l'époque n'avait fait que motiver les joueurs à avoir de meilleurs résultats. Après ce match en 2013, ils se sont retrouvés au vestiaire et juré de se qualifier pour l'Euro", raconte Vidir Sigurdsson, chef des sports au quotidien Morgunbladid.
Ils y sont parvenus, y ont brillé (quarts de finalistes), et visent maintenant le Mondial, auquel l'Islande n'a jamais participé.
Pour l'instant c'est bien parti. Après un bon nul 1-1 en Ukraine, les Islandais ont puni à domicile une Turquie elle aussi sur la lancée de son Euro, trop passive (2-0).
Puis il y a eu ce match incroyable contre la Finlande. L'Islande semblait retomber dans un vieux travers, la naïveté, avant de faire vibrer tout Reykjavik avec deux buts inscrits aux 90e et 96e minutes (3-2).
Prochaine étape samedi. "Zagreb c'est un gros test, surtout sachant que seule une équipe se qualifie directement pour le Mondial. A priori la Croatie a le plus de chances de remporter le groupe", rappelle Vidir Sigurdsson.
Côté sélection, on a préparé le choc dans un certain silence médiatique. Rare déclaration du sélectionneur Heimir Hallgrimsson, à Morgunbladid vendredi: "Nous sommes tous conscients qu'un match difficile nous attend mais il y a un excellent état d'esprit parmi les garçons et je sais qu'ils donneront tout".
- Sigthorsson forfait -
La particularité sera de jouer à huis clos, une nouvelle fois. De la même manière que la Fifa avait puni les Ukrainiens pour des chants et slogans racistes, elle a sanctionné les Croates. Mais même dans un stade qui sonnera encore creux, les supporters islandais s'attendent à un match extrêmement difficile.
"J'ai vraiment peur. Ils ont une bonne équipe qui sera difficile à battre", confie Sveinn Einarsson, 46 ans.
La Croatie, jusque-là, a concédé des points à domicile face à la Turquie (1-1), puis gagné au Kosovo (6-0) et en Finlande (1-0).
"Je suis inquiet au sujet de tous les attaquants blessés, mais heureusement nous en avons quelques autres!", se rassure Arnar Gudmundsson, 36 ans.
Il veut parler des forfaits de Finnbogason (Augsbourg) et de Sigthorsson, prêté à Galatasaray par Nantes. Le site internet du quotidien Frettabladid parie qu'en leur absence, Hallgrimsson pourrait choisir de faire une exception au traditionnel 4-4-2 pour muscler son milieu.
Mais le jeu direct et engagé qui avait permis de déjouer les pronostics lors de l'Euro en France est toujours là. Même intensité physique, même rapidité pour porter le danger, même efficacité devant le but.
Le retour de l'ancien coach Lars Lägerback dans son pays natal, la Suède, s'est à peine fait ressentir.
"On dirait que Heimir travaille vraiment de la même façon que Lars", estime Petur Jonsson, supporter de 23 ans.
Ce que confirme l'expert, Vidir Sigurdsson: "Il n'y a pas de différence visible jusqu'ici. La seule, c'est que l'équipe n'a pas eu d'attaquant aussi puissant que Kolbeinn Sigthorsson, qui est très fort de la tête, parce qu'il n'a pas pu jouer. À part ça, l'organisation et le rendu sont les mêmes".