Messi se sent incomplet. Il traîne l'absence de titre avec son équipe nationale comme une dette insupportable. La victoire aux JO est le seul titre conquis pour le pays qu'il a quitté à 13 ans, pour s'installer en Catalogne. Il aurait pu opter pour la sélection espagnole mais son attachement à l'Argentine est trop fort.
Dans la nuit de mardi à mercredi à Quito, le monde du football aura les yeux braqués sur lui. Contre l'Equateur lors de la 18e et dernière journée des éliminatoires sud-américains pour le Mondial-2018 en Russie, il devra relever un défi: éviter que l'Argentine soit éliminée.
En 2016, après la désillusion d'une troisième finale perdue en deux ans (Mondial-2014, Copa América 2015 et 2016), il avait annoncé sa retraite internationale.
Beaucoup peuvent penser qu'il est comblé: milliardaire, un des plus grands joueurs de l'histoire du football, mariée à une Argentine aux rondeurs que la presse people ne manque pas de souligner, père de deux enfants, etc...
"Il y a une épine dans ma carrière qui est la sélection, on a joué plusieurs finales et nous n'en avons gagnée aucune", lâche le natif de Rosario.
Seul
Jeudi dernier, sur la pelouse de La Bombonera, avant le triste match nul 0-0 contre le Pérou, la caméra de la télévision argentine s'est attardée sur Messi. Le stade et ses coéquipiers s'époumonaient à chanter l'hymne national, et le capitaine restait muet, il semblait en colère, furieux. Déjà dans son match.
Durant la partie, il a été impliqué dans toutes les occasions de but de son équipe, sauf une. Dans un collectif peu inspiré, il cherchait à faire la différence, seul.
Ricardo Bochini, ex-gloire du football argentin et membre de l'équipe championne du monde en 1986, estime que "Messi n'a personne avec qui jouer. Personne n'est en mouvement pour recevoir le ballon".
"+Leo+ a un caractère très spécial, introverti, mais il doit être très angoissé", commente Enrique Domínguez, son entraîneur dans son club formateur de Newell's Old Boys.
"Il a le sens des responsabilités et cela ne le gêne pas. Je l'ai vu à 11 ou 12 ans à la lutte avec des rivaux deux fois plus grands que lui et il n'a jamais baissé la tête", nuance-t-il toutefois.
Arme fatale
Héros discret, il ne nie pas sa timidité. Il ne se signale pas par son charisme. A Barcelone, il mène une vie tranquille, loin des excès de certains footballeurs. Son épouse Antonella Roccuzzo distille au compte-goutte des photos de leur intimité sur les réseaux sociaux.
A 30 ans, il peut encore disputer une Coupe du monde à son meilleur niveau, en juin 2018 en Russie. Peut-être sera-t-il encore en activité pour le Mondial au Qatar en 2022, mais à 35 ans, ses capacités physiques auront diminué.
Ce qu'il ne veut plus vivre, c'est la douleur de perdre une nouvelle finale. Quand il a raté son tir au but contre le Chili à New York lors de la finale de la Copa América-2016, sa douleur a ému la planète football. Quelques instants plus tard, il annonçait: "pour moi, la sélection, c'est terminé".
"Ca me fait mal de ne pas être champion avec l'Argentine. C'est incroyable, mais on n'y arrive pas. Cela fait 4 finales que je perds", avait-il dit (en ajoutant la finale 2007 de la Copa perdue). Deux mois après, il revenait finalement sur sa décision.
"J'échangerais mes cinq Ballons d'or pour un Mondial", dit-il. C'est ce qu'il lui manque pour égaler Diego Maradona, son grand rival dans le cœur des Argentins.
Autre champion du monde 1986, Jorge Valdano résume sans doute le mieux ce qu'est Leo Messi: un joueur qui semble certes inoffensif, mais qui d'un coup, peut se transformer en "arme de destruction massive".
Dernière journée (à 01h30, heures françaises) dans la nuit de mardi à mercredi:
Equateur - Argentine
Uruguay - Bolivie
Paraguay - Venezuela
Brésil - Chili
Pérou - Colombie