Il a les pieds, les mains et réalise un excellent début de saison. Gardien de la meilleure défense de Ligue 1 avec 8 buts encaissés en seulement 15 matches, Benjamin Lecomte enchaîne les bonnes performances depuis son arrivée à Montpellier l'été dernier. Pour preuve, ses huit clean sheets cette saison, soit déjà quatre de plus que la saison dernière avec Lorient, en 31 matches. "C'est totalement différent de ce que j'avais à faire à Lorient, explique-t-il. Là-bas, qu'on gagne ou qu'on perde, j'avais toujours un tas d'arrêts à faire. Aujourd'hui, j'en ai moins et il faut les réaliser pour être décisif." Un constat que fait aussi son entraîneur des gardiens en Bretagne, Patrick L'Hostis. "À Lorient, pour ses premières saisons, il avait parfois dix arrêts à faire par match. Là, il n'en a que deux ou trois et il les fait. C'est le signe d'un très bon gardien", confie à 'Goal' celui qui fait maintenant partie du staff de l'équipe de France Espoirs.
Patrick L'Hostis, qui a vu Benjamin Lecomte arriver à Lorient à 18 ans, le reconnaît : "Aujourd'hui, quand je le vois à Montpellier, avec un peu plus de bouteille, je vois le gardien que j'avais à Lorient." Seulement, la saison dernière a été un peu plus compliquée pour l'ancien Niortais, blessé. "Il est resté éloigné des terrains pendant près de deux mois. Il piaffait d'impatience de revenir et pour moi, il est revenu un petit peu trop tôt. Il a joué avec l'adrénaline, mais n'était pas encore prêt", commente Patrick L'Hostis, conscient que son ancien protégé avait tout intérêt à quitter Lorient l'été dernier pour rebondir ailleurs. "C'est un garçon qui doit marcher par paliers, dit-il. Le premier a été son départ à Dijon où il a fait une saison complète en Ligue 2. Après, Sylvain Ripoll lui a donné les clés du camion à Lorient. En trois ans, il a enchaîné plus de 90 matches et aujourd'hui il doit passer un nouveau tremplin à Montpellier."
Dijon pensait à lui l'été dernier
Pendant son année à Dijon, Benjamin Lecomte a travaillé avec Laurent Weber, et il aurait pu le retrouver si Baptiste Reynet était parti durant l'été. "Je voulais le récupérer si Baptiste partait, parce que je savais sur quoi travailler avec lui", reconnaît l'entraîneur des gardiens dijonnais, qui se souvient très bien de l'arrivée de Benjamin Lecomte à la place de... Baptiste Reynet, transféré à Lorient en 2013 : "C'était un dimanche. Il jouait contre Nantes. Il rentre à la mi-temps parce qu'Audard se blesse. Ça ne se passe pas très bien et le soir tout s'enchaîne. Le président m'appelle. Il me dit que Lorient va acheter Baptiste et qu'ils vont nous prêter Benjamin. Je suis allé voir des vidéos, je l'ai observé et j'ai rapidement décelé un potentiel."
Du côté de Lorient, c'est le président Loïc Féry qui avait acté son départ. "On ne peut pas dire que le président Féry croyait beaucoup en Benjamin Lecomte. Quand Baptiste est arrivé, il a joué d'entrée, mais dès que Fabien Audard est revenu, il s'est presque retrouvé n°3. C'était un peu n'importe quoi à l'époque", explique Patrick L'Hostis, soutenu dans son argumentaire par Laurent Weber : "Ce n'était pas très clair pour Ben. Je crois qu'il a appris la nouvelle par les journaux. Il a fallu l'appeler et lui expliquer qu'il pouvait se relancer. Ce n'était pas évident au départ, mais ça s'est bien passé par la suite ." Le hasard a en quelque sorte bien fait les choses pour Benjamin Lecomte qui s'attelle maintenant à confirmer dans l'Hérault.
Benoît Costil, un exemple à suivre
Et l'équipe de France alors ? Laurent Nicollin a lancé le débat cette semaine. "Lecomte réussit un début de saison exceptionnel qui, selon moi, pourrait lui permettre d'être appelé comme troisième gardien chez les Bleus. Une chose est sûre, il fait partie aujourd'hui des cinq meilleurs gardiens du championnat", a lâché le président montpelliérain. Ce à quoi Benjamin Lecomte a répondu vendredi : "L'équipe de France, c'est le Graal. Est-ce que je suis dans les cinq meilleurs gardiens ? Est-ce que j'ai ma place comme n°3 en sélection ? Je n'en sais rien..." L'ancien Lorientais a simplement réaffirmé son envie d'avancer. "Je travaille pour faire la meilleure saison possible, pour me remettre en selle. Pour l'instant, ça se passe bien. Si j'arrive à faire 38 journées comme les 15 premières, j'aurais peut-être d'autres perspectives, mais pour l'instant je suis concentré sur ce que je fais avec Montpellier", assure l'intéressé.
Patrick L'Hostis estime, lui, que Benjamin Lecomte a encore une grande marche à franchir pour rebattre les cartes chez les Bleus. "Pour moi, il fait partie des bons gardiens de Ligue 1. Du top 4. Mais pour aller au niveau international, il faudra qu'il franchisse un nouveau tremplin et pour passer au-dessus il devra jouer des matches européens", explique-t-il, prenant comme exemple la progression de l'ancien Rennais Benoît Costil, passé par la Ligue 2 avec Vannes et Sedan avant de découvrir les A. "Avec Benj, on a souvent parlé de Benoît qui, dans son déroulement de carrière, est un exemple. Le début de carrière de Benj me fait un peu penser à celui de Benoît Costil, admet l'adjoint de Sylvain Ripoll. Cette année, c'est sa quatrième saison au haut-niveau. Il a déjà joué plus de 100 matches en Ligue 1. À 26 ans, il arrive aussi dans la force de l'âge." Et comme le bon vin, il semble bien qu'il se bonifie avec le temps.