Parfois bougon, l'entraîneur était même franchement en colère vendredi, en conférence de presse.
"Quand le vice et la bêtise sont conjugués, ça fait un cocktail détonnant", a-t-il lâché lorsqu'il a été interrogé par la presse sur un éventuel ultimatum que lui aurait adressé la direction du club.
L'hebdomadaire France Football l'a dit menacé, un site internet est même allé jusqu'à dire que son remplaçant aurait déjà été trouvé en la personne de Claude Puel et que Rennes devait prendre six points lors des trois prochains matches pour qu'il soit épargné.
Six points sur un déplacement à Marseille, la réception de Nice et un déplacement à Saint-Étienne, alors qu'il en a pris deux contre Troyes, Lyon, Dijon et Toulouse, cela ressemble fort à une mission impossible.
"Il y a eu une rumeur faisant état (de mon) remplacement. Quand je sais comment c'est créé par un pseudo-agent de connivence avec un journaliste, capables de créer ce phénomène d'entraînement, c'est un cas d'école", tempête Gourcuff.
Un psychodrame dans un verre d'eau, alors ? Pas seulement, mais c'est en tout cas une affaire typiquement renno-rennaise, qui renvoie aux "forces obscures" gravitant autour du club dénoncées par Frédéric Antonetti en son temps à la tête des rouges et noirs.
Certains articles appuyaient lourdement sur son âge, sous-entendant qu'il était dépassé, que ses méthodes ne fonctionnaient plus et qu'un gouffre se creusait avec les plus jeunes joueurs...
"Ce ne sont pas des journalistes qui sont proches de l'équipe et de la vie du groupe qui l'ont communiqué, ce sont des personnes extérieures qui sont très loin", a-t-il plaidé.
"Qu'on n'ait pas la banane quand on arrive à l'entraînement, c'est normal. On a des joueurs responsables qui savent bien que la situation comptable ne correspond pas aux ambitions du club et à leur ambition, mais il y a une bonne application dans le travail, rien à dire de ce côté là", a estimé l'entraîneur.
Il ne nie pas qu'une nouvelle salve de mauvais résultats en septembre rendrait sa situation encore plus précaire, d'autant que la mauvaise passe bretonne dure en fait depuis novembre dernier, avec six succès sur les 31 derniers matches de championnat seulement.
"Je n'ai même pas à le dire, je ne suis pas idiot, un moment donné il faut gagner des matches et prendre des points. Dans le foot professionnel, il y a toujours urgence, tous les entraîneurs sont à la même enseigne", a-t-il concédé.
"Après il y a des endroits où c'est plus serein pour travailler, ce qui est un luxe dans le monde actuel, et ici c'est le cas", a-t-il assuré.
Une sérénité toute relative, comme le montre le clash qui a mené au départ -fut-il sous la forme d'une rupture conventionnelle de contrat- de l'entraîneur des gardiens, Christophe Revel, deux jours après le recrutement de Tomas Koubek pour prendre la place à son protégé Abdoulaye Diallo dans les cages.
Mais à 62 ans, à défaut d'être serein, Christian Gourcuff est philosophe.
"Je suis venu ici parce qu'on m'a demandé de venir pour un projet de jeu. Je m'y tiendrai. Et le jour où on me demandera de partir, il n'y aura aucun problème avec la direction et avec l'actionnaire que j'ai régulièrement (au téléphone)", a-t-il assuré.