L'idée était de faire passer la démission d'Oscar Garcia, quatre mois seulement après son arrivée, pour un dérapage contrôlé. En nommant Julien Sablé à la tête de l'équipe première, Roland Romeyer espérait réécrire les bonnes pages de l'ère Christophe Galtier avec la promotion interne d'un jeune entraîneur attaché à l'institution des Verts. "J'ai demandé à Julien comme je l'avais fait avec Christophe Galtier s'il pouvait devenir coach. Et ce n'est pas un intérim. Julien a mon entière confiance. Je n'ai contacté aucun entraineur et je n'en contacterai aucun", avait ainsi lancé le président de l'ASSE lors de la conférence de presse d'intronisation de son nouvel entraîneur. Un mois plus tard, la situation a quelque peu évolué puisque sans le Brevet d'Entraîneur Professionnel de Football (BEPF) qui l'empêche légalement d'exercer sans que son club ne s'acquitte d'une amende hebdomadaire après un délai de 30 jours, Julien Sablé a vu débarquer Jean-Louis Gasset pour l'épauler. Trois défaites et deux matches nuls plus tard, la situation confuse au sein de l'organigramme sportif interpelle.
Ce vendredi, la réception de l'AS Monaco (20h45) sonne la fin du seuil de tolérance prévu par le règlement et l'ASSE, actuellement 15ème à deux points de la place de barragiste, devra donc payer 25 000 euros par match pour les suivants si Julien Sablé restait toutefois l'entraîneur principal. Une hypothèse qui ne serait pas la bienvenue sur le plan financier mais également sportif où beaucoup trouvent à redire. "Les entraînements ressemblent à ce qu'on fait en U15 et les joueurs s'en plaignent, témoigne une source en interne. Il y a quelques jours, les joueurs ont même interrompu une opposition à l'entraînement parce qu'ils ne comprennaient pas pourquoi un milieu de terrain jouait avant-centre". Une défiance ressentie à l'intérieur du groupe et qui devrait contribuer à un changement de structure durant la trêve.
L'arrivée de Jean-Louis Gasset, qui s'est engagé jusqu'à la fin de la saison, n'a pas changé grand-chose aux problèmes rencontrés par les coéquipiers de Loïc Perrin. L'entraînement, les consignes tactiques, les compositions d'équipe, la communication... Tout est piloté par Julien Sablé qui ne laisse donc qu'une place de figurant à l'ancien adjoint de Laurent Blanc. "À l'entraînement, il ne parle quasiment pas. Il observe beaucoup, donne quelques fois un petit conseil mais il n'est vraiment pas partie prenante", explique un habitué de l'Etrat.
Des semaines d'observation qui pourraient bien laisser rapidement place à la véritable action. Selon nos informations, Julien Sablé devrait prendre du recul dans les semaines à venir pour se consacrer à son diplôme d'entraîneur. Après la réception de Monaco et le déplacement à Guingamp pour conclure la phase aller, le staff technique devrait donc être repensé pour terminer la saison et maintenir le club. La suite la plus logique voudrait que Jean-Louis Gasset - peut-être épaulé de Ghislain Printant qui l'avait secondé pour redresser Montpellier après l'éviction de Frédéric Hantz en janvier dernier - reprenne le flambeau. Mais à bien étudier la stratégie stéphanoise, la logique ne l'emporte pas toujours.