Voilà à quoi les Jeux olympiques de Tokyo pourraient ressembler cet été pour les éventuels spectateurs, si l'événement, après avoir déjà été reporté l'an dernier à cause de la pandémie, n'est pas annulé.
"On a envie de crier quand il y a un but, mais on doit essayer de se contrôler", explique à l''AFP' Daiya Inoue, 26 ans, supporteur du club Kawasaki Frontale, présent fin décembre au Stade national pour assister à la finale de la Coupe de l'Empereur, gagnée 1-0 par son équipe favorite.
"On a réussi à contenir nos émotions pour créer un environnement où les gens peuvent assister (aux matches, NDLR) en toute sécurité", ajoute-t-il.
La flambée des infections au Japon, qui a entraîné ce mois-ci un nouvel état d'urgence dans 11 départements, dont celui de Tokyo, sème de nouveau le doute sur la possibilité de tenir les JO cette année.
Les organisateurs maintiennent pour l'instant que l'événement aura lieu, mais la pandémie mondiale persistante les force déjà à faire des choix douloureux.
Le nombre de spectateurs sur chaque site sera très vraisemblablement limité, et l'autorisation ou non du public étranger doit être débattue en février-mars. Et le nombre de sportifs conviés à la cérémonie d'ouverture devrait être réduit de moitié, a affirmé lundi le quotidien 'Yomiuri'.
Atmosphère "complètement différente"
Le comité d'organisation de Tokyo-2020 a publié en décembre un rapport décrivant comment les JO pourraient se dérouler même sans vaccins contre le coronavirus.
Il sera notamment interdit de crier ou de "parler fort" dans les stades pour éviter de répandre des postillons.
Les spectateurs devront aussi se laver régulièrement les mains et éviter les espaces clos, porter le masque et conserver leurs billets pour améliorer la traçabilité d'éventuels cas contacts, selon ce rapport.
Les amateurs de football au Japon sont soumis à des restrictions similaires depuis la reprise de la J-League début juillet, après quatre mois d'arrêt.
Après une brève période où les stades étaient vides, une jauge de 5 000 spectateurs par match a été appliquée, bien qu'il soit interdit d'agiter des drapeaux, de manger et de boire, en plus de faire du bruit.
Progressivement, les restrictions avaient été assouplies pour que les fans puissent applaudir, jouer du tambour et boire de l'alcool, mais toujours pas acclamer ou chanter. Et le plafond de 5 000 spectateurs, ou de 50% des capacités d'accueil d'un site, a été réinstauré depuis l'état d'urgence.
Lisa Inoue, autre fan du Kawasaki Frontale, confie qu'il a fallu du temps pour s'habituer à ces règles.
"J'ai dû m'empêcher d'acclamer lors des premiers matches, mais j'ai commencé à apprécier de pouvoir entendre ce que disaient les joueurs et l'entraîneur", explique-t-elle à l''AFP'. "L'ambiance est complètement différente".
Autodiscipline japonaise
Tout le monde n'est pas convaincu que les visiteurs étrangers pour les JO puissent faire preuve d'une telle autodiscipline.
"Les Japonais ont tendance à regarder ce que font les gens autour d'eux, et quand ils voient que les autres ne crient pas, ils ne crient pas non plus", observe Kentaro Sawada, autre supporteur du Kawasaki Frontale, qui prévoit d'être bénévole pour les Jeux. "Nous avons eu de l'entraînement mais pour eux (les étrangers, NDLR), ce sera nouveau".
Toshiro Muto, directeur général de Tokyo-2020, a admis que les mesures contre le Covid-19 rendraient les Jeux "différents" avec une atmosphère "simple, plutôt que festive".
L'enthousiasme pour l'événement a chuté au Japon, un récent sondage montrant que plus de 80% des personnes interrogées sont désormais opposées à sa tenue cette année, redoutant que l'événement n'aggrave la pandémie.
Les organisateurs ont dit avoir accepté le remboursement de 810 000 billets achetés au Japon, soit 18% du total initialement vendu dans le pays.
"Les Jeux olympiques sont l'occasion pour les gens du monde entier de se réunir, de communiquer et d'interagir", souligne Ryo Hajimoto, autre fan du Frontale. "Si vous n'avez pas ça, vous commencez à vous demander si ça vaut la peine".