Après le coup d'envoi, l'ambiance était bonne pour cette retransmission dans le stade François-Coty d'Ajaccio. Les supporters donnaient de la voix pour acclamer l'entrée de l'équipe corse de L2, huant celle des Toulousains (Ligue 1).
Le match a été délocalisé à Montpellier par la Ligue de football professionnel (LFP) en raison des nombreux incidents survenus lors du match de pré-barrage de L2 qui a opposé dimanche l'ACA au Havre, finalement remporté par l'AC Ajaccio (2-2, 5-3 aux t.a.b.).
Parmi les anonymes qui ont fait le déplacement, Mathieu Coutadeur et Joris Sainati, expulsés dimanche sont présents pour encourager leurs co-équipiers.
La retransmission est gratuite et 25 stadiers empêchent l'accès à la pelouse. Deux écrans géants ont été installés aux extrémités de la diagonale du terrain.
"Ça m’attriste pour l’ACA. Ça les handicape un petit peu et ça nous handicape nous aussi de ne pas les voir à domicile ce soir", explique Moune, 33 ans venue "en famille comme toute l’année" avec son mari et sa fille de 13 ans.
"Ce qui s’est passé est regrettable mais je pense que les médias et tout le monde ont insisté sur ce qui s’était passé alors que ça se passe comme ça dans tous les stades et chaque week-end", ajoute-t-elle.
"Ça arrive partout"
Même si les joueurs ne peuvent les entendre, les supporters applaudissent s'époumonent régulièrement "ACA! ACA!". Des sapeurs-pompiers, supporters de l'ACA, sont là aussi, mêlant "l'utile à l'agréable".
Dans cette ambiance détendue, beaucoup d'enfant, dont certains lâchent régulièrement un "enculés de Français".
Chloé Bonelli, 16 ans, est venue avec trois copines et quatre copains encourager son équipe. Elle juge "pas normal" que son équipe soit privée de ses fans.
"Il y a des incidents partout, juste parce qu'on est Corses, ils nous pénalisent" regrette-t-elle. "Je pense que si on avait joué a domicile ils auraient gagné facilement et là, sans leurs supporters, ils vont avoir du mal".
Elle vante également la "grosse ambiance" des stades corses. "On rigole beaucoup mais c'est pas méchant, l'ambiance est très bon enfant".
"Je peux comprendre les joueurs du Havre mais ça arrive partout et je pense que c'est vraiment du racisme anti-Corse de la part des réseaux sociaux, des médias et de la ligue".
Anthony Madaghdjian, un Marseillais de 29 ans court derrière ses deux petites nièces et son neveu, de 2 ans, 5 ans et 6 ans. "Je suis confiant vu la saison qu'ils ont fait" dit-il en arborant le maillot du club comme les enfants qui l'accompagnent ".
"La mentalité des supporters est très chaleureuse ici, plus qu'à Marseille où ils font du bruit pour faire du bruit. Là c'est familial, convivial", apprécie cet amoureux des stades qui y vient "dès qu'il le peut" pour "supporter l'ACA et l'OM à 50-50".
Ce match se joue moins d'une semaine après le caillassage du bus des Normands, lors duquel des insultes racistes ont été proférées. Le match a été reporté et s'est fini dimanche par cinq exclusions après des échauffourées.
La polémique n'a cessé d'enfler depuis, de nombreux élus corses fustigeant un climat "anti-corse".
Pour Jean-Luc Perraut, habitant Eze-sur-mer et abonné à l'AS Monaco, "c'est un vrai match de coupe, engagé mais correct" juge-t-il.
Sur le but des Toulousains peu avant la mi-temps, ce supporter de l'ACA depuis 1971 venu avec son frère et son neveu, estime qu'il "était imparable, c'était très bien tiré". Un but qui a laissé le stade silencieux, certains enfants exprimant leur déception en jetant à terre leur drapeau.
Mais dès la mi-temps, le chant Corse "Mi ne vocu" a retenti, comme à chaque grand événement dans l'île, et les supporteurs ont poussé la chansonnette pour se redonner du courage.