La dernière fois que le PFC a affronté le PSG en première division, en décembre 1978, le capitaine Vincent Demarconnay, 35 ans, n'était pas né. Ni les enfants, adolescents et la plupart des supporters qui occupent la seule tribune ouverte de l'enceinte vide du 13e arrondissement, contre l'AC Ajaccio en février.
C'est dire à quel point le défi est grand. Mais après une dizaine d'années en National, une accession en L2 en 2015 immédiatement suivie d'une descente, et la remontée en 2017, voilà que le Paris FC, gagné par la stabilité, rêve à nouveau de côtoyer son prestigieux voisin.
Et de tordre le cou à ce vieux serpent de mer des deux clubs parisiens en L1, une situation qui n'a plus été vue depuis 1990 et la descente du Racing, qui rend Paris, mégapole de 2 millions d'habitants intramuros, si mal pourvue par rapport à ses homologues européennes.
"Tout le monde nous voit un peu vite en Ligue 1, tempère le président du club Pierre Ferracci auprès de l'AFP. J'ai dit qu'on monterait dans les trois, quatre ans qui viennent. En même temps, si un accident sympathique arrivait avant, on assumerait."
Décollage à Orly
"Ce serait mentir de dire que le club est totalement prêt pour monter aujourd'hui. Le projet se met en place, le 'process' est en cours, d'ici trois ans, on sera plus armés pour se préparer à la L1", explique le gardien Demarconnay, au PFC depuis 2008.
Car cette saison, ce n'est pas sur le terrain que la formation entraînée par Mecha Bazdarevic a remporté sa plus belle victoire, mais à Orly. Depuis la fin d'année, elle a établi ses quartiers dans son nouveau centre d'entraînement, appelé à devenir la base de lancement du projet parisien.
Les jeunes du centre de formation, la section féminine qui évolue en D1 et le groupe pro se côtoient sur ce site qui représente 7,5 M EUR d'investissements - le budget du club est de 12,5 M EUR. "C'est un outil absolument indispensable pour sortir de la préhistoire. Le moteur économique et sportif du club, c'est la formation, et ça le sera encore plus demain", renchérit Pierre Ferracci.
Orly contribue aussi à forger une identité pour le PFC, qui veut se démarquer du PSG. "Notre identité est simple, nous sommes un club parisien formateur", résume Pierre Dréossi, le manager général présent depuis 2015.
Camion-kebab et "élitisme" parisien
Sur le terrain, le club a aussi fait de la solidité défensive sa signature sportive: il possède cette saison la meilleure défense de la Ligue 2. "On a gardé ça de toutes les difficultés qu'on a rencontrées pour retrouver la deuxième division. C'est aussi l'ADN de la réussite de la L2", poursuit le dirigeant passé par Rennes et Lille.
Insister sur la formation, augmenter le budget autour de 20 M EUR... Il ne reste plus qu'à trouver un stade ! Là encore, le PFC part de très loin. Demarconnay se souvient de matches au petit stade Déjerine, le fief du club porte de Montreuil, "où l'adversaire se demandait où il mettait les pieds, du hip-hop passait sur des enceintes posées sur des trépieds et de la fumée s'échappait du camion-kebab en bord de terrain".
A Charléty, un peu de 2.000 personnes sont venues un vendredi dernier - une goutte dans les 19.000 places de l'enceinte à l'atmosphère froide, avec une piste d'athlétisme et des courants d'air. "C'est aussi compliqué pour accueillir les partenaires, décrit Ferracci. À terme, pour s'installer en Ligue 1, il faudra rénover Charléty".
"Ce n'est pas un stade de foot !", lance Maxence Glevarec, leader du groupe de supporters Ultras Lutetia qui parle aussi "du Parisien élitiste" qui boude la L2 qui n'est pas "clinquante". Mais lui continue de venir: "Supporter le PFC, c'est une autre vision du foot ! C'est parfois moche en L2, mais les joueurs m'ont fait aimer le club. C'est plus humain." Dans l'ombre, jusqu'à quand?