Comment avez-vous évacué la mauvaise saison dernière?
"En n'y pensant plus, honnêtement, et puis moi j'ai connu cet échec de ne pas aller à l'Euro Espoirs. Je suis parti en vacances, il fallait se couper du foot, un peu, moi c'est rare que je coupe, mais là j'en avais besoin. J'ai pensé à autre chose, je n'ai rien regardé, je suis même allé voir du baseball quand j'étais en vacances à Los Angeles. On a fait une saison très, très moyenne, mais sur le plan individuel, j'étais satisfait de ma saison. Collectivement, on en a déjà parlé plein de fois, trop de choses n'ont pas marché. Peut-être qu'on s'est tous laissé aller, les joueurs, le staff, tout le monde. On s'est vu trop beaux parce qu'on venait de faire une finale d'Europa League."
Avec les Espoirs, il vous reste les JO-2020...
"La non-sélection à l'Euro m'a mis un coup, je pensais avoir tout fait pour y aller, la fin de saison a été dure pour moi. Mais le football c'est comme ça, un jour c'est non, et peut-être dans six mois ce sera oui. Je comprends maintenant ce que c'est le football, c'est dur, mais c'est comme ça."
Chaque saison, vous avez surmonté des périodes moins bien, et joué entre 35 et 45 matches. Comment l'expliquez-vous?
"C'est un peu ma force mentale, quand tout le monde croit que ça y est, c'est fini pour moi, je ressors. Il y a deux ans, j'avais sorti des gros matches en Europa League quand je n'étais pas bien, et j'étais redevenu un titulaire. L'année dernière, pareil, en début de saison je ne jouais pas trop, puis j'ai fait quelques bonnes rentrées notamment à Rennes, où on perd 2-0 et finalement on fait 2-2, ou à Guingamp, où on est à 0-0 puis on gagne 4-0 après mon entrée en jeu. Quand on perd contre Andrézieux (club de N2 en Coupe de France, 2-0), là, c'était un peu la crise. Ce qui m'a boosté, c'est que dans une situation aussi critique, parce que c'était compliqué de jouer dans cette atmosphère, j'ai réussi à tirer mon épingle du jeu. Il y a des joueurs qui ont peut-être du mal à jouer quand c'est comme ça, mais moi au contraire j'aime bien. Parce que je connais l'ambiance, je suis du cru, ça ne me fait pas peur."
Vous comptez 119 matches pro à l'OM, mais on vous appelle encore le minot, ça vous agace?
"J'espère que ça va passer le coup du minot, mais c'est comme ça, à moi de montrer sur le terrain que je ne suis plus un minot. Je ne me suis jamais enflammé. Le foot m'a mis tellement de coups derrière la nuque... Je ne vais pas commencer à parler, à annoncer que je vais marquer 10 buts, jamais de la vie. Dans le foot, le karma est trop rapide."
En tant que Marseillais, les critiques comme les louanges sont souvent excessives, passionnelles, que répondez-vous quand on vous reproche de faire surtout des passes faciles?
"D'une manière générale, j'ai complètement arrêté de regarder ce qui se dit sur moi. Franchement, ce débat des passes en arrière me fait rire. Ce qui m'a affecté un peu, c'est qu'en fait, l'année dernière, je figure dans les meilleures stats des joueurs de Ligue 1 pour le nombre de passes et les choses comme ça, j'étais dans l'équipe-type Opta (aligné avec Marco Verratti dans un 4-2-3-1 par le site de statistiques, ndlr). Mais vu que c'était moi, on disait: +Ouais, les passes, il les fait à 2 mètres+, alors que si ç'avait été n'importe quel autre joueur de l'équipe, on aurait dit: +Ouais, c'est bien+. Mais vu que c'est moi, 50% des gens ont dit non. Moi, ça me fait rire, les stats sont là, au final. Malgré tout, je ne ferai jamais l'unanimité."
Propos recueillis par Emmanuel BARRANGUET