L'équipe nationale algérienne va participer cette année à sa 18e CAN. Parmi les objectifs des Verts : faire mieux que lors de la précédente édition au Gabon, où ils ont été éliminés dès le premier tour. Parmi les acteurs à l'époque, il y avait Sofiane Hanni. Le milieu offensif était alors sur une bonne période et cette participation au tournoi continental avait récompensé sa belle ascension.
Hanni avait été l'un des rares algériens à se montrer à la hauteur durant cette compétition. Malheureusement depuis, et en raison notamment d'un parcours mitigé au Spartak Moscou qu'il a rejoint en janvier 2018, l'ancien joueur d'Anderlecht a perdu sa place en sélection. Il n'a toujours pas été convoqué par Djamel Belmadi et va donc rater le périple égyptien.
Le natif d'Ivry-sur-Seine n'est cependant pas démoralisé, et encore moins découragé. Il est déterminé à rebondir et retrouver au plus vite la sélection algérienne dans le futur. C'est ce qui en ressort principalement de l'interview qu'il nous a accordée. Un entretien réalisé dans le cadre d'un projet "Rétro" de la CAN et qui retrace, avec un témoin par édition, les différentes participations des Fennecs à l'épreuve continentale depuis 1968.
"En 2017, notre objectif était bien de gagner la CAN"
Dans quel contexte avez-vous abordé la CAN 2017 ? On se souvient qu'il y a eu beaucoup de changement de coaches au sein de la sélection algérienne à cette époque. Malgré cette situation, êtes-vous partis confiants et sereins pour le Gabon ?
"On était partis avec l'état d'esprit de gagner la CAN. On est l'Algérie, on savait que ça n'allait pas être facile. Mais notre objectif était bien d'aller au bout. Il y a eu les changements d'entraineurs oui, mais on a essayé de faire l'impasse sur ça. On a essayé de se concentrer sur notre tournoi et de faire une bonne CAN. C'était notre objectif et notre envie."
Sur le papier, l'équipe avait fière allure avec beaucoup de bons joueurs. Mais elle restait sur des accrocs en éliminatoires du Mondial 2018. Est-ce qu'il y avait cette volonté de se racheter et de retrouver la compétitivité qu'il y avait avant ?
"Oui, c'est sûr. Comme je l'ai dit, l'envie première était de bien représenter l'Algérie. On savait qu'on était attendus et qu'il fallait bien faire. On savait aussi qu'on était dans une situation un peu délicate. Mais ce qu'on voulait vraiment c'était de faire une bonne CAN et de ramener quelque chose à la maison."
Sur le plan personnel, comment ça se passait pour vous ? C'était votre premier tournoi international. Vous aviez fait vos débuts en sélection en 2016. Etiez-vous déjà bien intégré au sein de cette équipe ?
"Ça faisait quand même déjà plusieurs rassemblements que j'étais là. Je me suis très bien intégré au groupe et ils m'ont bien accueilli. J'essayais d'apporter ma touche personnelle."
Vous sortiez d'une belle saison à Anderlecht. Et on se rappelle qu'il y a eu ce petit oubli de la FAF, qui ne vous a pas retenu dans la liste des présélectionnés pour la CAN. Comment avez-vous vécu cet épisode-là assez particulier ?
"J'ai été surpris, mais après j'ai accepté. C'est comme ça. Il faut continuer à travailler dans ce cas. Je ne sais plus si c'est le lendemain ou quelques heures après que ça a été rectifié. Et j'étais bien sûr content de faire finalement partie de la liste."
Qu'est-ce qu'une participation à la CAN représentait pour vous ? Etait-ce un objectif que vous aviez en tête depuis longtemps ? Et quels étaient vos premiers souvenirs de cette compétition, lorsque vous étiez jeune et un simple fan ?
"Pour la première question, oui, j'avais hâte. Parmi mes objectifs, je tenais à valider cette première participation à une grande compétition avec mon pays, après avoir intégré la sélection. J'ai eu cette opportunité-là et c'était quelque chose d'important. On voulait faire bonne figure, mais malheureusement collectivement ça n'a pas été le cas. Et pour répondre à la deuxième question, depuis tout petit, en tant qu'Algérien, je suivais ma sélection. Que ça soit à la Coupe du Monde ou à la CAN. On les soutenait à notre manière. Et c'est les souvenirs qui me restent, en les regardant à la TV. Après, je me souviens aussi qu'à Anderlecht, il y avait un joueur ghanéen (Franck Acheampong, ndlr) qui partait souvent à la CAN et je me souviens l'avoir vu perdre la finale contre la Côte d'Ivoire."
"Mes gestes décisifs ne pouvaient me réconforter de la déception collective vécue"
Parlons de la compétition, vous débutez par un nul contre le Zimbabwe. C'était un match qu'il fallait pourtant gagner absolument. Parce que sur le papier c'était l'équipe qui était la plus abordable. Est-ce que cela a un peu plombé l'ambiance et remis en question vos certitudes ?
"Oui, c'est sûr. Faire match nul lors de cette première rencontre ne nous a pas aidés du tout. C'était très important de le gagner, et on n'a pas réussi à le faire. Ça nous a un peu fait mal. On sait que les premiers matches sont toujours importants, surtout que c'était l'équipe la moins favorite de notre groupe qui était en face. On a utilisé un joker dès le premier match. Et je pense qu'on n'a pas été assez réalistes. On ne s'est pas rendu compte que ce nul était problématique. On s'est dit que ce n'était pas grave, alors que ça l'était."
Le deuxième match c'est contre la Tunisie. C'est un rival maghrébin et il y a la notion du derby. Vous le perdez malheureusement. Comment l'expliquez-vous avec le recul ? Y avait-il trop de pression après la contre-performance du premier match ?
"Oui, je pense qu'on était sous pression. Comme vous le dites, c'est un derby et on savait aussi qu'après ce match on allait rencontrer le Sénégal. Pas mal de joueurs ont dû se dire que si on ne gagnait pas ce match, ça allait être compliqué. Et ce n'est pas la meilleure manière d'attaquer un match. Voilà, on n'a pas su faire ce qu'il fallait."
Durant ce match, vous avez marqué personnellement. Et c'était votre premier but dans un grand tournoi international. Les sentiments étaient un peu mitigés n'est-ce pas ? C'est difficile à savourer vu qu'il y a eu la défaite et une élimination quasiment actée…
"C'est sûr. Dans une situation comme celle-là, je ne pense pas trop à mon cas personnel. Je n'ai pas eu le temps de savourer, et je me rappelle qu'après avoir marqué, la seule chose que je voulais c'était de remonter le ballon au centre rapidement pour essayer de marquer le deuxième. Et après la fin du match, il y a surtout eu la déception d'avoir perdu. Et on était presque sortis de la compétition, comme vous le dites. Donc, à aucun moment, il n'y a eu de satisfaction personnelle. Marquer dans une grande compétition, ça reste positif et on y pense en rentrant chez soi, mais le plus important dans des compétitions comme celles-là, ce ne sont pas les performances individuelles. C'était essayer de remporter le titre, et nous on a échoué. J'étais assez déçu et ce n'est pas ce but qui m'a réconforté."
Le troisième match c'est contre le Sénégal. Vous êtes déjà à 90% éliminés. Vous le jouez d'entrée personnellement. Comment avez-vous vécu cette rencontre ? Etait-ce difficile de se remobiliser et de se motiver après les deux premiers matches pour essayer de sortir avec les honneurs ?
"Personnellement, non. Parce que c'était déjà pour moi la seule occasion de pouvoir démarrer un match. J'attendais ça depuis longtemps et je n'ai pas trop pensé au classement. Et il fallait qu'on gagne quoi qu'il arrive. Donc moi, j'ai préparé mon match en me disant qu'il faut tout donner et on ferait les comptes à la fin."
Au final, quel bilan tirez-vous de cette expérience ? C'était votre premier tournoi international et l'Algérie est éliminée au 1er tour. Y a-t-il malgré tout du positif à retenir ?
"Sur le plan personnel, je pense que c'était assez positif. Le public algérien a pu découvrir Sofiane Hanni et je faisais partie des rares joueurs qui ont fait bonne figure. Donc voilà, c'était une expérience personnelle intéressante. Après, moi je suis aussi un compétiteur et je veux gagner. J'étais déçu forcément de ne pas pouvoir le faire. Donc, c'était assez mitigé oui. C'était bien sur le plan personnel, même si je n'ai pas beaucoup joué, mais je pense au collectif et collectivement c'est comme si on était partis là-bas pour rien. Donc c'était assez frustrant."
"Pour la CAN 2019, je les suivrai comme supporter et après je serai toujours disponible pour la sélection"
Après cette CAN, vous avez joué neuf autres matches avec la sélection. Et le dernier c'était contre l'Iran en mars 2018. Est-ce que la sélection vous manque ?
"Bien sûr. Comme je vous l'ai dit, je suis un compétiteur et j'aime jouer des matches. Pour mon club et mon pays. Et c'est une fierté de jouer pour son pays. Ce sont des moments que j'apprécie beaucoup : jouer et défendre les couleurs de mon pays. Donc c'est quelque chose qui me manque forcément."
Vous n'avez pas été retenu pour cette CAN. On imagine que c'est un crève-cœur pour vous de ne pas y être…Surtout lorsqu'on a goûté à ce genre de tournois.
"C'est clair. Après, j'essaye d'être réaliste au maximum. Je m'y attendais. Je n'ai pas été appelé depuis la venue du nouveau sélectionneur. Donc je me suis dit pourquoi j'irais maintenant. Je m'y attendais et il n'y avait pas de surprise pour moi."
Mais vous êtes certainement motivé pour revenir dans le futur et rebondir…
"Oui, bien sûr. Moi, je suis là et j'essaye d'être bon avec mon club. Et c'est la première chose à faire. Je me tiens prêt pour l'équipe nationale. Là, je vais les suivre en tant que supporter. En tous cas, je serai toujours disponible pour l'équipe nationale."
"Je ne suis pas satisfait à 100% de mon temps de jeu au Spartak"
Et concernant le Spartak, votre club, comment évaluez-vous votre passage là-bas depuis votre arrivée il y a un an et demi…Il y a des hauts et des bas on dirait.
"Oui, c'est vrai. Je ne suis pas satisfait à 100% du temps de jeu que j'ai au Spartak. Je suis quelqu'un qui veut tout le temps jouer. J'ai toujours eu l'habitude de jouer dans les clubs, être un leader même. Au Spartak, ça a mis un peu de temps à venir, et il a fallu s'accrocher. Maintenant, il faut essayer de jouer encore plus. Et de faire ce pourquoi j'ai signé là-bas. C’est-à-dire gagner un titre."
Et vous êtes motivé pour poursuivre avec cette équipe ? Vous n'envisagez pas d'autres options ? Ou alors dans le football, tout est possible ?
"Voilà, vous avez tout dit."
Et vous commencez à prendre vos aises en Russie ? À parler un peu la langue ?
"J'apprends des petits mots par-ci, par là. Mais par rapport à la qualité de vie et la vie à Moscou, je me sens parfaitement bien. Avec ma famille, on est bien, je pense. Et jour après jour, semaine après semaine, on sera de mieux en mieux."