Que le temps passe vite. Parti de Caen en 2016 pour découvrir l'Europa League avec Anderlecht, Dennis Appiah se retrouve désormais en Ligue des champions, dans un groupe relevé avec le Bayern Munich, le Paris Saint-Germain et le Celtic FC.
Un rêve devenu réalité pour l'ancien monégasque qui va faire face au PSG de Neymar, possible adversaire direct, mercredi au stade Constant Vanden Stock. Un rendez-vous déjà crucial pour les Belges qui ont débuté leur campagne par deux lourdes défaites.
Vous avez quitté Caen pour Anderlecht en 2016, comment ça se passe pour vous là-bas ?
Dennis Appiah : Pour le moment, c'est à deux vitesses. J'ai bien débuté, sur la lancée de mon année à Caen, mais je me suis blessé après six matches (fracture du péroné, ndlr). On a mis un peu de temps à savoir ce que c'était. Je devais être absent six semaines. Au final, ça a duré quatre mois, du coup ça a pollué ma première saison. Je suis revenu en janvier, j'ai fait une petite rechute, ça s'est inflammé et j'ai dû rater trois semaines de compétition. À Anderlecht, c'est presque 6-7 matches, vu qu'on joue tous les trois jours. J'ai repris à partir de février-mars, j'ai joué les play-offs, on a été champions. J'ai terminé la saison à 25 matches, ce qui n'est pas trop mal pour un joueur qui a été blessé toute une moitié de saison.
En Ligue 1, vous n'aviez pas raté une seule minute en 2015-2016, vous voulez dire qu'ils ont réussi à casser la machine que vous êtes...
(Rires) Ils ont réussi à casser la machine de guerre pour la première année. Mais depuis, ça va, je touche du bois. Je sortais d'une saison où j'avais tout joué, donc c'était compliqué d'être écarté des terrains, mais ça fait partie du métier et on m'a vite rassuré. Tous les jours, on me demandait si ça allait, si je pouvais jouer, alors que j'avais une fracture ! Même blessé, le coach voulait que je joue, c'est dire...
Le coach, René Weiler, a été débarqué le mois dernier. Comment son départ a-t-il été vécu par l'équipe ?
C'est difficile parce qu'on a fait du bon travail ensemble. Il a été critiqué par la presse, le jeu et les résultats n'étaient pas bons, mais c'est arrivé très vite. Avec lui, on a été champions, on a atteint les quarts de finale de l'Europa League. J'ai été déçu parce qu'on lui a laissé très peu de crédit, mais il faut savoir passer à autre chose.
"La Ligue des champions, c'est un rêve qui se réalise" Hein Vanhaezebrouck, le nouvel entraîneur, vient d'arriver. Vous a-t-il fait bonne impression ?
Je ne le connaissais pas et je suis agréablement surpris. Il me fait très bonne impression, que ce soit par ses entraînements ou sa façon de penser. Avec René Weiler, c'était différent, mais pour l'instant tout va bien. Il m'a presque totalement séduit et on va tout faire pour atteindre nos objectifs avec lui.
En Ligue des champions, ça a mal débuté avec 2 défaites en 2 matches, la situation n'est pas idéale avant d'accueillir le PSG...
En tirant deux gros (PSG, Bayern) et une équipe à peu près de notre niveau (Celtic FC), on savait que ce serait difficile. La preuve, le Celtic nous a mis 3-0 à domicile. Il nous reste quatre matches, il va falloir prendre des points partout. Pour essayer de finir au moins troisième, on va devoir prendre au moins un point, soit contre Paris les deux fois, soit contre le Bayern. Il va aussi falloir battre le Celtic chez eux. On a plus le choix.
À titre personnel, c'est la première fois que vous disputez la Ligue des champions, comment vivez-vous cela ?
C'est un rêve qui se réalise. Je suis parti de Caen pour disputer la Coupe d'Europe. J'ai joué l'Europa League, maintenant la Ligue des champions. Le premier match, à Munich, j'étais très déçu de le débuter sur le banc, mais j'ai apprécié chaque moment. Si je suis là, c'est que j'ai le niveau pour jouer cette compétition et je prends tout ce qu'il y a à prendre sans avoir peur, même si en face ce sont de grosses équipes.
Jugez-vous le PSG plus fort aujourd'hui qu'au moment de votre départ ?
Ils étaient déjà très forts, notamment avec Zlatan (Ibrahimovic), mais tout tournait autour de lui. L'équipe me paraît plus équilibrée aujourd'hui, avec trois très gros joueurs offensifs (Cavani, Neymar, Mbappé). À tous les matches, ils gonflent leurs stats avec des buts ou des passes décisives. Derrière, c'est au moins aussi costaud, si ce n'est plus, parce que Marquinhos a pris de l'âge. Thiago Silva, je n'en parle pas. Et même si un des deux ne joue pas, Kimpembe est en train de prouver qu'il peut prendre la place.
Il y aussi eu l'arrivée de Dani Alvès, une référence à votre poste...
Pour tous latéraux droits, c'est une référence. Moi, j'adorais Philipp Lahm, mais Dani Alvès est passé par le FC Barcelone, par la Juve, par Séville. Il amène cette mentalité de gagnant, à tous les matches. Pour gagner, il faut tuer l'adversaire, ce que Paris n'arrivait pas forcément à faire avant, et c'est en cela qu'il va les aider à avancer.
"Qui n'est pas impressionné par Mbappé à son âge ?" Vous serez certainement l'adversaire direct de Neymar. Y-a-t-il une récette pour l'arrêter ?
On ne me parle que de ça depuis qu'on a tiré le PSG. Quand je regarde mon Facebook, je vois du Neymar partout. Mais je ne suis pas le seul à défendre. Je serai peut-être son premier vis-à-vis, mais il bouge beaucoup, il va dans l'axe, il permute avec Mbappé. Avec Cavani, ça bouge aussi. Si on ne se focalise que sur Neymar, on est foutu parce qu'il y a 10 autres joueurs qui sont capables de faire la différence. Neymar est habitué à prendre des coups et même ça, je ne suis pas sûr que ça le sorte de son match (rires). Il sait tout faire donc il va falloir trouver un truc collectivement pour minimiser son impact dans l'équipe.
Vous vous attendez à le voir permuter avec Kylian Mbappé, êtes-vous impressionné par sa précocité ?
Qui n'est pas impressionné par Mbappé à son âge ? Depuis qu'il a percé en pro, il impressionne tout le monde. C'était déjà le cas lors de ses entrées à Monaco, ça l'est encore plus aujourd'hui. Le mec est capable de prendre le ballon, de dribbler tout le monde et de faire des différences. Forcément, il impressionne. Il n'a que 18 ans et respire le football. Moi, à 18 ans, j'aurais aimé être comme lui.
Forme-t-il le meilleur trio offensif du monde avec Neymar et Cavani ?
Pour être le meilleur trio du monde, il faut gagner quelque chose au niveau continental. Aujourd'hui, c'est l'un des meilleurs trios offensifs parce que Cavani a aussi une efficacité incroyable. Les gens oublient souvent que c'est un très grand buteur. Il fait un gros travail pour l'équipe. Neymar a un objectif, le Ballon d'Or, donc il risque d'être plus fort. Mbappé n'est qu'au début de sa carrière. Il a une très grosse marge de progression, ce qui me fait dire qu'à terme ce sera l'un des deux si ce n'est le meilleur trio du monde, mais le meilleur, aujourd'hui, c'est celui du Real Madrid avec les trois (Bale, Benzema, Cristiano Ronaldo). Et encore, je dis trois, mais ils sont tout le temps en train de changer...
Vous soulignez l'importance des titres et n'échapperez donc pas à cette question : est-ce l'année du PSG en Ligue des champions ?
Ils ont les moyens sur le papier, mais c'est trop tôt pour le dire. Ça dépend de beaucoup de choses, à commencer par la forme du moment. Les dernières années ont montré qu'il ne suffisait pas d'être en forme en octobre ou novembre. L'important, c'est d'être en forme en février, mars ou avril, là où ça commence à être sérieux. Il va falloir qu'ils maintiennent ce niveau et qu'ils l'augmentent parce qu'ils vont affronter de très, très grosses équipes. Et je ne parle pas du Bayern d'il y a trois semaines qui n'avait rien à voir avec celui qu'ils pourraient retrouver plus loin dans la compétition.
Propos recueillis par Benjamin Quarez