La "belle histoire" contée à l'AFP par François Keller, directeur du centre de formation de Strasbourg, est celle d'un gamin de Forbach (Moselle) attaché au Racing qui lui a donné sa première chance.
"C'est juste formidable, j'ai tout connu avec ce club et ça fait plaisir de le voir au plus haut niveau", raconte Anthony Caci, 21 ans, qui devrait être titulaire mercredi à Saint-Etienne en match en retard de la 23e journée.
L'histoire entre la famille Caci et le RC Strasbourg aurait pourtant pu tourner court. En 2011 en effet, après la perte du statut professionnel, le club alsacien ne peut plus financer l'internat du jeune pensionnaire. Mais la famille décide de prendre le relais.
"L'hébergement, la restauration, les transports : on a dû faire face à tous ces frais. C'était beaucoup de sacrifices. J'étais le seul à travailler mais mon fils se sentait bien à Strasbourg depuis un an et on ne voulait pas le déraciner", confie à l'AFP son père Raphaël, chef d'équipe chez PSA à Metz.
L'adolescent est sollicité par Metz et Nancy, deux clubs pros plus proches du foyer familial, mais rien n'y fait. "Ça parait étrange mais on a privilégié l'ambiance et cet engouement. Le gamin se sentait bien", poursuit le papa, qui était son entraîneur avant de signer au Racing à 13 ans. Anthony le concède: "c'était un gros risque".
Saison après saison, le paternel lui colle aux crampons. Caméra au poing, il filme tous les matches. Des VHS aux cartes numériques, les piles de DVD envahissent la maison. "J'étais de plus en plus dur avec lui et il y a eu des moments difficiles. Je visionnais chaque match et lui montrais des séquences à corriger. C'était un peu lourd, ma femme me freinait, mais ça a payé", détaille-t-il.
"Au-dessus du lot"
En 2016, Anthony Caci signe comme stagiaire au moment où Strasbourg retrouve le monde profesionnel, en Ligue 2. Le Lorrain ne disputera qu'un seul match mais le club lui offre son premier contrat professionnel de trois ans à l'occasion de la montée en L1 en 2017.
Le défenseur s'entraîne alors avec le groupe pro, mais sans jouer. A tel point que le clan Caci entrevoit un départ. Nice, Bordeaux et Guingamp sont sur les rangs. Ajaccio et Châteauroux aussi en L2.
Le déclic arrive lors de la préparation estivale. Thierry Laurey le teste en défense contre Dijon en amical (3-2). Résultat: un gros match et une passe décisive. "Le président Marc Keller nous avait dit de continuer à y croire et après ce match, il m'a dit +vous avez vu ce qu'il s'est passé là ?+ On a été surpris" avoue Raphaël Caci.
Six mois plus tard, le polyvalent "Titi" s'est imposé : à droite de la défense, dans l'axe à trois, ou à gauche. Strasbourg le prolonge alors jusqu'en 2022. "Il est au-dessus du lot. il a les deux pieds, c'est très rare de voir un garçon bon à n'importe quel poste", souligne auprès de l'AFP Pablo Martinez, son coéquipier en défense.
Le moment le plus fort qu'il ait vécu ? Ce n'est pas la qualification pour la finale de la Coupe de la Ligue il y a deux semaines à la Meinau. "Non. C'est quand mon père a pleuré à la deuxième journée lorsque j'ai donné ma première passe décisive, contre Saint-Etienne (1-1)".
Justement, ce sont les Verts que le Racing va de nouveau défier mercredi, avec en jeu la quatrième place du championnat.