Drôle de match pour Benjamin Pavard ce dimanche. Le défenseur central de Stuttgart va tout simplement affronter son futur club, le Bayern Munich, qu'il rejoindra l'été prochain, malgré l'envie du club munichois de l'avoir dès cet hiver. Un transfert officialisé début janvier (par Hasan Salihamidzic, directeur sportif du Bayern) pour le polyvalent défenseur qui est certainement l'international français ayant le mieux tiré son épingle du jeu de la formidable épopée des Bleus en Russie.
Il faut dire que le but de Benjamin Pavard contre l'Argentine a définitivement fait basculer le défenseur tricolore dans une autre dimension. Une reprise de volée qui a changé la vie de l'ancien lillois devenu dans la foulée le chouchou du public français. La mascotte des 'Bleus'. "Ce but a changé ma vie. J’ai pris une autre dimension. Il a fait le tour du monde. Avant, peu de gens me connaissaient mais, depuis, les choses ont changé. On me reconnaît un peu partout. On me parle de ce but quasiment tous les jours", avouait le défenseur de Stuttgart dans les colonnes du Parisien en décembre dernier.
30 juin 2018, le jour où tout a basculé
Apparu à la surprise générale en mars dernier pour la première fois dans la liste de Didier Deschamps, Benjamin Pavard n'a pas laissé passer le train. Il a pris le bon wagon au bon moment et a connu une ascension phénoménale en quelques mois. Titulaire tout au long de la Coupe du monde 2018, le défenseur formé à Lille a surfé sur la vague 'Bleue' et a apporté sa contribution au titre de champion du monde remporté par l'équipe de France, pour finalement atterrir un an plus tard dans l'un des plus grands clubs européens.
Mais si Benjamin Pavard a conquis le public français pendant la Coupe du monde ou encore le public allemand avant, grâce à ses prestations avec Stuttgart (montée en Bundesliga), le défenseur a aussi été la cible de critiques. Les mauvais résultats du VFB cette saison et les nombreux buts pris par son équipe - dont il a forcément une légère part de responsabilité - mais aussi ses prestations en équipe de France depuis le mondial - notamment face à l'Uruguay - en demi-teinte ont eu en partie raison de la "hype" à son encontre provoquée depuis son but contre l'Argentine.
Pavard épargné par la critique
"Je n’ai aucun souci avec la critique, avec les journalistes, les critiques ça fait partie du football. Dans les bons, comme dans les mauvais moments. Il faut assumer, répondre présent et toujours travailler pour sortir d’une mauvaise passe. C’est compliqué... C’est collectivement. Après, j’ai fait quelques erreurs avec Stuttgart, j’assume complètement. Mais c’est plutôt le collectif qui ne va pas. Les critiques sur mes matches à Stuttgart ? Je vous invite à venir voir les matches aussi et vous verrez que ce n’est peut-être pas comme on le dit. Je le prends bien. Je sais ce que je vaux et je continue à bosser pour être le plus performant possible", justifiait Benjamin Pavard en zone mixte après le match des Bleus contre l'Uruguay.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, malgré son nouveau statut après avoir été sacré champion du monde et malgré les mauvais résultats de Stuttgart (16ème de Bundesliga), Benjamin Pavard est épargné par la critique Outre-Rhin. "Il est irréprochable dans son approche et dans son investissement. Il sait parfaitement qu’il n’est actuellement pas au mieux, mais il fait partie des cadres et des leaders dans notre vestiaire" lâchait Markus Weinzierl, technicien de Stuttgart, en novembre dernier. Peter Reichert, qui sert notamment d’interprète à Stuttgart partageait aussi cette opinion, des propos relayés par Le Parisien : "Benji travaille tous les jours avec le même sérieux et le même professionnalisme. C’est un compétiteur dans l’âme, donc il souffre de cette mauvaise passe sportive, mais il s’accroche et les choses vont finir par rentrer dans l’ordre".
Certes, le natif de Maubeuge ne peut pas réaliser de miracle à lui tout seul et est loin d'être le principal fautif des maux de son club, il n'en reste pas moins vrai, qu'il a encore des progrès à faire dans de nombreux domaines, surtout au vu de la concurrence qui l'attend chez les Bavarois. En équipe de France, Benjamin Pavard, qui ne joue pas dans l'axe comme en club, affiche aussi quelques carences, cachées dans un collectif accompli, mais dans le sud de l'Allemagne, il n'est pas aussi bien entouré.
S'imposer à Munich, un défi de taille
Du haut de ses 22 ans, Benjamin Pavard a le temps devant lui et une marge de progression certaine. Avec le temps, le natif de Maubeuge va devoir s'habituer à être sous le feu des projecteurs. Qui plus est, il ne pourra pas s'appuyer et se "réfugier" éternellement derrière son titre de champion du monde. Néanmoins, si la marche paraît haute, rejoindre le Bayern Munich ne peut qu'être bénéfique pour sa carrière et son développement personnel. "Benjamin Pavard est clairement en train de passer de talent exceptionnel à un joueur international de premier plan", avouait avec regret à Bild, Michael Reschke, le directeur des opérations de Stuttgart.
Le club du sud de l'Allemagne devenait trop petit pour Benjamin Pavard, il est donc temps pour lui de prendre son envol. "Il a déjà prouvé en Bundesliga qu'il possédait de très bonnes aptitudes, non seulement en position d'arrière central, mais également en tant qu'arrière droit. À Stuttgart, il a même déjà joué six. Donc c'est un joueur que l'on peut utiliser de différentes manières. C'est un garçon qui voulait passer à l'étape supérieure, et l'étape supérieure c'est le Bayern Munich", se félicitait Niko Kovac après l'officialisation du transfert.
"C'est bien de recruter un joueur qui peut jouer à plusieurs postes, cela vous donne plus d'options. Que ce soit pour moi, en tant qu'arrière droit ou milieu de terrain, ou pour Benjamin Pavard. On verra quel sera mon poste", s'est réjoui Joshua Kimmich ce vendredi, souhaitant la bienvenue à son futur coéquipier et concurrent direct. Polyvalent, capable d'évoluer au milieu de terrain, en défense centrale et au poste d'arrière droit, Benjamin Pavard, à l'image de Joshua Kimmich, a l'avantage d'être un couteau suisse et de pouvoir jouer un peu partout. Mais peu importe la position, au Bayern Munich la concurrence sera très forte pour l'international français. Outre Kimmich, les principaux concurrents du Français la saison prochaine se nomment Hummels, Süle, Boateng, Rafinha, voir même Javi Martinez. Une immense montagne se dresse face à Benjamin Pavard. À lui de ne pas se casser les dents du côté de Munich et de prouver à tout le monde qu'il peut se hisser au plus haut niveau, malgré ses imperfections actuelles.