Bilan sportif mitigé
Les lendemains de fête sont toujours difficiles et le sélectionneur l'avait rabâché à ses joueurs, lui qui avait connu les joies d'un Mondial-98 gagné et la déprime d'une reprise manquée en Autriche (2-2) et en Islande (1-1) il y a vingt ans.
La bande à Paul Pogba et Antoine Griezmann a fait mieux pour sa rentrée des classes, tenant tête aux Allemands à Munich (0-0) avant d'administrer une leçon d'efficacité à la prometteuse équipe des Pays-Bas (2-1) pour son retour au Stade de France.
Mais la suite s'est avérée plus compliquée, comme le bilan post-Mondial le prouve : sur les 11 matches joués, les Bleus comptent 7 victoires, 2 matches nuls et 2 défaites.
"Les saisons post Coupe du monde ne sont jamais évidentes, on a plutôt bien géré" malgré "deux trous noirs, deux trous d'air" aux Pays-Bas et en Turquie, a résumé Deschamps mardi soir. Problème : ces matches coûtaient cher.
Le premier face aux Pays-Bas (défaite 2-0) a privé les Bleus d'un ticket pour le 'Final Four' de la Ligue des nations. Le second, aussi à l'extérieur et sur le même score, leur a provisoirement fait perdre la tête du groupe H qualificatif à l'Euro.
Ces revers sont autant de mauvais signaux envoyés à la concurrence. D'autant qu'à Rotterdam et à Konya, les Bleus se sont montrés totalement apathiques après le premier but encaissé.
La seule fois où ils se sont rebellés, c'était contre l'Islande (2-2) en octobre. Mais il s'agissait d'un match amical et le 'happy end' portait la marque d'un seul homme : Kylian Mbappé, entré à l'heure de jeu, avait permis de remonter deux buts d'écart presque à lui tout seul.
Mardi soir après le dernier match gagné en Andorre (4-0), Deschamps restait positif. En Ligue des nations "on a fait le maximum, on a fini à égalité" avec les Pays-Bas, qualifiés au goal average particulier. Le match à Konya "était important, pas décisif", et la France retrouve la première place dans la course à l'Euro, à égalité de points avec l'Islande et la Turquie. "Il va falloir batailler mais on est sur notre tableau de marche", dixit le sélectionneur.
Des nouvelles têtes
Depuis le sacre en Russie, Deschamps a ouvert les portes de l'équipe de France par petites touches, au gré des blessures (Hernandez, Kimpembe, etc.) ou des baisses de forme (Rami, Payet, Fékir, Nzonzi...). Si son équipe-type a peu bougé, le casting des remplaçants a évolué. Les Lyonnais Tanguy Ndombélé et Ferland Mendy sont arrivés en octobre pour ne plus repartir ; Alassane Pléa a passé une tête en novembre; Clément Lenglet, Léo Dubois et Mike Maignan ont débarqué en juin chez les Bleus, que Wissam Ben Yedder a retrouvés après un an d'absence.
"Le groupe a été régénéré aussi, il y en a certains après la Coupe du monde qu'on a un petit peu perdu de vue, pour différentes raisons", résume Deschamps. Chez les gardiens, le sélectionneur a fait des choix marquants : Steve Mandanda, exfiltré en juin, a perdu sa place de N.2 au profit d'Alphonse Areola (3 sélections depuis septembre). Maignan, le portier de Lille, a chipé la 3e place à Benjamin Lecomte.
"J'ai conscience du privilège que j'ai, je dois choisir dans la qualité", a apprécié Deschamps depuis la salle de presse d'Andorre. Ne choisir que 23 joueurs à chaque rassemblement, "ce n'est pas évident, mais tant mieux. Ca doit bouillir aussi en interne".
Aux journalistes qui lui reprochent parfois de maintenir des champions du monde en difficulté, à l'image de Benjamin Pavard, il a répondu: "Certains ont un vécu, mais ce n'est pas pour autant des acquis. Qu'ils y en aient d'autres qui viennent bousculer cette hiérarchie comme vous aimez bien l'appeler, ça fait partie de l'évolution de l'équipe de France aussi".