Pour l’entraîneur breton, les week-ends se suivent et se ressemblent. Des défaites accompagnées de banderoles et de slogans "Gourvennec démission !" Le revers face au petit poucet normand, accompagné de trois cartons rouges, n’a pourtant pas été fatale, après que le président Stéphane Martin a confirmé le technicien dans ses fonctions. En conférence de presse d’après-match, l’ancien coach de Guingamp a voulu passer outre le résultat. "Le résultat n’est pas là mais le match ne se résume pas à l’élimination. On a fait une semaine de travail qui a été très bonne avec un groupe qui a retrouvé de la fraîcheur. Le match a montré qu’on était reparti sur plus de dynamisme." Un discours qui a une nouvelle fois ulcéré les supporters, ultramarines en tête.
Pas de changement et le cap reste ainsi maintenu. Pourtant les interrogations se multiplient à l’heure où Saint-Étienne et Lille ont déjà changé d’entraîneur pour provoquer le fameux électrochoc. Les choix tactiques sont pointés du doigt, comme face à Granville où Meité, Sankharé, Lerager et Toulalan ont démarré d’entrée. Quatre milieux défensifs et de transition, aucun créateur pour seulement deux attaquants alignés (Malcom et De Préville), une tactique assez frileuse à l’heure d’affronter une formation de Nationale 2. La remise en cause ne semble pas effleurer Jocelyn Gourvennec qui s’enferme dans ses convictions, à l’heure où il vient d’être désigné sixième meilleur entraîneur français de l’année 2017 dans France Football.
Sur le terrain, le navire sombre de plus en plus
La dynamique sportive étant à ce point morose, il est difficile de percevoir un possible rebond des Girondins. Le déplacement à Troyes samedi doit être un nouveau départ et surtout l’occasion de prendre des points pour s’éloigner de la zone rouge. Mais à part Malcom, qui surnage de manière générale cette saison, tout le reste du collectif semble atteint psychologiquement. Du gardien, Benoît Costil, devenu remplaçant à Nicolas De Préville qui n’a marqué qu’un but depuis son arrivée en passant par le milieu de terrain qui ne parvient plus à mettre l’impact et l’envie du début de saison, la situation n’est pas prête de s’arranger. Le "clapping" à l'islandaise réalisée suite au match nul contre Marseille a symbolisé une équipe satisfaite de vivre ses acquis : ne pas perdre contre l'OM depuis 40 ans à domicile. Depuis la claque reçue au Parc des Princes fin septembre (6-2), les Girondins n’ont enregistré qu’une seule victoire en onze rencontres.
L’effectif subit cependant une mutation avec un mercato hivernal qui s’annonce dense. Un défenseur central est annoncé et les noms de Baysse (Malaga), Tosic (Besiktas) ou encore Pazdan (Legia) alimentent les rumeurs tandis qu’un avant-centre est aussi pisté. L’urgence est bien là car même si l’effectif, sur le papier, est de qualité et devrait lutter pour des places européennes, à cette heure précise il semble beaucoup moins armé pour le maintien. Centre de toutes les interrogations, Malcom devrait rester encore six mois selon son président. Pourtant le milieu offensif brésilien sait qu’il est apprécié par Tite, le sélectionneur de la Seleçao. Lucide, il a bien conscience qu’en restant à Bordeaux, une hypothétique présence dans les 23 pour la Russie s’envolerait définitivement.
Une direction pas à la hauteur des événements ?
Face à ce naufrage annoncé et la perspective de vivre une fin de saison stressante, les dirigeants girondins, Stéphane Martin en tête, ne semblent pas paniquer. Un tempérament calme pour ce genre de contexte est toujours appréciable, même s’il apparaît de plus en plus nécessaire de venir taper du poing sur la table. Le retour en grande pompe de Jean-Louis Triaud pour calmer les Ultras lors de la défaite concédée à domicile face à Strasbourg (0-3) n’était pas un hasard. Niveau diplomatie et expérience, le président possède encore une influence notable au club. Pour ce qui est de la sphère supérieure, Nicolas de Tavernost, actionnaire principal via M6, est attendu à Troyes ce qui démontre l’importance cruciale de ce rendez-vous.
Bordeaux progresse sur le dossier Pazdan
Invité sur 'SFR Sport', Willy Sagnol a pointé de doigt les incohérences du club dans sa manière de fonctionner. "Le Haillan il n'y a pas pire pour un joueur de foot, les terrains sont de mauvaise qualité." Si l’ancien entraîneur (2014-2016) manque cruellement de recul par rapport à son passage qui a tourné rapidement au vinaigre, il a le mérite de mettre sur le devant de la scène certains tabous vis-à-vis du quotidien du club. Dans sa zone de confort, Bordeaux n’a jamais été bousculé. Face au chaos ambiant, le mois de janvier tant sur le mercato que sur la confiance accordée à Gourvennec indiqueront où souhaite aller la structure girondine dans son ensemble.