Il y a 5 ans, la 'Seleçao' avait eu la chance de disputer une compétition officielle sur ses terres, et le rêve avait tourné au cauchemar. Il y a eu les JO de 2016, depuis, mais c'est justement car personne n'a oublié l'humiliation reçue face à l'Allemagne (7-1) en demi-finale de la Coupe du Monde 2014 que la victoire en finale de cette Copa América face au Pérou était une obligation. Laver l'affront et se réconcilier avec un peuple frustré car historiquement habitué à être gâté, tel était l'objectif de la sélection aux cinq titres mondiaux. Objectif atteint, mais force est de constater que briser la malédiction n'a pas été chose aisée.
Le Brésil se rend le match facile... Avant de se le compliquer
Le 22 juin dernier, en phase de poules, le Brésil n'avait pourtant fait qu'une bouchée du Pérou (5-0), à Sao Paulo. Mais devant un Maracana plein comme un oeuf, avec le titre de Champion au bout du pied, la pression était forcément décuplée. Heureusement, les hommes de Tite parvenaient rapidement à la faire baisser d'un, si ce n'est même de plusieurs crans, quand Everton ouvrait le score dès la 15ème minute de jeu, sur un service d'un Gabriel Jesus encore dans un très grand soir. Plus qu'un stade, c'est tout un peuple qui pouvait éxulter.
Mais contrairement à leur dernier affrontement, le Pérou, qui n'avait pas manqué de poser certains problèmes à l'Equipe de France lors de la dernière Coupe du Monde, ne baissait pas les bras. Le Brésil allait devoir se mettre à l'abri le plus vite possible, sous peine de s'exposer à une sanction susceptible d'inverser drastiquement une courbe de confiance que l'on sait si importante lors des très grands rendez-vous. Et justement, profitant d'un faux rythme si propre aux finales, le Pérou n'allait pas se faire prier pour piquer. Et pour effectuer cette piqûre, les hommes de Gareca allaient même s'offrir le luxe de le faire dans un timing idéal : juste avant la mi-temps. En effet, suite à un pénalty logiquement accordé après l'aide de la VAR, l'éternel Paolo Guerrero inscrivait son troisième but dans cette Copa América et remettait les deux formations à égalité. Frisson.
Heureusement pour la 'Seleçao', ce frisson allait être de courte durée. Mieux, Gabriel Jesus, encore lui, le balayait en doublant la mise presque dans la foulée en étant d'une sang froid imparable au moment de conclure une action initiée par une récupération symbolique de Roberto Firmino. Avec de la ressource, le Brésil rentrait aux vestiaires avec l'avantage, et n'avait douté que quelques instants.
Gabriel Jesus, symbole d'une 'Seleçao' fragilisée
Un but inscrit dans les derniers instants de la première mi-temps, qui n'allait pas s'avérer de trop, tant le second acte allait accoucher d'un tout autre spectacle. En effet, sous les yeux du président brésilien Jair Bolsonaro, Dani Alves et les siens revenaient de manière plus timide, qui ne manquait pas de redonner confiance à de valeureux péruviens, déterminés à en profiter pour venir gâcher la fête annoncée à Rio de Janeiro. Si le Brésil tentait bien de faire flancher son adversaire pendant quelques minutes, un faux rythme s'installait de nouveau. Dans son illusion de confort, Gabriel Jesus, l'attaquant de Manchester City et homme fort du Brésil dans ce match, se laissait aller à une charge à l'épaule sur un joueur du Pérou et écopait d'un deuxième carton jaune largement évitable à la 70ème. Le calcul était d'un niveau élémentaire, les locaux allaient devoir joueur les 20 dernières minutes à 10 contre 11.
Bien qu'en infériorité numérique, le Brésil parvenait néanmoins à accroître son avantage suite à un pénalty inscrit par Richarlison en toute fin de rencontre et s'adjugeait la neuvième Copa América de son histoire, la première depuis 2007. Douze ans après, la 'Seleçao', pourtant privée de son meilleur joueur en la personne de Neymar qui s'était blessé à la cheville lors d'une rencontre de préparation, retrouvait le sommet à l'échelle continentale. Une juste récompense, pour une formation traumatisée depuis l'anthologique désillusion survenue en 2014 face à la 'Mannschaft'.