La victoire convaincante de Liverpool à Munich mercredi soir a permis à l'Angleterre de réaliser un impressionnant carton plein, les 'Reds' rejoignant au prochain tour Tottenham et les deux Manchester.
Après une décennie dans l'ombre des clubs espagnols et des quintuples Ballons d'or Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, les clubs anglais sont en passe de faire main basse sur l'Europe.
Exceptées les finales 2012 et 2013, remportées par Chelsea et le Bayern, la Coupe aux grandes oreilles avait en effet appartenu au Real Madrid et au FC Barcelone durant les années 2010. Avec les éliminations du Real et de l'Atletico dès les huitièmes, l'ère espagnole semble toucher à sa fin.
"Au cours de la dernière décennie, les équipes espagnoles ont tout contrôlé. C'est bon pour nous, pour le football anglais, c'est incroyable", a commenté Pep Guardiola mardi, après le carton de son Manchester City contre Schalke.
Depuis 2016, les droits TV de la Premier League ont explosé, faisant de la Premier League le championnat le pus riche du monde. La manne a permis aux clubs de se lancer dans une impressionnante course à l'armement, en plus d'aller chercher des entraîneurs réputés sur le continent, comme le Catalan Guardiola à City ou encore l'Allemand Jürgen Klopp à Liverpool.
Etrangers aux aussi, le Norvégien Ole Gunnar Solskjaer (Manchester United) et l'Argentin Mauricio Pochettino (Tottenham) ont néanmoins fait leurs classes dans le championnat anglais.
Sur le terrain, les techniciens ont pu patiemment empiler les stars à grands coups de dizaines de millions.
Transferts records
Grâce à la richesse de leur propriétaires aboudabiens, les 'Citizens', ont attiré les Sané, Stones, Walker, Ederson, Mendy ou Laporte ces dernières saisons pour aller chercher le titre de champion d'Angleterre, tout en pratiquant un jeu envié sur toute la planète.
Propriété du 'Fenway Sports Group', Liverpool, déjà finaliste de la compétition reine l'année dernière, a lui pu dépenser 60 millions pour son gardien Alisson, six mois après avoir fait de Van Dijk le défenseur le plus cher du monde (84 M EUR). Klopp a aussi renforcé son milieu de terrain cet été en allant chercher Fabinho et Naby Keita pour plus de 100 millions d'euros.
Renaissant depuis l'arrivée de Solskjaer sur le banc en décembre, Manchester United, détenu par une famille américaine (les Glazer), a bénéficié des centaines de millions dépensés par son célèbre prédécesseur, José Mourinho. Le Portugais avait fait venir Pogba, Lukaku ou encore Matic, le Norvégien a su les raviver pour humilier le PSG et atteindre les quarts.
Plus discret, Tottenham s'est lui inscrit dans un développement plus lent, en faisant confiance à Pochettino, en place de depuis 2014 et une génération dorée de joueurs anglais (Kane, Alli, Dier, Rose, Trippier). Côté investissement, les propriétaires britanniques du club londonien ont choisi le long terme en dépensant 900 millions d'euros dans une nouvelle enceinte, dans laquelle ils devraient pouvoir s'installer pour les quarts.
Au détriment de l'équipe nationale
Cette montée en puissance ne fait pas que des heureux. Les Trois Lions n'en profitent pas forcément...
Déjà en partie poussés vers des clubs périphériques en raison de l'afflux de stars, les joueurs anglais vont donc s'épuiser en Europe. Une "réussite" qui pourrait plomber les performances de l'Angleterre lors de la phase finale de la Ligue des nations en juin.
La finale de la C1 se déroulera à Madrid le 1er juin, la demi-finale des Trois Lions aura lieu cinq jours plus tard à Guimaraes, contre les Pays-Bas.
Selon Gareth Southgate, cela pourrait bien générer un beau "bazar". "Disons que deux de nos équipes atteignent la finale de la Ligue des champions", s'inquiète le sélectionneur des demi-finalistes du Mondial 2018. "Nous ne les verrions pas (les joueurs) avant le lundi, au mieux, pour un match le jeudi."
"On s'est qualifié il y a six mois, c'est une super opportunité de gagner quelque chose, et ensuite, on n'aurait pas la possibilité de réunir l'équipe", regrette-t-il. "Et avec l'émotion, est-ce vraiment réaliste de penser aligner ces joueurs le jeudi suivant ?" Beaucoup en Europe verrait ça comme un problème de riches.