Il y a deux ans, Florian Ayé remportait l'Euro U19 avec Kylian Mbappé, Jean-Kévin Augustin et Issa Diop, notamment. Depuis, il a pris son mal en patience et récolte les fruits de son travail à Clermont, qu'il a rejoint l'été dernier en provenance de l'AJ Auxerre. Auteur des trois derniers buts de son équipe, l'attaquant de 21 ans s'est confié à 'Goal' avant la réception de l'US Orléans ce vendredi (20h), donnant ainsi les raisons de sa montée en puissance.
Vous avez marqué les 3 derniers buts de Clermont en championnat, et avez converti 7 de vos 13 tirs cadrés. Êtes-vous le danger n°1 du Clermont Foot actuellement ?
''Je pense que je le danger vient de toute notre attaque. C'est le travail de toute une équipe. Aujourd'hui, c'est vrai que je suis souvent à la finition, mais c'est aussi grâce à mes coéquipiers qui me mettent dans de bonnes conditions.''
Vous n'aviez jamais marqué autant en professionnel. Que s'est-il passé ? Y'a-t-il eu un déclic ? Un changement dans votre approche ?
''Il y a eu un petit changement dans mon approche, mais c'est surtout la conséquence de l'enchaînement des matches, à mon vrai poste. J'ai la confiance du coach, du staff et de tous mes coéquipiers. La manière de jouer est aussi différente par rapport à ce que j'ai connu à Auxerre. On a la possession du ballon, on est porté vers l'avant. C'est plus attrayant et ça me convient sûrement plus également.''
Diriez-vous que vous aviez besoin de quitter l'AJA pour vous libérer ? Vous découvrir peut-être autrement.
''Je sentais que j'avais besoin de quitter Auxerre pour voir autre chose. C'était important pour moi. Nécessaire même pour lancer ma carrière. Mais je ne pense pas me découvrir autrement. J'étais conscient de ce que je pouvais faire, à condition qu'on me donne la confiance et du temps du jeu.''
Les difficultés rencontrées à Auxerre ne vous ont-elles pas aussi forgé un caractère que vous pouvez exprimer pleinement aujourd'hui ?
''Si, sûrement. Ça m'a permis de me forger un plus gros caractère. J'ai aussi évolué dans l'approche d'une gestion de carrière en prenant conscience de certaines choses dans ma manière de vivre les périodes plus difficiles, avec moins de temps de jeu. J'ai continué à travailler, je n'ai jamais lâché. Et là, le travail commence un petit peu à payer.''
Dans votre cheminement de carrière, est-ce qu'un joueur comme Sébastien Haller, qui n'a explosé qu'après avoir quitté Auxerre, peut constituer un exemple à suivre ?
''Bien sûr que c'est un exemple à suivre. Aujourd'hui, il est bien à Francfort, il enchaîne les matches et marque beaucoup de buts. À Auxerre, on ne l'a pas forcément vu briller pour différentes raisons, et j'ai l'impression d'avoir vécu un peu la même chose. Moi aussi, je n'ai pas pu enchaîner les matches là-bas. Je n'ai pas trop marqué de buts non plus, et ce n'est qu'une fois parti que j'ai réussi à exprimer pleinement mon potentiel.''
L'attaquant clermontois Florian Ayé marque un but toutes les 130 minutes en moyenne depuis le début de la saison. Il fallait juste vous lancer finalement, prendre ce bon départ.
''Voilà, c'est ça. Il fallait que je prenne mon envol, que je lance la machine. Aujourd'hui, elle est lancée et je ne compte pas l'arrêter.''
On vous sent épanoui. On dirait même que vous êtes là depuis longtemps. Comment se passe votre quotidien avec le groupe ?
''Je m'entends très bien avec mes coéquipiers. On bosse bien tous les jours à l'entraînement, et je pense que ça se voit sur le terrain. Les débuts ont été un peu compliqués parce qu'il nous fallait du temps pour trouver nos automatismes. Mais là, on est rodé, on se comprend bien sur le terrain et ça se passe super bien.''
Vous étiez de l'aventure à l'Euro U19 remporté avec Mbappé, Augustin et d'autres en 2016. Était-ce dur de les voir confirmer alors que pour vous il a fallu plus de temps ?
''Non, ce n'était pas dur. Chacun à sa trajectoire. On n'a pas tous le talent de Kylian (Mbappé), et moi j'ai toujours pensé que je n'avais pas un énorme talent. En revanche, en travaillant, je sais que je peux aller où je veux. J'ai un rythme différent et je sais que quand je passe un palier je ne reviens pas en arrière. J'avance à mon rythme sans me préoccuper des autres, sans me comparer en me disant que je suis en retard et que quelque chose ne va pas. Je suis mon chemin et je ne m'inquiète pas.''
Cette saison, vous marquez en première intention, du droit ou du gauche. Il y a aussi eu ce lob contre Sochaux. Est-ce juste une question de confiance ou de placement sur le terrain ?
''Je suis quelqu'un qui marche beaucoup à la confiance. Si je sens que j'ai la confiance du coach et de mes coéquipiers, je suis capable de donner le meilleur de moi-même. C'est dans ces moments-là où je suis le meilleur. Mais c'est vrai que le fait de jouer dans l'axe me libère aussi, dans le sens où je ne suis pas du tout un joueur de côté. Je pense qu'on est en train de le voir. Là, je peux faire les appels que j'aime, me retrouver dans les zones que j'aime, et ça se traduit par des buts.''
En parlant de confiance, c'était aussi important pour vous de marquer à nouveau, après avoir connu un coup de mou suite à votre départ canon.
''Ça m'a fait du bien de retrouver le chemin des filets et d'enchaîner sur les deux derniers matches. Je ne commençais pas à douter, mais sachant que j'avais réalisé un gros départ et que je ne marquais plus, c'était forcément moins bon pour la confiance. Là, en enchaînant les matches et en marquant, ça m'a redonné des forces.''
Diriez-vous que le vrai Florian Ayé se révèle enfin ? Qu'il est prêt à répondre aux attentes qu'il suscitait à l'AJA ?
''Oui, ça y est. Je suis en train de montrer le vrai Florian Ayé, comme vous dîtes. Maintenant, c'est à moi de continuer pour confirmer les attentes qu'on avait placé en moi.''