Rouge et blanc pour River, bleu et jaune pour Boca: les couleurs des deux clubs rivaux de Buenos Aires ont inondé les alentours du stade Santiago Bernabeu, où la rencontre a été délocalisée à la suite du caillassage du bus de Boca par des ultras de River le 24 novembre, jour initial de la finale retour.
Venus d'Argentine ou de partout en Espagne, les supporters de chaque club se sont réunis dans leur propre "fan zone" avant d'entrer dans l'enceinte par des portes strictement séparées sous le regard des près de 4.000 policiers et agents de sécurité privée. Engins blindés, policiers à cheval, hélicoptères, le dispositif déployé pour éviter toute altercation est exceptionnel.
Près de la station de métro de Nuevos Ministerios, à un kilomètre au sud du stade, les fans de Boca se sont rassemblés dès dimanche matin dans une ferveur toute argentine pour chanter en l'honneur de leur équipe qui espère soulever dimanche soir sa septième Copa Libertadores.
"C'est une émotion incroyable, on ne peut pas la décrire avec des mots", a déclaré à l'AFP Nacho Bonnassiolle, 40 ans, venu avec trois amis des Canaries, où il vit depuis 2004 et travaille comme serveur.
Arborant fièrement maillot et chapeau de Boca, Zahira Flores, 27 ans, n'a elle pas hésité une seule seconde, malgré les près de 2.000 euros que cela lui a coûté, pour venir depuis Esquel, en Patagonie, soutenir son équipe.
"C'est triste que le match se joue à Madrid", regrette-t-elle, même si c'est "autre chose" qui se "vit avec beaucoup de passion".
"Rien à voir avec la maison"
Plus de deux kilomètres au nord, sur la place de Castille, les "hinchas" (supporters) de River sautent, chantent et allument des feux de Bengale rouges.
"C'est un mélange de sentiments car c'est une honte que l'on ait pas pu jouer au Monumental", le stade de River où aurait dû être joué le match initialement, "mais c'est bien de venir en Europe", positive Delfina Folatti, graphiste de 26 ans venue de Buenos Aires pour la rencontre.
Chapeau en forme de poule - surnom des supporters de River - sur la tête, elle raconte qu'elle était déjà assise dans les tribunes du stade Monumental quand le match a été suspendu fin novembre après le caillassage du bus de Boca qui a blessé deux joueurs. Après ces évènements, elle s'est dit qu'elle devait absolument venir à Madrid soutenir son équipe, en quête d'une quatrième Libertadores, la plus prestigieuse compétition de clubs en Amérique.
"C'est chouette (de voir le match à Madrid) mais cela n'a rien à voir avec la maison. Ce que l'on voit ici n'est qu'une petite démonstration de ce que l'on ressent lors de chaque match de River", souligne-t-elle.
Vêtu entièrement de rouge et blanc et le pantalon retroussé pour montrer deux tatouages en honneur de River, Cristian Badoza avoue se sentir "stressé", avant de passer les contrôles de sécurité pour rentrer dans le stade Santiago Bernabeu.
"Beaucoup de gens n'ont pas pu venir et je sens que je représente ceux qui sont restés" en Argentine, dit ce supporter de 37 ans de Mar del Plata où il tient un commerce.
Au sein du stade, peu de temps avant le coup d'envoi, les supporters des deux équipes, sautant et agitant leurs drapeaux, se livrent une véritable bataille de chants qui recouvre quasi entièrement la musique latino crachée par les haut-parleurs.
Dans quelques heures, l'un des deux camps célèbrera sa victoire. Puerta del Sol si River gagne ou sur la grande place de Colon si Boca l'emporte. Pour clôturer une folle finale jusqu'ici vécue dans le calme.