Ce match, "c'est un rêve qui devient réalité. On verra pas ça deux fois dans notre vie", s’enthousiasme Philippe Bouillon patron pêcheur de 52 ans, en inspectant ses filets, l'écharpe de l'US Granville (USG) autour du cou, sur les quais d'un des premiers ports français de pêche de coquillages.
Le marin a collé un grand autocollant "Allez USG" sur la cabine de son coquillier et il prie pour que le petit club, qu'il suit depuis des décennies, "ne ramasse pas une dérouillée".
Il "aimerait bien un 1-0 mais y a trop d'argent en jeu pour Marseille qui mise tout sur la coupe", poursuit le pêcheur qui se souvient, avec une grimace, qu'en 1990, Bordeaux avait mis huit buts dans les cages de Saint-Lô, en Coupe...
L'USG a beau n'avoir jamais dépassé les 32es de finale, beaucoup de Granvillais veulent toutefois croire en une victoire du "bulot", coquillage star de cette ville de 14.000 habitants, contre "la sardine"marseillaise.
"L'OM a bien perdu contre Quevilly", en 2012 à Caen, avance Isabelle, une employée du "P'tit mareyeur", debout derrière les bourriches d'huîtres sur lesquelles elle a posé l'écharpe US Granville. Et puis, il y a "la magie de la Coupe", ajoute la commerçante, "fière de son Petit Poucet".
Au comité des pêches, on rappelle que c'est la criée qui fournit aux joueurs la glace dans laquelle ils se plongent après les match pour récupérer, ce que confirme le club.
'Si le temps est humide...'
"Si le temps est humide, un exploit n'est pas exclu. Les Marseillais ne sont pas habitués au mauvais temps. Mais je mise plutôt sur 3-1 pour Marseille", admet Jean-Charles Lévêque, retraité, en sortant d'une charcuterie bardée, comme nombre de commerces du centre-ville, d'écharpes bleues et blanches et d'autocollants "Allez l'USG".
Depuis la qualification pour les 16es de finale début janvier, le chocolatier Cédric Yvert a vendu des centaines de ballons et de maillots de foot US Granville en chocolat. "L'OM c'est pas une grosse équipe cette année", avance le commerçant partenaire de l'USG, devant sa vitrine dédiée au club.
Non loin de là, son concurrent a misé sur les macarons USG. "C'est magique pour nous qui sommes des supporters de longue date. Pour le commerce, c'est pas mal non plus. Ça fait venir des gens", résume l'épouse de l'artisan pâtissier, Anne Zastawny.
Un peu plus haut, les vendeuses de "Taffetas", une boutique de robes de mariées dont les vitrines sont barrées d'autocollants "Allez USG", iront, elles aussi, voir "une victoire", sur écran géant.
Sur les murs de l'hôtel de ville, les banderoles USG sont plus visibles que les lettres du mot "mairie".
"On a des retombées médiatiques qu'on n'aurait jamais pu imaginer. Même si Granville était connu comme la ville de Christian Dior, c'est un prisme un peu différent", remarque la maire DVD de cette ville de 14.000 habitants, Dominique Baudry.
Au musée Christian Dior, dans la villa où vécut le grand couturier, pas d'écharpe USG : "Ce n'est pas le genre de la maison, mais on est de tout cœur avec eux", assure la coordinatrice administrative Ophélie Verstavel.