Jimmy Modeste, l'adjoint aux deux clubs en 16es

Presqu'une habitude pour l'ancien joueur formé au Paris FC qui a enchaîné les tours de Coupe de France avec ses deux clubs jusqu'à vivre deux exploits le même week-end.

C'était il y a deux semaines, l'Entente, plus petit budget de National 1 (3e division), fait tomber une Ligue 1, Montpellier. Le lendemain ses joueurs de 6e division à Noisy se qualifient face au Gazélec Ajaccio, pensionnaire de Ligue 2.

"Une chance que les matches n'étaient pas en même temps", plaisante l'ex-défenseur de Ligue 2 et de National, qui a entamé sa troisième saison en tant qu'adjoint.

En 16es de finale, Jimmy Modeste pourra à nouveau être des deux rencontres. Le match de l'Entente Sannois-Saint Gratien (ESSG) face au FC Nantes, initialement programmée mercredi, a été reportée à dimanche après la disparition au-dessus de la Manche de l'avion qui transportait Emiliano Sala. Tandis que les amateurs de Noisy-le-Grand se déplacent jeudi à Bastia (5e division).

La double casquette de Modeste fait causer, bien évidemment. "C'est extraordinaire ce qui lui arrive, Je pense que c'est du jamais vu", s'avance le directeur de technique de l'ESSG Marc Mohamed, encore éberlué.

Les joueurs de l'ESSG, eux, le chambrent depuis des mois: "A chaque tirage, on lui dit qu'on espère tomber contre eux (Noisy)", sourit le défenseur central Vincent Pirès.

"Ils me disent la même chose à Noisy : 'Tu ferais quoi ? Tu serais coincé', rapporte Jimmy Modeste. J'espère qu'ils me feront la même blague au moment du tirage au sort des 8es, ce serait bon signe."

Deux postes pour vivre du foot 

Ses deux postes lui assurent des semaines chargées: tous les matins il co-dirige pendant 2h30 les séances d'entraînement de l'ESSG et file les lundis et mercredis soir à Noisy-le-Grand, 40km plus loin, de l'autre côté de Paris.

Il y est l'adjoint de l'entraîneur Moussa Sidibé et s'occupe en parallèle de l'école de foot. A cela s'ajoute deux matches tous les week-ends : un en 3e division, l'autre en 6e. 

Mais pour vivre du foot, pas le choix, il lui fallait un poste dans un autre club. "On ne pouvait lui offrir qu'un temps partiel alors on savait qu'il lui fallait un travail à côté pour vivre décemment...", explique Marc Mohamed, rappelant que l'Entente ne dispose même pas d'un kiné ni d'un médecin.

"C'est normal qu'on lui ait donné l'autorisation", appuie l'entraîneur principal des Val-d'Oisiens Vincent Bordot, ami et ancien coéquipier au Paris FC. "Il n'y a pas de concurrence entre les deux équipes qui ont plusieurs échelons d'écart."

Jimmy Modeste, lui, jongle avec ses deux casquettes mais minimise la fatigue. Pourtant pour le long déplacement à Rodez vendredi soir, rendez-vous était donné à 4h30 le matin même au centre d'entraînement, direction ensuite l'aéroport.

"C'est tout le temps comme ça à l'extérieur, on n'a pas les moyens d'arriver la veille", indique Vincent Bordot. Son adjoint concède tout juste un peu de surmenage depuis la préparation des 32es, "plus dure" et "plus stressante" contre des équipes professionnelles: "Psychologiquement la pression est différente."

Marc Mohamed confirme: "Je l'ai vu après Montpellier, il était vidé. Alors je n'imagine même pas son état le lendemain."