L'histoire du football regorge de très nombreuses épopées et histoires d'équipes ayant réussi de remarquables parcours, qui défient toute logique ou entendement. Il y a, de fait, de très nombreux exemples de formations qui ont multiplié les exploits sur la durée pour atteindre un niveau auquel personne ne les prédestinait. C'est louable et admirable, et ça l'est encore plus pour des clubs de renom ayant été tirés vers le bas de force et qui ont su, tels des phoenix, renaitre dans la foulée. Le RC Strasbourg-Alsace en fait partie. Ce samedi, face à Guingamp du côté du Stade Pierre Mauroy de Lille, le Racing dispute la finale de la Coupe la Ligue. Un bel accomplissement, et sur lequel personne n'aurait parié un centime en 2011 quand la formation strasbourgeoise s'était retrouvée reléguée administrativement en CFA2.
Le club avait frôlé la disparition
Comment un club anciennement champion de France, et qui est le 10e de l'Hexagone à avoir disputé le plus de matches sur la scène continentale (42 rencontres) s'était retrouvé aussi bas, plus précisément au cinquième niveau du football national ? Il n'y a pas qu'une seule raison, mais comme pour tous ceux qui ont côtoyé les sommets avant de se retrouver dans les tréfonds, une dégringolade sportive conjuguée à une mauvaise gestion financière a conduit au pire des scénarios. En été 2011, et à la suite de deux relégations consécutives, Strasbourg a vécu le désaveu de la perte du statut professionnel. Il fallait repartir de très loin, sans moyens ou presque et surtout sans aucune garantie que le nouveau projet puisse survivre.
Fort heureusement, après avoir touché le fond, le RCSA a rebondi et amorcé une remontée des plus impressionnantes. Un redressement sur tous les plans, rendu possible par l'investissement de tous ceux qui sont restés au chevet du malade, et aussi de son immense public. Car, et contrairement à d'autres équipes ayant fréquenté l'élite avant de se toucher le fond (Le Mans, Evian, etc…), Strasbourg a toujours pu compter sur un soutien populaire indélébile. Ses fans ne l'ont jamais lâché et l'affluence record enregistrée dans des divisions inférieures est là pour témoigner de cet état de faits (10 883 en CFA2, 20 000 en CFA, 26 700 en National).
Une mobilisation salvatrice de tous les amoureux du club
D'autre part, comment ne pas souligner le rôle important joué par Marc Keller dans la renaissance du Racing. Ancien attaquant vedette de l'équipe, ce dernier est revenu dans son club de cœur au moment où celui-ci en avait le plus besoin. Avec l'appui d'un pôle d'actionnaires locaux, il rachète le club et met tout en œuvre pour que ce nouveau départ soit réussi. Avec du sérieux, des sacrifices et de la passion, il a réussi son pari. Et en un temps record, qui plus est. Il n'a fallu que cinq ans au Racing pour passer de la CFA2 à la Ligue 1. Et seulement deux années supplémentaires pour se retrouver à un match d'une qualification européenne. Cela faisait dix-sept ans que la Meinau n'avait plus vu un match continental se dérouler en son sein.
Le retour en grâce de Strasbourg c'est aussi évidemment le travail des joueurs. Et en particulier ceux qui étaient là au tout début. Il y avait des noms connus comme Stéphane Noro ou Quentin Othon, mais aussi d'autres qui étaient parfaitement anonymes et qui n'ont pas eu la chance de découvrir le monde pro. Des Thomas Martin, Farez Brahmia, Saidou Sow et compagnie. L'histoire du club retiendra tout de même leurs patronymes, car ce sont leurs efforts, tous les week-ends et dans un contexte difficile, qui ont permis au club de ne pas sombrer. Après eux, sont venus ceux qui ont participé aux différentes accessions avant de s'en aller sous d'autres cieux, et dont le mérite est tout aussi important comme Kader Mangane, Khalid Boutaib, Vincent Nogueira et Felipe Saad. Enfin, il y a aussi ceux qui sont toujours là au sein du groupe, qui ont découvert le plus haut niveau il y a à peine quelques mois mais qui font plus que donner satisfaction. On pense principalement à Dimitri Liénard et Jérémy Grimm.
Une ligne au palmarès, l'idéal pour clore le chapitre de la renaissance
Enfin, comment ne pas mettre en avant le travail des entraîneurs. Celui de Thierry Laurey, coach de l'équipe première depuis 2016, a été bien sûr prépondérant. L'expérience qu'il a eue avec le Gazélec d'Ajaccio juste avant de débarquer dans l'Alsace lui a été notamment grandement profitable pour parvenir à hisser l'équipe en Ligue 1, et l'y maintenir ensuite avec brio. Son caractère, son exigence et sa personnalité se marient bien avec toutes les valeurs du club. Il y a lui, mais il y a aussi ceux qui l'ont précédé à ce poste. Et il serait injuste de les oublier. François Keller (le frère de Marc) et le légendaire Jacky Duguépéroux ont également apporté leur pierre à l'édifice, avec un travail qui reste unanimement salué.
Les dirigeants, les joueurs, les entraîneurs et les supporters, tout ce beau monde ont déjà eu leur récompense avec ce retour dans l'élite par la plus grande porte et cette progression continue qui a chassé définitivement toutes les séquelles de la chute libre vécue. Mais, il peut y avoir la cerise sur le gâteau et pour cela, Kenny Lala et ses coéquipiers vont devoir avoir aller chercher la Coupe de la Ligue ce samedi. 90 minutes, ou peut-être un peu plus, les séparent de ce sacre, qui viendrait apporter la touche finale à l'œuvre entamée il y a sept ans. Une heure de gloire que le Racing mériterait tant.