Créé voici 40 ans, le club est à son apogée. A un point du leader Racing à trois journées de la fin de la Superliga, le club du faubourg défavorisé de Florencio Varela a même été co-leader du championnat. A ce stade, il compte 7 pts d'avance sur Boca Juniors, 12 sur River Plate.
Pour la première fois de son histoire, le club a disputé la prestigieuse Copa Libertadores et deux de ses joueurs, le défenseur Lisandro Martínez et le milieu Domingo Blanco, ont été appelés la semaine dernière en équipe nationale, aux côtés de Lionel Messi.
Chaque jour, les bus de la ligne 148 relient le centre de la capitale argentine à Florencio Varela, cité ouvrière de 100.000 habitants, et leurs couleurs jaune et vert, figurent sur le maillot des footballeurs depuis 1982, date de l'arrivée à la tête du club d'Eduardo Perez, patron de Los Halcones, la société qui administre la ligne privée.
Les joueurs, surnommés les Halcones (faucons en espagnol), ont la réputation de jouer un bon football et le maintien, faute de moyens. Ils ne sont en première division que depuis 2014. A chaque rencontre au stade Norberto-Tomaghello, de 14.000 places, les joueurs pénètrent sur la pelouse en traversant un tunnel gonflable en forme de faucon, bec jaune et yeux verts.
"Donner de la joie"
"Moi je rêve du championnat, je ne rate pas une rencontre. Qu'on parle de notre Defensa y Justicia, c'est une fierté", témoigne depuis la tribune Beatriz Irala, une supportrice de 60 ans.
Assistant de Jorge Sampaoli au Chili, en Equateur, au Pérou puis en sélection argentine, l’entraîneur Sebastian Beccacece est arrivé après le Mondial et a donné un autre élan à l'équipe. Le technicien de 38 ans a conduit en 2018 son équipe en quart de finale de la Copa Sudamericana. Méfiant, la plupart de ses entraînements sont à huis clos.
"Tu vas voir, c'est une équipe qui fait du pressing, qui a du ballon, qui marque, qui a du coeur en défense, et qui sait bien distribuer le jeu", avertit Luis Antonio Ojeda, 62 ans, avant d'entrer dans le stade.
"On gagne un match après l'autre, et les gens ne nous prennent pas au sérieux, comme si nous n'étions pas en première division", ironise Beatriz Irala.
Miguel Romero, 57 ans, un ancien joueur de Velez Sarsfield et Excursionistas, se souvient de la naissance du club dont personne ne sait expliquer le nom. "Avant le Mondial de 1978, les habitants des bidonvilles du quartier de Belgrano ont été déplacés de terrains où devait être construit le stade Monumental, ils ont été envoyés à Florencio Varela. Et ils ont créé Defensa y Justicia. Ils ont gardé les rayures vertes verticales en souvenir d'Excursionistas", un des clubs de Belgrano.
Un titre ne changerait pas la vie des habitants de Florencio Varela, qui se lèvent aux aurores pour aller travailler à Buenos Aires, mais il donnerait du baume au coeur d'une population qui souffre de la crise économique que vit l'Argentine, avec une inflation de 50% sur les 12 derniers mois.
"Il n'y a rien de très beau ici (à Florencio Varela). Le football c'est une manière de s'évader, de donner de la joie aux gens", s'enthousiasme le président de Defensa y Justicia, José Lemme.