Le parquet de Marseille avait fait appel de son placement sous contrôle judiciaire après sa mise en examen, le 4 octobre.
Devant la cour d’appel d'Aix-en-Provence, l’avocat général Pierre Arpaia a réclamé mercredi son placement en détention provisoire "par mesure de sureté".
Evoquant "des personnes passées à travers les mailles du filet policier et toujours recherchées" dans ce dossier, l’avocat général a invoqué "un risque de pressions et de représailles sur José Anigo".
Mais "subsidiairement", M. Arpaia n’a pas fermé la porte à un maintien sous contrôle judiciaire, à la condition qu'il comprenne des obligations renforcées.
Présent à l’audience, José Anigo, 59 ans, a assuré les juges qu’il n’a "pas l'intention de se soustraire à la justice". Alors qu’il évoquait la mort de son fils Adrien, tué dans un règlement de comptes en 2013, l’ancien directeur sportif et entraîneur de l'OM s’est aussitôt montré envahi par l’émotion et a renoncé à s'expliquer plus avant.
José Anigo, dont le contrat de recruteur auprès du club anglais de Nottingham Forest n’a pas été renouvelé début octobre, se retrouve au cœur d’un dossier qui, selon l'avocat général, "porte l’empreinte du banditisme local".
Il est soupçonné d’avoir cédé à une bande criminelle marseillaise la charge de recouvrer une commission de 1,5 million d’euros que lui devrait un directeur de boite de nuit d'Aix-en-Provence. Avec ce dernier, José Anigo s’était chargé des débuts de carrière du jeune footballeur Isaac Lihadji, dont le transfert cet été à Lille (Ligue 1) a été conclu au terme d’un contrat de cinq millions d’euros.
La sonorisation de l’appartement d’un membre de cette équipe criminelle spécialisée dans l’extorsion ainsi que des écoutes téléphoniques laissent penser aux policiers que la rétrocession de cette commission pourrait viser à financer "la logistique d'un projet de règlement de comptes" dans le but de venger la mort d’Adrien Anigo.
Des faits que José Anigo conteste, et des soupçons qui, selon son défenseur Me Emmanuel Molina, "ajoutent à la très grande douleur de ce qu’il vit, alors qu’il est victime de la mort de son fils, un drame terrible".
Selon Me Molina, ce dossier, dans lequel 17 personnes ont été mises en examen, "est d’une complexité infinie" et l’accusation "repose sur une sonorisation qui n’est pas corroborée, au-delà de la spéculation policière et judiciaire".
L’avocat a proposé une assignation à résidence en France, sous surveillance électronique, dans un domicile "situé en dehors des Bouches-du-Rhône", invitant même la cour à augmenter, "sans limitation", le montant du cautionnement initialement fixé à 10.000 euros.
La chambre de l’instruction rendra sa décision le 28 octobre.