Un plat du pied à l'entrée de la surface, une tête opportuniste de près, et un enchaînement contrôle frappe pour finir tout en sang-froid: à bientôt 27 ans, le natif de Zagreb a inscrit un triplé lors de la première journée contre l'Atalanta Bergame (4-0), une réussite aussi inattendue que le triomphe de son équipe face aux Italiens, premiers adversaires avant d'aller se mesurer mardi à Manchester City, grandissime favori de ce groupe C.
Lors de sa précédente apparition en phase de poules de la reine des compétitions européennes (2016-2017), le Dinamo n'avait pas inscrit le moindre but, pour quinze encaissés.
Cette nuit du 18 septembre "entrera dans la légende" et Orsic restera son "héros", "anonyme devenu star de la Ligue des Champions", résumaient les médias croates au lendemain de la victoire.
Parfois retenu en sélection croate dans les catégories de jeunes, Mislav Orsic n'a jamais confirmé au plus haut niveau après des débuts prometteurs à l'Inter Zapresic, modeste club de la grande banlieue zagréboise.
Errance anonyme
Après un passage anonyme au Spezia Calcio, en Italie, commence alors une longue errance, en Slovénie, en Corée du Sud ou en Chine, avant de revenir au pays au début de la saison 2018-19, sans que ce transfert n'émeuve grand monde.
Les Italiens de l'Atalanta auraient eu du mal à être alertés par la première sélection d'Orsic le 9 septembre: il a remplacé à la 86ème minute du match contre l'Azerbaïdjan, Ante Rebic, un pilier de la sélection, habituel titulaire du flanc gauche de l'attaque croate.
Technique, intelligent, c'est "un attaquant remarquable, déjà prometteur à ses débuts en première division (croate) il y a 10 ans. Depuis, il a fait une série de mauvais choix de clubs qui ont ralenti son développement", résume Robert Matteoni, journaliste de sport de renom.
"Je suis sans doute une surprise pour ceux qui ne me connaissaient pas, car je jouais en Asie. Mais je pense que j'ai encore une marge de progression", dit à l'AFP Orsic, transfiguré par le fait de jouer pour son équipe de cœur. "Il n'y a pas d'autre club qui pourrait me faire vivre ces émotions quand j'entre dans le stade, les vestiaires ou que je foule cette pelouse." Son émergence, Orsic l'explique par "un peu de talent et beaucoup, beaucoup de travail".
Son triplé "parle de lui-même. C'est un garçon très honnête qui se sacrifie pour l'équipe quand il est sur son aile, ce qui le prive peut-être de marquer plus", dit son entraîneur Nenad Bjelica, arrivé en même temps que son joueur dans une équipe à qui il a rendu rigueur et sens du collectif.
'Gamin de Zagreb'
"Mislav est un gamin de Zagreb, qui n'a pas connu une route facile et est arrivé à ce niveau par son seul mérite. Je suis convaincu qu'il progressera encore", ajoute Bjelica.
Si Manchester City semble intouchable, beaucoup en Croatie rêvent de chiper la deuxième place qualificative à l'Atalanta ou aux Ukrainiens du Shakhtar Donetsk. Ce qui, pour le grand club du pays, serait une première depuis l'instauration des phases de poules en Ligue des Champions.
"Nous avons déjà eu de grands résultats en Europe la saison dernière (éliminations en 8e de finale de Ligue Europa après prolongations sur le terrain du Benfica). Ceci n'est que la suite", dit Orsic. Lui-même avait inscrit 5 buts en 16 matches lors de cette campagne entamée en phases de qualifications.
"Les conditions sont réunies pour que nous devenions réguliers en Europe", assure Orsic qui croit même l'exploit possible en Angleterre "si nous jouons à 110% de nos moyens et prenons City par surprise".