Presque trois semaines après l'identification du corps d'Emiliano Sala, l'AAIB (le bureau d'enquêtes sur les accidents aériens) a apporté ce lundi de nombreux éclaircissements, concernant le drame dont a été victime le regretté argentin ainsi que le pilote qui l'accompagnait, David Ibbotson. Pour rappel, les deux hommes étaient à bord d'un avion qui s'est abimé en mer, au large de l'ile anglo-normande de Guernessey, le 21 janvier dernier.
Long de 16 pages, le rapport provisoire sur l’accident du Piper Malibu "contient des informations factuelles validées recueillies au début de notre enquête. Il explique également les autorisations d’aéronef et les exigences en matière de licence de pilote applicables aux aéronefs immatriculés aux États-Unis, effectuant un vol transfrontalier en Europe avec un passager à bord", précise le bureau d'enquêtes sur les accidents aériens.
L'appareil était en bon état selon le rapport provisoire
Grâce à des éléments de preuve provenant de radars, de bulletins météorologiques, de vidéos de l’avion au fond de la mer et d’interviews de témoins, ce rapport provisoire lève le voile sur certaines zones d'ombre, telles que l'état de l'avion, les circonstances précises de son crash mais aussi et surtout sur les compétences du pilote David Ibbotson, dont le coprs n'a pas encore été retrouvé, une cagnotte en ligne restant ouverte pour permettre de financer les recherches.
Selon le rapport, l’appareil est tombé brutalement en mer en l’espace d'une vingtaine de secondes après que le pilote a entamé un virage à 180°. Par ailleurs, les enquêteurs précisent que le pilote n’a pas effectué une trajectoire rectiligne, mais sinueuse. Toujours selon le bureau d'enquête - et alors que bon nombre de rumeurs circulent sur ce sujet précis - l'appareil était bien entretenu, le dernier entretien important ayant été fait récemment, le 30 novembre 2018.
Le pilote "possédait une licence de pilote privée"
En ce qui concerne les compétences du pilote, ce dernier "possédait une licence de pilote privée (PPL) délivrée par le Royaume Uni. On pense que la licence et le journal de bord du pilote ont été perdus avec l’aéronef et donc les notes sur ses licences et leur validité, et l’étendue de ses récents vols n’a pas encore été déterminée. Mais une PPL n’autorise pas un pilote à transporter des passagers contre récompense. Pour ce faire, cela nécessite une licence commerciale", précise le rapport, avant de se pencher plus en détails sur les interrogations soulevées par ces informations.
"Or, insiste le bureau d’enquête sur les crashes aériens, le pilote doit contribuer aux coûts directs réels du vol. Si le vol implique le pilote et un passager, le pilote doit alors payer la moitié des frais d’exploitation. Il faut aussi que le pilote ait un objectif véritable pour effectuer le vol. C’est lui qui doit dicter le moment du vol. Le vol ne doit pas être fait dans le seul but de transporter le passager".
Autant dire que le rapport définitif, censé être divulgué dans quelques mois (novembre au plus tard) selon 'L'Equipe', devra venir répondre avec précision à ces nouvelles interrogations. D'ici là, l'heure encore au recueillement, alors que le corps d'un défunt n'a toujours pas été retrouvé.