Il devait être le sauveur de la Ligue 1, il en est devenu celui qui a poussé le championnat de France dans une crise financière. Lors de l’attribution des droits TV français pour la période 2020-2024, Jaumes Roures et Mediapro avaient frappé un très grand coup avec un chèque de 814 millions d’euros qui a fait tourner la tête de tout le monde. Fini le diffuseur historique Canal+ et place à Téléfoot La Chaine.
Seulement, l’éclaircie dans le paysage du football français n’a duré que très peu de temps. Suite à la crise du Covid-19 et à l’arrêt du championnat de France 2019-2020, Mediapro a voulu renégocier les termes du contrat. Un refus catégorique de la LFP a entraîné une véritable guerre entre le diffuseur et la Ligue.
Sept mois après la fin officielle de Téléfoot La Chaine, Jaume Roures a été invité à s’expliquer devant l’Assemblée nationale. Fidèle à sa ligne de conduite, l’Espagnol estime que le groupe audiovisuel était dans son droit.
"On n'a pas jeté l'éponge. On n'a pas pu négocier. (...) On a voulu négocier à cause du Covid. La Premier League, la Liga, l'UEFA... Nous avons eu des accords avec tout le monde. Sauf en France", a-t-il expliqué face aux députés Régis Juanico (Génération.s) et Cédric Roussel (La République en Marche).
"200 millions d'euros de rabais, c'est sept millions par club de Ligue 1, trois millions en Ligue 2. Personne ne peut me dire que c'était impossible que les clubs coupent leur budget dans cette petite dimension. Peut-être que les joueurs auraient eu une Maserati à la place d'une Ferrari. On discute de ça, rien de plus."
"Tout le reste, c'est du bruit. En Espagne, les joueurs du Real Madrid, du Barça et de plusieurs clubs ont baissé les salaires pour sauver la situation. Ici, il paraît que ça n'a pas été possible, même si Lens ou Lille ont fait des choses comme ça".
S’il regrette que la LFP n’a pas cherché à discuter, ce qui a poussé à rendre les droits TV après un accord financier, Roures estime que Canal+ n’a rien fait pour arranger les choses.
La LFP et Canal dans le viseur
Après avoir repris les affiches de Mediapro pour la fin de saison dernière, la chaîne cryptée a finalement vu Amazon débarquer dans le paysage français et lui souffler la mise. Un camouflet à 250 millions d’euros que ne digère par Roures.
"On a fini par trouver un accord pour rendre les droits à la LFP. On est parti en février. Puis la Ligue a vendu un tiers de nos packs à Canal, puis a vendu le reste à Amazon pour 250 millions d'euros. Notre offre, même au rabais, était supérieure à celle d’Amazon".
"Quelle a été l'attitude de Canal+ avec la LFP après notre départ? Je ne vais pas dire du chantage, mais une pression insupportable avec des offres fantômes. C'est comme un enfant qui n'est pas très bien éduqué. On parle pourtant d'un empire, pas d'une petite entreprise."
Droit dans ses bottes, Jaumes Roures persiste et signe : le deal trouvé il y a trois ans est devenu obsolète avec la crise du coronavirus. Pas de spectateurs, pas de bars et donc pas d’argent. Encore plus quand les stars du championnat manquent à l’appel…
"Autre problème, on voulait décaler le début du championnat car le PSG et Lyon étaient qualifiés en demi finale du Final 8 de la Ligue des Champions en plein été. On ne s’est pas mis d’accord. La LFP nous a dit que le Conseil d’État ne pouvait pas repousser le début du championnat, ni repousser certains matches. Au début du championnat, la moitié des joueurs du PSG étaient en vacances à Ibiza... Ce n'est pas sérieux pour un business important où on joue des centaines et des centaines de millions d’euros."